L'installation prochaine au coût de 300 millions d'une nouvelle toiture sur le stade olympique me glace le sang. Je fais partie des sceptiques qui craignent comme la peste un autre dépassement des coûts.

Simple question de déformation professionnelle? Non, mon scepticisme s'appuie plutôt sur la coûteuse réalité olympique montréalaise.

Un petit rappel financier s'impose. Selon les prévisions initiales du maire Jean Drapeau lancées en 1972, le Parc olympique (stade, vélodrome, village olympique) devaient coûter 178 millions de dollars. À la fin de son parachèvement, la facture atteignait près de 1,5 milliard, soit 8,4 fois les prévisions.

Le cauchemar ne s'arrête pas là.

Date mémorable à retenir: le 14 novembre 2006, soit 30 années après les Jeux de 1976, la RIO (Régie des installations olympiques) versait le paiement final de la dette olympique.

Combien a-t-on finalement déboursé pour nos installations olympiques? Une somme de 2,4 milliards de dollars. C'est par l'entremise du Fonds spécial olympique que cette astronomique somme a été récoltée, et ce à même la taxe sur le tabac.

Une parenthèse. Une fois transformé en Biodôme, en 1992, le Vélodrome a été transféré à la ville de Montréal. Et le Village olympique a été vendu en 1998 à la société MetroCapial pour environ la moitié de son coût.

Ainsi, la RIO, propriété du gouvernement du Québec, a le défi aujourd'hui d'essayer de rentabiliser le mieux possible les installations restantes du Parc olympique, soit le Stade, son complexe de natation et sa tour.

Vous ne serez pas surpris d'apprendre que, bon an mal an, le Stade ne fait pas ses frais. Chaque année, le gouvernement du Québec verse à la RIO une subvention d'environ 20 millions pour lui permettre de boucler son budget.

La non-rentabilité de notre onéreux Stade est attribuable, selon la RIO, à la rupture, en 1999, de l'actuel toit de textile qui le recouvre. L'aire principale du Stade est inaccessible pour la tenue d'événements, entre le 1er décembre et le 31 mars de chaque année.

«L'incapacité d'opérer sans entrave, 12 mois par année, a deux impacts majeurs: une difficulté à satisfaire, en tout temps, les besoins des clients et l'impossibilité de produire autant de revenus d'exploitation que l'organisation le souhaiterait», explique-t-on dans le dernier rapport annuel.

La solution pour rentabiliser le Stade, selon la RIO? Elle passe par l'installation d'une nouvelle toiture, un projet de construction évalué à quelque 300 millions par la RIO et son bailleur de fonds, le gouvernement du Québec.

D'ailleurs, le projet avance à grands pas alors que trois entreprises ont présenté leurs candidatures, soit SNC-Lavalin, Regroupement EllisDon Dessau et Aérolande.

Chose certaine, tant la direction de la RIO que le gouvernement Charest se sont donnés des munitions pour justifier le projet de construction du troisième toit.

La RIO a commandé l'an dernier un sondage Léger Marketing auprès de 1500 répondants de toutes les régions du Québec qui démontrerait que:

> 81% sont favorables à la construction d'un nouveau toit;

> 78% des répondants sont d'avis que le Stade olympique contribue de façon importante au statut de métropole de Montréal;

> 80% ont une opinion positive à l'égard des installations;

> 74% souhaitent que le Stade demeure un site multifonctionnel présentant des événements sportifs, culturels et commerciaux;

> 48% identifient spontanément le Stade en tant que symbole le plus associé à la ville de Montréal.

Pour se donner des arguments additionnels, la RIO et le gouvernement Charest disposent d'un rapport encore plus concluant à leurs yeux, soit une évaluation des retombées économiques réalisée par la firme SECOR-TAKTIK.

Que ressort-il de cette Étude des retombées économiques d'une année d'activité au Parc olympique suite à l'installation d'une nouvelle toiture, que La Presse Affaires a obtenue?

Il en ressort des chiffres annuels percutants:

> une valeur ajoutée dans l'économie québécoise de 160 millions;

> le maintien de 3062 emplois-année;

> des recettes fiscales et parafiscales de 29 millions pour le gouvernement du Québec;

> des recettes fiscales de 10 millions pour le gouvernement fédéral.

Conclusion de SECOR-TAKTIK: «L'ajout d'un toit permanent sur le Stade permettrait à la RIO d'exploiter au maximum les propriétés multifonctionnelles du Stade en y programmant des événements de toute nature et de toutes dimensions, 12 mois par année. Ainsi, les activités des installations olympiques suivant le projet de rénovation envisagé pourraient s'avérer un important moteur économique pour le Québec.»

Grand bien nous fasse. Le hic? Alors que ces retombées économiques ont peu de chances d'être supérieures aux prévisions, le contraire risque d'arriver avec la facture finale du nouveau toit.

Non mais quel Stade de la démesure.