Que faire pour éviter de se retrouver avec un portefeuille nettement plus risqué que notre véritable tolérance au risque? Monsieur J, planificateur financier à l'emploi d'une institution financière, nous suggère de remplir le «Questionnaire de détermination du profil d'investisseur» que l'Institut québécois de planification financière (IQPF) propose à ses membres.

Pourquoi? «Il est de notoriété publique, dit-il, que les institutions financières et les vendeurs de fonds utilisent systématiquement des questionnaires de détermination du profil d'investisseur qui favorisent la vente de fonds communs de placement contenant des actions. Ces fonds étant généralement plus rentables pour l'émetteur et le distributeur.»

Monsieur J faisait ainsi allusion à l'histoire de Madame V, qui a fait l'objet de ma chronique de samedi dernier «La tolérance aux risques: une farce?» À partir d'un profil soi-disant à risques modérés, le conseiller financier a investi 70% du capital de la dame retraitée dans des fonds d'actions, et les 30% restants dans des fonds équilibrés. Madame V s'est ainsi retrouvée avec un portefeuille à risques élevés, lequel a fondu de 50 000$ au cours de la crise boursière de 2008.

Madame V a essayé de se faire dédommager en portant plainte devant l'Autorité des marchés financiers (AMF) et la Chambre de la sécurité financière (CSF), arguant que le conseiller lui avait bâti un portefeuille nettement plus risqué que son véritable degré de tolérance au risque. À l'ouverture de son compte, elle avait indiqué au conseiller qu'elle ne connaissait rien à la Bourse et qu'elle ne voulait pas courir de risques.

Après avoir analysé la plainte de Madame V, la CSF (l'organisme de surveillance des conseillers) a blanchi le conseiller, et l'AMF a fermé le dossier. Cela laisse voir qu'avec un profil de tolérance «moyenne ou modérée» aux risques, les conseillers financiers peuvent en toute impunité investir une grande portion de votre capital dans des placements à risques élevés, comme les fonds d'actions. Et si ça tourne mal comme dans le cas de Madame V, ne comptez pas sur l'AMF pour vous aider dans vos démarches d'indemnisation.

Mieux vaut à ce moment-là prendre les devants et s'assurer soi-même que notre conseiller financier respectera notre véritable degré de tolérance aux risques.

Si tous les conseillers financiers utilisaient le questionnaire suggéré par l'IQPF, explique Monsieur J, la majorité des clients auraient un profil beaucoup plus sécuritaire. Voilà pourquoi il souhaite que les clients aient eux-mêmes accès au pertinent questionnaire de l'IQPF avant de voir leur conseiller/vendeur de fonds...

Qu'à cela ne tienne, voici le chemin à suivre pour accéder à ce fameux questionnaire mis au point par le regroupement professionnel des planificateurs financiers:

1- Pour accéder à la page d'accueil de l'organisme, tapez: www.iqpf.org

2- Déplacez le curseur dans la colonne de gauche, et cliquez sur «Services au public»

3- Descendez le curseur dans la colonne de gauche jusqu'à la fin et cliquez sur «Outils»

4- Déplacez le curseur pour aller cliquer sur «Questionnaire de cueillette de données»

5- Vous trouverez le «Questionnaire de détermination du profil d'investisseur» à l'annexe G, lequel s'échelonne de la page 35 à 37.

Vous aurez deviné qu'à la suite de vos réponses, vous obtiendrez un certain nombre de points. Et c'est à partir de ce pointage que votre degré de tolérance au risque sera déterminé.

Le système de pointage utilisé par l'IQPF a pour source: J.E. Grable et R. H. Lyton, Financial Risk Tolerance Revisited: The Development of a Risk Assessment Instrument.

À la lumière de l'IQPF, Madame V avait ainsi un portefeuille à risques élevés, et non à risques modérés. J'inviterais les enquêteurs de l'Autorité des marchés financiers et de sa Chambre de la sécurité financière à se fier au questionnaire de l'IQPF. Les investisseurs en seront ainsi mieux protégés.

Voici la répartition d'actifs entre «revenu fixe» et «titres de croissance», que suggère l'IQPF en fonction des divers degrés de tolérance au risque. Par «revenu fixe», on entend généralement placements «conservateurs» pour le volet sans risques et obligations négociables de qualité pour le volet risque faible à moyen. Par «titres de croissance», on fait évidemment allusion à la Bourse, là où la fourchette du risque joue de «élevé» à «spéculatif».

TOLÉRANCE RISQUE / REVENU FIXE / TITRES DE CROISSANCE

Très faible / 100% / 0%

Faible / 70% à 80% / 20% à 30%

En dessous moyenne / 60% / 40%

Moyenne ou modérée / 50% / 50%

Au-dessus moyenne / 40% / 60%

Élevée / 30% / 70%

Source: IQPF