Apparemment, trois Québécois sur quatre appuieraient l'exploitation des éoliennes au Québec. En fait, est-ce bien l'éolien que les Québécois appuient si massivement ou ne serait-ce pas plutôt les énergies propres et le développement durable?

Bien sûr, l'énergie électrique produite par les éoliennes est propre et n'engendre pas de GES. Par contre, la sympathie pour cette technologie, engendrée par une cabale environnementaliste bien orchestrée, mais trompeuse, et appuyée par une industrie qui ne demande pas mieux que de nous inonder d'éoliennes à coups de milliards, nous amène malheureusement à répondre trop rapidement «Oui pour le Québec», sans nous poser la question préalable: l'éolien est-il réellement justifié, pour nous, au Québec?

En fait, une analyse simple, mais pas simpliste, permet de conclure que le programme des éoliennes au Québec n'a, d'abord et avant tout, aucun impact sur la production de GES. Il n'y a pas de surprise, nous sommes à 97% des hydro-Québécois et notre énergie hydro-électrique est propre. Si nous n'en sommes pas convaincus, qui le sera? Alors pourquoi remplacer notre électricité propre par une autre, aussi propre soit-elle?

Pourtant, quelques rares régions pourraient bénéficier de cette technologie et il en résulterait des gains environnementaux. Alors, combien d'éoliennes ont été installées aux Îles-de-la-Madeleine ou en territoires autochtones éloignés? Aucune!

On conclut trop facilement que ce qui est bon ailleurs au Canada, en particulier, est bon pour le Québec!

La comparaison avec l'Ontario, entre autres, ne tient pas. Chaque kWh produit par des éoliennes dans cette province réduit d'autant la production de leurs centrales électriques au charbon. Moins de pollution et gains nets en GES. Excellente décision du point de vue environnemental!

Contrairement donc à ce que l'on véhicule, à grand renfort de publicité, la justification n'est pas environnementale.

Si on pousse l'analyse plus loin, l'éolien ne peut pratiquement pas contribuer à l'exportation d'électricité, à moins qu'il n'y ait déjà des surplus en hydro-électricité notamment.

La contribution à l'hydraulicité, soit protéger les réserves en eau d'Hydro-Québec, ne peut être, au mieux, que marginale, mais encore là, Hydro-Québec n'a pas de problème d'hydraulicité. On peut même avancer que la conception des barrages et des réservoirs tient compte des variations historiques d'hydraulicité. Alors, pourquoi inventer une solution à coups de milliards à un problème qui n'existe pas?

Quant aux coûts de production, il faudrait inclure dans les comparaisons les nombreux coûts cachés d'Hydro-Québec qui ne sont pas imputés à l'éolien? Par exemple, le manque à gagner d'Hydro-Québec pour la non-utilisation de ses actifs, qui sont mis à l'arrêt pour favoriser les éoliennes, doit être aussi porté au débit des éoliennes. Pomme pour pomme, il est fort à parier que l'hydro-électrique en ressortira encore moins coûteux.

Il ne reste que le côté création d'emplois en région. Même là, l'industrie exagère la création d'emplois en région. Installer des éoliennes en Montérégie ne génère pas beaucoup d'emplois en Gaspésie. De l'avis même des dirigeants de cette industrie, il faudra d'autres et d'autres projets après 2015 - l'industrie annonce 25 milliards $ jusqu'en 2025 -, si l'on veut maintenir le niveau d'emplois, sinon ces emplois partiront aussi vite que venus. Il ne restera en région que peu d'emplois pour l'opération et l'entretien.

Tout au plus, il faut conclure que l'éolien au Québec est une industrie subventionnée, et qui sera de plus en plus «dollars-vore», c'est très clair.

Qu'Hydro-Québec soit un moteur économique, ce n'est pas nouveau. Et la création d'emplois en région est une retombée intéressante et acceptable. Mais encore faut-il contrôler le régime du moteur, ce qui n'est pas le cas.

Les ténors environnementalistes ont eu de nombreuses occasions de nous dire la toute vérité, on attend encore. Pour l'industrie qui aura empoché 8 milliards $ en 2015, un autre 25 milliards $ serait la cerise sur le sundae, elle ne perd rien à demander.

Par contre, autant Hydro-Québec que le gouvernement actuel doivent donner l'heure juste aux Québécois et fournir des analyses basées, bien sûr sur un développement durable, mais aussi sur des coûts et bénéfices réels et avantageux, indépendants de tout lobby environnementaliste ou industriel.

Entre-temps, on peut toujours se péter les bretelles d'être dans l'éolien, mais pas pour des raisons environnementales. Et surtout, il faut être conscients que cette paire de bretelles nous coûte tout un bras, que nous payons bien sûr sur notre compte d'électricité.