Dimanche matin, 5h45, je me lève. J'entends le vent siffler. Oh! oh! Dame Nature tient à affirmer une certaine résistance en cette journée de marathon.

Je mets le nez dehors: beau et frisquet. Ouf!

Je passe aux choses essentielles. Le café, deux bananes, un verre de jus d'orange, la douche... le bol de lait chaud pour Didi, la préparation du sac à dos, la tante Margot, etc.

Non loin de chez moi, dans un condo, ma fille Katia et Alain «somment» Maïna et Coco Antoine de se préparer. Youp, youp!

Pendant ce temps-là, fiston Yan et sa blonde Hélène roulent de Mont-Tremblant.

Le lieu du rendez-vous du clan: le marathon de Montréal.

À 7h30, je débarque à Radio-Canada, pour une entrevue avec Joël Le Bigot. Pourquoi courir le marathon? me demande-t-il. Eh oui, pourquoi, en ce dimanche matin venteux et frisquet, allais-je m'élancer dans mon huitième... marathon. J'en avais couru cinq quand j'étais jeune journaliste et relativement vite sur le pavé. Mes deux derniers ont été faits... à l'âge d'assumer mes responsabilités de jeune grand-père.

Chez nous, le dimanche du marathon du bonhomme est le jour d'un actif rassemblement familial. Du côté des coureurs, on trouve également ma fille Katia au 5 km, sa fille Maïna, du haut de ses 5 ans et 5 mois moins 2 jours, se tape le p'tit marathon de 1 km, ainsi que son demi-frère, Coco (10 ans).

Passons à la course.

Le p'tit marathon, 8h30. Papa Alain est à la ligne de départ avec ses deux moineaux Cardinal (nom de famille oblige); tante Margot en milieu de parcours et grand-maman Didi, à l'arrivée pour les immortaliser en photo. Résultats: Coco en 4:28 minutes et Maïna en 5:37 minutes.

À 8h40, alors que Katia s'élance à toute vitesse dans son 5 km qu'elle courra en 23 minutes, je me glisse parmi les nobody qui se regroupent derrière le lapin du 4 heures, le lapin étant un coureur chargé de donner le juste rythme du temps visé.

Je te rejoins au 10e km, me lance fiston. À chaque marathon, Yan se donne le mandat de pousser dans le dos de son père, de le booster à tous les 10 km, et de lui faire accroire que ça achève et que ça va bien! À vrai dire, il court après son père durant la moitié du marathon, question que je le finisse au plus sacrant!

C'est donc parti... Les marathoniens sont d'humeur joyeuse. Ça jase autour de moi. Cinq minutes plus tard, le silence enveloppe les coureurs. On n'entend que le bruit des foulées. Je regarde de côté: mon voisin court pieds nus... Ça prend de la bonne semelle de pied!

On bouffe l'île Sainte-Hélène, on respecte la vitesse (maximum 30 km/h) sur le circuit Gilles-Villeneuve, on monte sur le venteux pont de la Concorde, suivent ensuite Habitat 67, le Vieux-Montréal... et le coin Amherst/René-Lévesque.

Premier décompte: déjà 19 km. C'est là que mon clan m'attend et me lance: «Lâche pas Mimi, ça va bien, t'es capable!» Yan et Hélène me ravitaillent, ils font un bon bout de course avec moi. Et Katia, elle qui venait de courir le 5 km, décide de me suivre durant les 5 prochains kilomètres... pour me protéger du vent!

Je recroise mon clan au 25e km.

C'est à partir de ce moment-là, rendu à la côte Berri, que le marathon commence à nous rappeler... comme il était important de bien s'entraîner et de bien se nourrir durant les précédents mois. Les éclopés de la crampe s'additionnent au fil des prochains kilomètres.

J'aperçois Yan, déjà le 30e km. «Ton temps est très bon. Comment te sens-tu?» Bien, lui dis-je. Je m'encourage. Je me dis: il ne reste que 12 km. Facile, facile. Cela ne représente qu'une «petite» course du matin.

Flash-back. Il y a deux semaines, j'étais en vacances à Naples, sur la côte ouest de la Floride. Chaque matin, je courais sous une chaleur torride de 38°C ou plus (au-dessus de 100°F). En moins d'une heure, j'étais trempé, jusqu'aux chaussures complètement mouillées. C'était vraiment dur. Je me disais: lâche pas, c'est ce qui va sûrement t'arriver dans la deuxième partie du marathon.

Retour à la réalité. De plus en plus de coureurs marchent. D'autres s'étirent les mollets. Certains grimacent de douleur. Il reste 5 km.

Crisse: une «boule» dans le mollet gauche. Une seconde dans le mollet droit. Les maudites crampes qui commencent. Et dire que ça allait si bien. Là, je me parle. Je mets le «mental» à l'ouvrage: tu n'arrêtes pas, tu te contentes de modifier la foulée pour essayer de réduire la tension des mollets... et tu cours, point à la ligne. Et là, je vois le Stade olympique qui se rapproche. Moi qui, pas plus tard que samedi dernier, le critiquais dans ma chronique pour sa facture de 2,4 milliards, soudainement, je le trouvais vraiment beau et attirant.

À l'entrée du Stade, Katia, Coco et Maïna m'ont rejoint sur la piste pour boucler les 200 derniers mètres, en avance de quelques minutes sur le lapin de 4 heures. Pour me «décramper» les mollets, et sur ordre de Yan, le clan m'a ordonné de passer par la clinique du marathon, pour une séance de massage. Et ça marche!

Vive le Marathon Oasis de Montréal, ses 22 000 coureurs et ses dizaines de milliers de supporteurs. Avec ses milliers de Montréalais à nous encourager le long du parcours, quel beau dimanche!