En réaction à ma chronique de samedi dernier sur le projet Castonguay de REER obligatoire, Joël Le Bigot me demande pourquoi les gouvernements ne permettent-ils aux travailleurs à revenu élevé de contribuer au REER de leurs enfants... majeurs?

La mécanique du REER à l'enfant serait la même que le REER au conjoint. Un particulier peut actuellement verser ses cotisations annuelles dans le REER de son conjoint. Ce qui lui permet de déduire les cotisations, tout en enrichissant le REER du conjoint.

Par l'entremise d'un REER à un enfant majeur, le père ou la mère déposerait ses cotisations dans le REER de l'enfant, qui verrait ainsi son REER se gonfler, tout en permettant au parent de déduire lesdites cotisations.

Il s'agirait bien entendu d'une sorte de fractionnement de revenu... avec pour ultime avantage d'aider ses proches à se bâtir un REER plus adéquat en vue de la retraite.

Cette proposition mériterait sûrement de faire partie du débat que souhaite voir Claude Castonguay sur la problématique soulevée la semaine dernière par son rapport «Le point sur les pensions».

Que devraient faire les gouvernements pour stimuler davantage l'épargne-retraite chez les travailleurs non couverts par les régimes de pension d'employeur?

Comme solution, M. Castonguay propose la mise en place d'un REER obligatoire. Celui-ci aurait pour objectif d'inciter les travailleurs non protégés par un régime de pension d'employeur à investir 5% de leurs revenus dans un REER obligatoire. Il vise surtout les travailleurs gagnant de 30 000$ à 70 000$ par année.

Le projet a été démoli sur la place publique par les politiciens de tous les partis. Beau joueur, l'ancien ministre libéral et père de l'assurance-maladie les invite néanmoins à présenter eux-mêmes des solutions en vue de régler le crucial problème d'appauvrissement auquel feront face à la retraite une grande partie des travailleurs québécois.

À la suite de ma chronique de samedi sur le REER Castonguay et ma proposition de REER équitable, bien des lecteurs ont pris le clavier pour me faire part de leurs commentaires.

Une réaction de lecteur qui résume bien de quelle façon le projet Castonguay a été perçu sur la place publique. Serge C. dit qu'il n'a pas envie de voir le gouvernement prélever et gérer l'argent de sa retraite.

Qu'il se rassure, puisque le projet Castonguay prévoit que l'argent du REER obligatoire serait géré non pas par le gouvernement, mais plutôt par un organisme complètement indépendant.

Pour sa part, Mario T. suggère que le REER obligatoire de Castonguay devienne dans les faits un REER gouvernemental à rendement garanti et élevé (5% ou ") dont les fonds ne serviraient qu'à financer l'État. Convenons qu'il est sûrement plus rentable pour l'État d'utiliser les épargnes REER de ses contribuables que de les voir partir dans les fonds étrangers!

Pour sa part, F.F. s'oppose à ma proposition de REER équitable qui consiste à offrir aux travailleurs à revenu faible et moyen les mêmes déductions fiscales (48,2%) que celles offertes aux gens à revenus élevés. Et ce, par l'entremise d'un crédit d'impôt remboursable.

«Si les travailleurs qui font 130 000$ reçoivent des déductions de 48,2% en contribuant à un REER, c'est parce qu'ils paient 48,2% (le taux marginal) d'impôt. Accorder aux faibles salariés des déductions supérieures à ce qu'il devrait normalement payer en impôt est certainement une incitation à investir dans son REER. Mais cela constitue encore un autre cadeau payé par l'ensemble des contribuables. Ce manque à gagner des gouvernements sera compensé par qui?»

Selon moi, le modeste salarié qui récupérerait 48% (par l'entremise de crédits d'impôt remboursables) de son placement REER, réinvestirait à coup sûr cette somme d'argent dans l'économie. Et autre avantage: rendu à la retraite, il serait évidemment un peu plus indépendant de l'État qu'actuellement.

En passant, il m'apparaît tout aussi «rentable» pour les gouvernements de donner un crédit d'impôt remboursable de REER équitable que de donner des milliards de dollars de crédits d'impôt aux entreprises dans le but de faire tourner l'économie!

Autre suggestion. Claude A. propose de ramener le taux de déductions REER de 48% accordé aux contribuables à revenu élevé à un niveau inférieur... de sorte à offrir à tous les cotisants au REER un crédit d'impôt uniformisé. Celui-ci serait basé sur le taux moyen de déductions accordé l'ensemble des cotisants REER.

«Je suis de ceux qui bénéficient de cette déduction de 48,2% et je peux vous assurer que je suis prêt à cotiser à mon REER (en plus de mon régime privé) même à un taux moindre.»

Beau compromis!