Une semaine après l'annonce de la fusion de la Bourse de Toronto (TMX) avec la Bourse de Londres (LSEG), les administrateurs de Groupe TMX se sont gratifié le portefeuille.

Comment? En se votant l'attribution de droits de souscription pour acquérir des actions de Groupe TMX. La date d'attribution desdits droits est le 17 février, huit jours après l'annonce de la fusion des groupes propriétaires des deux Bourses.

La générosité du conseil d'administration de TMX s'étend également aux membres de la haute direction: ils se sont fait accorder des gros... lots de droits de souscription.

La grande gratification touche les 13 administrateurs du conseil d'administration de Groupe TMX et les 10 hauts dirigeants.

Quels sont les avantages de se faire accorder des droits de souscription? Premièrement, ils les obtiennent gratuitement. Deuxièmement, cela donne aux détenteurs la possibilité d'échanger lesdits droits contre l'action sous-jacente, et ce, au prix fixé le jour de l'attribution. Troisièmement, rien n'oblige les détenteurs de droits de souscription à acquérir les actions de l'entreprise.

Dans les faits, le détenteur d'un droit de souscription exercera son droit d'acquérir un bloc d'actions à la condition que l'action de la société se négocie à un prix plus élevé que le prix d'exercice. Dans le cas contraire, le détenteur du droit de souscription le laissera tout simplement végéter dans son portefeuille, sans conséquence financière.

Le prix d'exercice des droits de souscription attribués aux administrateurs et hauts dirigeants est de 41,74$. Les administrateurs ont obtenu chacun 1198 droits de souscription. Sauf le président du conseil, Wayne C. Fox, qui a reçu un lot de 3594 droits.

Les hauts dirigeants, eux, ont bénéficié de plus grandes largesses. Non seulement ont-ils reçu des blocs de droits de souscription plus généreux, mais en plus ils ont obtenu des blocs d'options sur actions, également au prix d'exercice de 41,74$. Voici, pour chacun d'entre eux, le nombre de droits de souscription obtenus au lendemain de la fusion des groupes TMX et LSEG, plus les blocs d'options de chacun:

- Thomas Kloet, chef de la direction: 61 598 droits; 91 142 options;

- Kevan Blair Cowan, président des marchés: 12 766 droits; 21 480 options;

- Mary Lou Hukezalie, vice-présidente ressources humaines: 6783 droits; 11 382 options;

- Peter Krenkel, président de NGX: 10 658 droits; 17 880 options;

- Alain Miquelon: président de la Bourse de Montréal: 11 038 droits; 18 571 options;

- Sharon Pel, première vice-présidente affaires juridiques: 11 627 droits; 19 511 options;

- Michael Plasznik, chef de la direction financière: 13 555 droits; 22 807 options;

- Eric Sinclair, président TMX Datalink: 13 176 droits; 22 122 options;

- Brenda Hoffman, première vice-présidente information: 13 178 droits.

Rappelons que cinq des hauts dirigeants s'étaient empressés de liquider des blocs d'actions à la suite de l'annonce de la fusion des Bourses de Toronto et Londres. Ils avaient obtenu ces actions après avoir exercé des options à prix d'aubaine.

Les boursicoteurs qui en ont plein le dos de voir des administrateurs et dirigeants d'entreprise se gratifier à qui mieux mieux le portefeuille seront peut-être heureux d'apprendre que le titre de Groupe TMX se négocie actuellement sous ledit prix d'exercice depuis l'attribution du cadeau.

Alors que le prix d'exercice des droits et des options récemment accordés est de 41,74$, l'action de TMX, elle, a de la misère à se maintenir juste au-dessus de la barre des 40,00$.

Si la fusion des deux Bourses reçoit l'aval des autorités canadiennes, Londres va se trouver à prendre le contrôle de la Bourse de Toronto.

Les chefs de la direction des deux Bourses, Tom Kloet de Toronto et Xavier Rolet de la Bourse de Londres, ont comparu la semaine dernière devant le comité spécial de la législature provinciale de l'Ontario qui est chargé d'examiner le projet de fusion des deux groupes boursiers.

Ils ont évidemment vanté les mérites de la fusion. Selon eux, cette fusion «ouvrira de nouvelles perspectives au secteur des services financiers au Canada», tout en faisant de Toronto un centre financier mondial.

Le chef de la direction de Groupe TMX, Tom Kloet, a souligné que la fusion n'allait aucunement diminuer le pouvoir de réglementation des autorités canadiennes. Point important, a-t-il plaidé: «Nous sommes d'avis que la fusion procure des occasions exceptionnelles aux sociétés ouvertes canadiennes de toutes les tailles ainsi qu'aux conseillers et aux intervenants du milieu des affaires qui les appuient... C'est une entente pleine de bon sens.»

Pour sa part, le chef de la direction du London Stock Exchange Group, Xavier Rolet, a tenu à ajouter qu'ils avaient «la responsabilité claire d'élaborer un marché de qualité et de contribuer à la santé financière du Canada, à la réputation de l'Ontario et au succès de Toronto» à titre de centre financier mondial. «Il est dans notre intérêt collectif que toutes les parties concernées bénéficient de cette fusion et que nous en tirions tous des avantages», a-t-il expliqué.

Malgré ces bonnes paroles rassurantes de la part des deux dirigeants des Bourses de Toronto et Londres, le titre de Groupe TMX a continué de perdre des plumes au cours de la semaine.

Le titre a perdu 11% depuis l'annonce de la fusion!