Début 2006, madame Y déménage son portefeuille REER à la firme de courtage BMO Nesbitt Burns.

Son profil se résume comme suit: 56 ans, travailleuse autonome, 76 000$ de REER, mais zéro épargne hors REER, aucune dette, propriétaire d'une maison évaluée à 200 000$ et d'une bagnole 2003.

Au moment du transfert, le portefeuille de madame est essentiellement investi dans des fonds équilibrés et des fonds de revenu et croissance.

Résultat après trois ans de gestion de portefeuille chez BMO: la valeur du portefeuille de madame tombe à 74 000$, et ce, après y avoir injecté 10 000$ de liquidités supplémentaires à titre de contribution REER.

Concrètement, le portefeuille de madame Y accuse un rendement négatif cumulatif de 15% en trois ans d'activité.

On est rendu en février 2009, en plein marché baissier. Les indices boursiers accusent des reculs de 50% et plus par rapport aux sommets de 2007.

Mécontente de voir son portefeuille perdre des plumes après trois années, madame Y demande une rencontre au sommet avec son conseiller de BMO Nesbitt Burns.

Celui-ci lui propose un réalignement radical de portefeuille. Il convainc madame d'opter pour le programme «L'Orienteur». Elle investit donc tout son REER ou presque dans le «Portefeuille d'actions canadiennes L'Orienteur».

Finie la prudence. Et aucun danger que BMO se fasse taper sur les doigts, puisque madame leur avait donné antérieurement le feu vert.

Malgré que le portefeuille de madame ne se limite qu'à 74 000$ de REER, la «Convention de compte client BMO Nesbitt Burns» que madame a signée en 2006 stipule qu'elle a pour objectif de placement la «croissance». Ce qui laisse entendre qu'elle serait prête «à accepter un niveau de risque moyennement à fortement élevé». La stratégie «croissance» prévoit que le portefeuille de madame pourrait contenir jusqu'à 100% d'actions!

Et c'est exactement ce que lui offre son nouveau compte, L'Orienteur de BMO. Il s'agit dans les faits d'un compte discrétionnaire. Le client n'a pas un mot à dire sur la gestion du portefeuille d'actions de L'Orienteur.

Pour bénéficier du «Compte L'Orienteur», madame s'est engagée à verser à BMO et son conseiller des honoraires annuels de 2,0% sur l'actif géré.

Que s'est-il passé depuis mars 2009, moment où le conseiller de BMO convainc madame d'investir la presque totalité de son modeste REER dans L'Orienteur?

Coup de chance, dans les mois qui suivent, la Bourse explose et madame retrouve le sourire puisque son portefeuille prend de la valeur jusqu'à la fin d'avril.

Mais... les corrections boursières des deux derniers mois, mai et juin, ont ramené madame Y sur terre, alors que son portefeuille L'Orienteur a momentanément fait un virage à 180 degrés.

En l'espace de deux mois, elle a vu la valeur de son portefeuille fondre de 7000$.

De nouveau inquiète, madame Y me demande si son portefeuille REER est bien géré.

Mon constat?

Je trouve que ça n'a aucun bon sens d'investir la totalité de son REER dans un portefeuille d'actions.

Toutefois, grand bien lui fasse, madame a eu la chance de profiter d'une heureuse période haussière de la Bourse, de mars 2009 à avril 2010.

Malgré les corrections des deux derniers mois, madame a vu son portefeuille grimper d'environ 13% depuis mars 2009. Ce qui lui a permis d'éponger les pertes subies antérieurement.

Après quatre ans et demi, elle se retrouve donc avec un portefeuille à ZÉRO de rendement.

Madame Y fait partie des épargnants qui n'ont pas les moyens de perdre de l'argent avec la Bourse.

Un conseil: qu'elle réduise au plus sacrant son exposition à la Bourse!