Du jamais vu en 10 ans!

En rythme annuel, l'économie canadienne a progressé de 6,1% au cours des trois premiers mois de 2010. Ce chiffre dépasse même (de peu, il est vrai) les prévisions optimistes des experts, qui s'attendaient plutôt à 5,8%.

C'est très fort, c'est même plus fort que n'importe quel autre pays du G7.

Aux États-Unis, le chiffre correspondant est de 3%, deux fois moins qu'au Canada. La moyenne des pays de la zone euro, plombée par la crise grecque, est de 0,8% (la Grèce, sans surprise, a connu une contraction de 3,1%). Des pays comme la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni parviennent de justesse à garder la tête hors de l'eau.

Ces chiffres amènent deux questions: pourquoi l'économie canadienne se comporte-t-elle mieux que partout ailleurs dans le monde industrialisé? Et surtout, cela va-t-il continuer?

La crise financière et économique a beaucoup moins amoché le Canada que les autres grands pays industrialisés. Le système financier canadien a très bien résisté au choc. À quelques poussières près, le Canada a récupéré tous les emplois perdus pendant la récession, ce qui est loin d'être le cas aux États-Unis. Dans ces conditions, on pouvait s'attendre à ce que la roue de l'économie se remette à tourner plus rapidement qu'ailleurs, et c'est exactement ce qui s'est passé: la confiance des consommateurs est revenue, les ventes au détail sont en forte hausse, la construction résidentielle aussi, les profits des entreprises aussi.

La situation est différente aux États-Unis. Certes, on perçoit déjà des signes encourageants au sud de la frontière: les mises en chantier et les ventes au détail reprennent. Mais la crise a frappé avec tellement de brutalité qu'il faudra encore du temps aux Américains pour rattraper le terrain perdu.

En Europe, c'est encore pire, non seulement à cause de la Grèce, mais surtout parce que le dérapage grec pourrait contaminer d'autres pays. Certes, les Européens ont déjà concocté un plan de sauvetage de 700 milliards d'euros; or, malgré la taille impressionnante de cette somme, il est possible que ce soit loin d'être suffisant.

Quant au Japon, sa bonne performance au premier trimestre (4,9%) n'efface qu'une partie des dommages causés par la récession. De tous les pays du G7, c'est le Japon qui a le plus souffert de la crise. En 2009, il a subi une contraction économique de 5,2% (dont un épouvantable recul de 15,9% au dernier trimestre). Toutes proportions gardées, c'est deux fois pire qu'aux États-Unis.

La grande question est de savoir si l'économie canadienne continuera de devancer celles des autres pays industrialisés.

Peut-être que oui, au moins pour l'année 2010, mais pas à la même vitesse qu'au premier trimestre.

Une progression en termes réels de 6,1% est exceptionnelle, et il est hautement improbable de répéter l'exploit pour le reste de l'année.

Les boules de cristal valent ce qu'elles valent, mais il serait intéressant d'y jeter quand même un coup d'oeil. Selon les prévisions du service d'études économiques de Desjardins, qui possède une excellente réputation, la croissance réelle de l'économie canadienne pour l'ensemble de 2010 se situera à 3,3%. Si cela se produit, ce sera le meilleur score des pays du G7. Ailleurs, les chiffres correspondants devraient se situer entre 2,8% aux États-Unis et 0,8% en Italie.

Le cas du Québec est particulièrement intéressant. On le sait, le Québec a traversé la récession avec moins de dommages que le reste du pays (contraction de 1,4% au Québec en 2009, contre 3,4% en Ontario et une moyenne canadienne de 2,6%). En 2010, toujours si on se fie aux prévisions, l'économie québécoise devrait rebondir de 3%. C'est un peu moins que la moyenne canadienne, mais il faut savoir que le Québec part de moins loin. D'autre part, la performance du Québec a des chances de se comparer avantageusement à celles du Japon (2,4%), de l'Allemagne (1,6%) ou de la zone euro (1,1%).

 

"6,1%

Croissance annualisée de l'économie Canadienne au premier trimestre

 

Croissance du pib réel au premier trimestre, G7

6,1% Canada

4,9% Japon

3,0% États-Unis

2,1% Italie

0,6% Allemagne

0,4% France

0,3% Royaume-Uni