Comment les changements majeurs apportés à la Régie des rentes du Québec (RRQ) vont-ils nous pénaliser ou nous enrichir, selon que nous commençons à encaisser notre rente avant 65 ans ou après?

Dans le cadre de son nouveau budget, le gouvernement Charest a annoncé un train de nouvelles mesures dans le dessein de regarnir les coffres de la RRQ. Pour contrer l'éventuel problème de sous-financement de la RRQ, le taux de cotisation va grimper à partir de l'an prochain, à raison de 0,15 point de pourcentage par année, pendant 6 ans. Cela portera le taux actuel de 9,9% à 10,8% en 2017. Au terme des 6 années, la cotisation maximale à la RRQ aura augmenté de 402$ l'an, payable moitié-moitié par l'employeur et l'employé, ou en totalité par le travailleur autonome.

Toutefois, c'est le changement apporté au calcul des rentes qui interpelle le plus les lecteurs. Le gouvernement du Québec va modifier ledit calcul afin d'encourager (ou de forcer!) les gens à travailler plus longtemps. Pour ce faire, il pénalisera davantage les travailleurs qui vont prendre leur retraite et leur rente avant 65 ans. Comme on le sait, les Québécois ont droit à leur pleine rente de la RRQ à compter de 65 ans.

Actuellement, il est possible de prendre une préretraite et d'encaisser la rente de la RRQ à partir de 60 ans.

Dans une telle situation, la rente est réduite de 0,5% pour chaque mois précédant les 65 ans, ce qui entraîne une pénalité de 6% par année d'avance (soit 30% dans le cas d'un préretraité de 60 ans).

À compter de 2014, la pénalité passera à 7,2% par année précédant les 65 ans (36% sur 5 ans). Cet écart de 1,2 point de pourcentage aura pour effet de réduire de 692$ par année la rente actuelle (8064$) du pré-retraité de 60 ans admissible à la prestation maximale.

Si le travailleur prend volontairement sa préretraite et demande sa rente, sans en être forcé par quiconque, il est évidemment pleinement responsable des conséquences de sa décision.

Mais il y a bien des cas où le travailleur peut être forcé de prendre une préretraite et ainsi devoir encaisser sa rente de la RRQ afin d'arrondir les fins de mois. Pensons notamment à une fermeture d'entreprise, à une mise à pied, à la déclaration d'une maladie grave ou d'une invalidité, à la mise en place d'un programme de préretraite dans le cadre d'une réduction du personnel...

La question: est-ce que ces préretraités vont également subir une réduction de leur rente de la RRQ en dépit du fait qu'ils soient forcés de prendre leur retraite avant 65 ans?

La réponse, c'est: OUI! Il n'y a aucune exception prévue dans les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement Charest.

Même traitement aussi pour les travailleurs qui ont versé des cotisations supplémentaires dans leur caisse de retraite afin de prendre une préretraite et d'encaisser la prestation de la RRQ au plus tôt.

Qu'arrive-t-il maintenant si le préretraité de 60 ans ne veut pas toucher sa rente de la RRQ avant d'atteindre 65 ans? Il a effectivement le droit de reporter à plus tard l'encaissement de sa rente. Cette décision lui évitera de voir sa rente subir une importante réduction.

Par contre, il faut toujours garder en mémoire que la rente est établie en fonction de ses années de travail. Quand on ne cotise plus ou peu à la RRQ pendant la période de préretraite, cela peut avoir un effet négatif sur le calcul de notre prestation.

Dans le calcul de la rente, les moins bonnes années de cotisation qui sont exclues du calcul ne représentent que 15% de l'ensemble de nos années de cotisation.

D'autre part, rappelons que le gouvernement récompensera les travailleurs qui décideront de prendre leur retraite après 65 ans. Comment? En bonifiant la rente de la RRQ à partir de 2013. Celle-ci sera bonifiée à hauteur de 0,7% par mois de report de la retraite, soit 8,4% par année. Ce qui procurera une bonification de rente de 42% pour la personne de 70 ans. Actuellement, la rente de la RRQ se bonifie à hauteur de 0,5% par mois, soit 6% par année (30% à 70 ans).

Concrètement, le travailleur admissible à la rente maximale qui prendra sa retraite à 70 ans bénéficiera d'une bonification de 1382$ par année, portant sa prestation à 16 358$ par année.