Les six grandes banques canadiennes vont tellement bien aux yeux des investisseurs qu'elles atteignent collectivement aujourd'hui une capitalisation boursière supérieure à celle de l'ancien sommet record qui a précédé la fabuleuse crise financière de 2008-2009.

La capitalisation boursière de notre sélect groupe bancaire s'élève présentement à 272 milliards de dollars, 32 milliards de plus que le record d'avant la crise de 2008-2009. Au creux de la dernière crise financière, au premier trimestre de 2009, les banques canadiennes ont vu leur valeur boursière collective chuter jusqu'à un plancher de 119 milliards.

Par rapport à ce creux bancaire, on parle donc aujourd'hui d'une remontée de 128% en moins de 24 mois.

La grande question: est-ce que les titres des banques canadiennes ont encore un bon potentiel de plus-value?

J'ai l'impression que la marge est très limitée. Pourquoi? Parce que les six grandes banques ont enregistré en 2010 des profits records de 20 milliards de dollars.

Pour faire ainsi de l'argent comme de l'eau, les six grandes banques canadiennes doivent vraisemblablement facturer assez cher les services aux clients et se montrer probablement plutôt radines envers les dépôts des épargnants.

Je ne vois pas d'autres solutions pour justifier cette explosion des profits bancaires à la suite de la grave crise financière survenue en 2008 et 2009. Alors que les gouvernements de par le monde allongeaient des milliers de milliards de dollars pour aider le milieu bancaire à sortir de la crise, tout en stimulant l'économie mondiale, nos banques canadiennes, elles, réussissaient à s'en tirer avec une surprenante vitalité. Et ce, malgré une montagne de gaffes financières liées, dans plusieurs cas, à de mauvais placements dans le papier commercial et des prêts à haut risque.

Ces profits records de 2010 laissent présager que la marge de profitabilité des institutions bancaires canadiennes a peut-être atteint à court et à moyen terme un certain plafonnement. Pour se rentabiliser davantage, les banques doivent maintenant compter sur une solide et forte reprise économique, non seulement canadienne, mais également américaine. Je ne crois pas que l'année 2011 sera très prometteuse à ce chapitre.

Voilà pourquoi les titres bancaires canadiens disposent, selon les prix cibles des analystes, d'un potentiel de plus-value sans commune mesure avec les deux dernières années. Ça joue de quelques grenailles (de 3 à 5%) pour la CIBC et la Banque Nationale à une hausse moyenne (de 8 à 11%) pour la Toronto-Dominion, la Royale et la Banque Scotia. Seule la Banque de Montréal s'en tire avec des attentes relativement élevées, une hausse supérieure à 15%.

Pour ma part, je miserais sur le titre de la Banque Royale. Simple question de feeling. La plus grande banque canadienne connaît en 2010 une année boursière plutôt moche. À 51,82$, l'action se négocie actuellement en recul de 18% par rapport à son haut des 12 derniers mois. À un degré moindre, il y a aussi le titre de la Banque de Montréal qui accuse un important recul (13%) par rapport à son haut des 52 dernières semaines.

Alors que la reprise économique américaine se fait lente et laborieuse, les grandes banques américaines, elles, ont réussi à rattraper collectivement la capitalisation boursière d'avant la crise de 2008.

Les 19 grandes banques américaines cumulent actuellement une capitalisation boursière de 851 milliards de dollars. C'est à peine 6 milliards sous le seuil atteint dans les mois qui ont précédé la crise mondiale des subprimes américains à la suite de l'effondrement du secteur immobilier des États-Unis.

En haut de la liste des grandes institutions bancaires américaines, on trouve dans l'ordre décroissant Wells Fargo (162 milliards), JP Morgan Chase (160 milliards), Citigroup (138 milliards) et Bank of America (131 milliards). Toutes les autres banques américaines disposent d'une capitalisation boursière nettement modeste à comparer à ces quatre grands du secteur bancaire américain.

Pour vous montrer à quel point les banques canadiennes et américaines ont connu une «surperformance», sachez que la capitalisation boursière mondiale accuse encore 18% de recul par rapport au record de mai 2007.

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La croissance des banques

Pour chacune des institutions bancaires, voici la hausse enregistrée entre le creux de la crise et le cours de mardi dernier.

> Banque de Montréal (BMO): 24,05$ à 57,78$ (+140%)

> Banque Scotia (BNS): 23,99$ à 56,19$ (+134%)

> Banque CIBC (CM): 36,52$ à 79,15$ (+116%)

> Banque Nationale (NA): 24,25$ à 69,30$ (+185%)

> Banque Royale (RY): 25,52$ à 51,82$ (+103%)

> Banque TD (TD): 32,37$ à 73,16$ (+126%)