Comment investir dans les matières premières et les marchandises sans perdre sa chemise? C'est simple comme bonjour. Il suffit d'acquérir un des billets de dépôt dont la performance est liée à un panier de «commodities» négociées sur les divers marchés spécialisés tels le London Metals Exchange, l'Intercontinental Exchange, le Chicago Board of Trade.

La Banque Royale offre justement ces temps-ci une nouvelle série de billets de dépôt: «Billets à capital protégé liés à des marchandises RBC, série 27», mieux connus sous le nom anglophone «RBC Principal Protected Commodity-Linked Notes». Le rendement potentiel de ce billet porte sur trois matières premières (cuivre, nickel, pétrole) et trois marchandises (coton, sucre, soya). Chacune des composantes du panier a le même poids et comptera ainsi pour un sixième du rendement global.

D'un terme de cinq ans se terminant en mai 2016, le rendement de ce billet de dépôt de la Banque Royale sera toutefois plafonné à 70%, un rendement annuel composé de 11,2%. Il s'agit d'un rendement potentiel fort intéressant. Pourquoi? Parce que non seulement il est élevé pour ce genre de produit financier, mais ce placement est aussi totalement sans risque.

En effet, le principal avantage d'un tel billet de dépôt, c'est la protection à 100% du capital investi! Ce qui est en soi un énorme atout pour les investisseurs néophytes qui veulent tenter leur chance sur le très volatil secteur des marchandises et matières premières. C'est donc dire que le spéculatif secteur pourrait s'effondrer... alors que votre capital serait entièrement protégé par la Banque Royale!

Là, vous vous demandez sans doute comment la Banque Royale peut faire de l'argent avec un tel placement, d'autant plus qu'elle versera en partant une commission de vente de 3% aux conseillers financiers participants. C'est ici que la magique créativité financière des produits structurés entre en jeu.

Lorsqu'elle émet de tels billets de dépôt totalement garantis par elle-même, la Banque Royale ne cherche finalement qu'à attirer vers ses coffres une partie des dizaines de milliards de dollars de liquidités qui sommeillent présentement dans les portefeuilles des investisseurs. Et avec ses experts, elle investira une parcelle des sommes recueillies dans les marchés à terme des marchandises et des matières premières composant le panier du billet de dépôt. Les experts utilisent des véhicules de placement sophistiqués, avec effet de levier. Ne soyez pas inquiet pour la Banque Royale, son risque est savamment calculé.

Cela dit, quelles sont les chances de l'investisseur de faire un coup d'argent avec le nouveau billet de dépôt de la Banque Royale? Pour que le prix du panier de référence du billet prenne sensiblement de la valeur, il va falloir que l'économie mondiale tourne rondement pendant plusieurs années.

Quand on regarde le graphique de la performance de chacune des composantes du panier de référence du billet, on constate une forte appréciation depuis 10 ans. Le cuivre, le sucre et le coton se négocient près de leurs sommets respectifs. Lui aussi en forte hausse depuis l'été dernier, le prix du soya continue de rattraper le terrain perdu lors de la crise de 2008. Le baril de pétrole se retrouve également sur une méchante lancée à la hausse. Finalement, seul le prix du nickel est assez loin du prix record de 2007.

Vous aurez compris qu'à l'exception du nickel, aucune des cinq autres marchandises du panier ne se négocie présentement à prix d'aubaine. Et par voie de conséquence, les chances d'obtenir l'alléchant rendement potentiel de 70% en 5 ans s'annoncent plutôt faibles.

Cela dit, si ce billet de la Banque vous intéresse, vous avez jusqu'au 29 avril prochain pour faire votre achat, par l'entremise de votre maison de courtage. L'achat minimum est de 5000$ (50 billets à 100$ pièce). Les billets de dépôt sont admissibles dans tous les régimes enregistrés, tels REER, FERR, CELI, REEE.

Les billets de dépôt font partie de la catégorie des produits structurés hybrides, comme les populaires CPG et placements garantis dits de gestion active.

Un douloureux rappel. Après en avoir vendu pour des milliards de dollars, des institutions bancaires, dont la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins au Québec, ont décidé de mettre fin à leur stratégie de placement en raison de la crise financière de 2008. Conséquemment, les détenteurs de ces produits de gestion active se sont retrouvés avec des placements qui ne rapportent pas une cenne sur des termes de cinq à sept ans. De nombreux placements de gestion active n'arriveront à échéance qu'en 2013, 2014 et 2015.

Espérons que ce genre de triste épisode ne se reproduise plus!