Quand un secteur boursier est en bulle, les maisons de courtage multiplient les appels publics à l'épargne dans le dessein de faire le plus d'argent possible sur le dos de leurs clients. Et ces derniers jouent le jeu. Se laissant séduire par l'appât du gain rapide, ils ne se sentent absolument pas exploités ni mal conseillés par leurs courtiers. Il en sera ainsi tant que perdurera la bulle.

L'actuelle bulle aurifère qui a propulsé le prix de l'or de 271$ à un sommet de 1434$ l'once ne fait pas exception à la règle. Seulement au chapitre des nouvelles actions accréditives émises par les mines juniors, les maisons de courtage nous en offrent présentement pour quelque 600 millions de dollars. Et dire qu'on en est seulement à notre premier mois de l'année.

Quand on parle d'actions accréditives émises par les mines juniors d'exploration, on s'entend qu'il s'agit ici de haute spéculation. Les investisseurs qui achètent des accréditives ont beau bénéficier d'alléchantes déductions fiscales (de 100 à 150%), il n'en demeure pas moins qu'ils restent au bâton pour plus de la moitié de leurs investissements.

Grosses déductions, certes, mais gros risques également, car peu de sociétés d'exploration minière toucheront le jackpot au cours de leur vie active.

Une chose est claire cependant. Si les maisons de courtage offrent tant d'actions accréditives ces temps-ci, c'est parce qu'elles perçoivent chez leurs clients les plus fortunés un retour à la spéculation. Plus les investisseurs engrangent des gains sur papier, plus ils se sentent en confiance et moins ils ont peur des placements à risque élevé comme les accréditives.

Les accréditives gagnent généralement du terrain lorsque les investisseurs encaissent en Bourse de généreux gains en capital. Pour alléger leurs factures d'impôt, tout en se donnant la possibilité de réaliser un bon coup, une partie des investisseurs ont ainsi recours aux accréditives.

Il y a deux grandes sources d'accréditives: l'émission individuelle faite par une mine junior en particulier et l'émission collective d'accréditives (dans une sélection de plusieurs mines juniors) réalisée par l'entremise d'une société en commandite ou d'un fonds spécialisé. L'émission individuelle est forcément plus risquée que l'émission collective avec sa diversification dans un panier de plusieurs mines.

L'offre actuelle des 600 millions de dollars d'actions accréditives provient exclusivement de sociétés en commandite et de fonds. Les émissions individuelles arrivent habituellement plus tard dans l'année.

La plupart des maisons de courtage participent à titre de placeurs pour compte dans les émissions d'accréditives présentement en vente. Voici le nom des émissions, avec la souscription minimale:

> Société en commandite Front Street 2011: 5000$ (200 parts à 25$);

> Sprott 2011 Flow-Through Partnership: 5000$ (200 parts à 25$);

> Sentry société en commandite accréditive diversifiée NCE: 5000$ (200 parts à 25$);

> Middlefield Resouce Funds: 2500$ (100 parts à 25$);

> Société en commandite de ressources CMP 2011: 5000$ (5 parts à 1000$).

Dans son prospectus, Sprott résume bien l'argument de vente de l'heure que les conseillers devraient utiliser pour convaincre leurs clients d'investir dans l'achat d'actions accréditives aurifères.

Pourquoi les paramètres de l'or se sont-ils améliorés? «La faiblesse des paramètres économiques fondamentaux, les déficits chroniques et la détente conjoncturelle quantitative ont suscité la remise en question du rôle du dollar américain comme monnaie de réserve. Par conséquent, les banques centrales et les investisseurs lui ont cherché un substitut, l'or offrant une solution de rechange intéressante aux devises à cours forcé. Les banques centrales sont devenues récemment acheteurs nets de lingots d'or, changement très marquant par rapport aux tendances récentes.»

Si les émissions d'accréditives des émissions mentionnées ci-dessus vous intéressent, sachez que vous allez commencer à faire réellement de l'argent lorsque votre placement vaudra au moins 650$ par tranche d'investissement de 1000$. En dessous de ce seuil, vous vous retrouverez dans le camp des perdants, même si vous avez bénéficié des généreuses déductions fiscales.

Est-ce que les sociétés en commandite et les fonds spécialisés ont une bonne moyenne au bâton? Oui! De sept à huit fois sur 10 émissions d'accréditives, les investisseurs ont fait de l'argent. Mais pas de fortune! Les placements miracles dans les accréditives proviennent des émissions individuelles. Des exemples: Osisko (de 10 cents à plus de 13,00$), Virginia (de 30 cents à plus de 20,00$), Quest Rare Minerals (de 10 cents à 6,00$).

Est-ce que les actionnaires qui ont acheté à l'origine ces trois accréditives ont conservé une partie de leurs actions? J'ai le feeling que peu d'entre eux ont eu cette patience. C'est ça, l'équité... boursière!