Par quel miracle BMO Banque de Montréal réussira-t-elle à verser annuellement une sorte de rente à vie égale à 6% du capital initialement investi? Et une rente garantie, par surcroît...

Je vous avoue qu'il m'a fallu passer pas mal de temps pour essayer de comprendre ce nouveau produit vedette de la banque: «Paiements garantis de 6% par an, versés tous les mois à vie...»

Cette «solution exclusive BMO Paiements à vie» a, sur papier, d'intéressantes caractéristiques. La banque décrit ladite solution comme étant: une source d'argent mensuelle stable et garantie pour le reste de votre vie; un report d'impôt pendant 25 ans; la croissance potentielle des placements.

«Maximisez vos économies et vos placements avec la Formule futée BMO pour investir», nous lance la banque dans sa publicité. À vrai dire, la Banque de Montréal a raison de parler de «Formule futée» pour décrire ce nouveau véhicule financier.

Car c'est vraiment le cas. Et la meilleure façon à mes yeux de décrire et surtout d'essayer de comprendre le produit, c'est d'y aller avec un exemple. Supposons que j'investis 100 000$ dans le «BMO Paiements à vie». Voici ce qui va se passer. On parle ici d'un placement hors REER ou FERR.

1- Le capital de 100 000$ sera tout d'abord investi et réparti dans cinq fonds communs BMO: fonds de dividendes, fonds d'actions américaines, fonds catégorie valeur internationale, fonds d'obligations, fonds de bons du Trésor.

2- Fortement concentré en actions au départ (80%), le portefeuille sera rééquilibré au fil des années, et ce, en fonction d'un degré de risque qui diminuera avec le temps.

3- Durant les 10 premières années, le capital investi est totalement gelé. C'est la période dite d'accumulation de capital.

4- À partir de la 11e année, on entre dans la phase de remboursement de capital. Et celle-ci se poursuivra sur 15 ans, à raison d'un versement annuel égal à 6% du capital investi à l'origine, soit 6000$ par rapport à l'exemple d'un capital de 100 000$.

5- Ainsi, de la 11e à la 25e année de notre placement, BMO s'engage à nous rembourser finalement 90% de notre capital, soit 90 000$ sur le capital initial de 100 000$.

6- Si ces versements annuels de 6% (6000$ selon l'exemple) ne sont pas assujettis à l'impôt, vous aurez sans doute deviné que c'est bien la moindre des choses puisqu'il s'agit tout simplement d'un remboursement de capital.

7- Jusqu'à la fin de la 25e année du placement, vous aurez compris que vous n'avez pas encore encaissé un cent de revenu de placement...

8- En fait, toute la rentabilité du placement se jouera à partir de la 26e année. Vous aurez à ce moment-là le choix de continuer à encaisser le versement annuel de 6% du capital initial, et ce, tant que vous vivrez... Ou, quand bon vous semble, vous pourrez mettre fin au placement et demander le versement du solde, lequel comprend le capital non remboursé, plus les revenus de placement accumulés.

9- Les versements encaissés à partir de la 26e année deviendront imposables.

Qu'y a-t-il de si «futé» dans la formule de ce placement?

Tout d'abord, le placement n'est accessible qu'aux gens de 55 à 70 ans. Ce qui laisse présager un risque fort bien calculé, non pas pour l'investisseur, mais pour la Banque de Montréal. Je m'explique. La banque n'a pas à verser un cent de sa poche pendant 25 ans. Ce n'est donc qu'à partir de la 81e année d'une personne de 55 ans ou de la 96e année d'une personne de 70 ans que la banque commencera à puiser dans ses goussets pour remplir son engagement (sa garantie) si jamais le capital initial n'a rien rapporté pendant 25 ans!

Par ailleurs, il faut mentionner que BMO Banque de Montréal se montre particulièrement gourmande en facturant d'onéreux frais annuels de 2,75% (un maximum, dit-on, ouf!).

Revenons à mon exemple de 100 000$ de capital investi. Juste avec ce capital, en tenant pour acquis qu'il reste stable une fois les frais déduits, la banque va ainsi encaisser durant le terme de 25 ans la mirobolante somme de 48 950$ en frais annuels.

Imaginez maintenant à quel point le portefeuille du «BMO Paiements à vie» deviendra ultrapayant en matière de frais annuels pour la banque si le portefeuille rapporte un rendement relativement potable. Cela est d'autant plus vrai que BMO s'engage à ne verser comme rendement aux clients qu'une partie du rendement obtenu par le portefeuille, soit 75% du rendement au lieu de 100%.

Mise à part la garantie à vie du capital, en quoi ce véhicule de placement s'avère-t-il futé pour l'investisseur? Si un financier a la réponse, je suis preneur.