Ça va de mal en pis pour AAER, notre seul manufacturier canadien d'éoliennes de 1 mégawatt et plus. L'action (AAE) a touché son creux historique vendredi dernier, à 2 cents pièce.

Ce malheureux «record» est survenu le surlendemain de l'annonce d'une mise à pied chez AAER. La PME de Bromont vient de mettre temporairement à pied ses 28 employés des postes administratifs et d'exploitation. Pourquoi? Afin de préserver les liquidités de l'entreprise.

La direction d'AAER précise en outre que l'entreprise continue de desservir les clients actuels tout en s'employant à planifier la fabrication et l'installation de nouvelles éoliennes actuellement sous contrat.

En 2008, AAER avait momentanément dépassé la barre des 2,00$. À l'époque, AAER faisait l'objet d'une solide spéculation à l'effet que l'entreprise allait réussir à décrocher une portion importante des contrats d'éoliennes accordés par Hydro-Québec. On connaît le résultat: AAER a mordu la poussière, avec ZÉRO contrat.

Le titre s'est littéralement effondré dans les semaines qui ont suivi. Mais aucun analyste boursier n'avait prévu qu'AAER allait se retrouver la pale à terre à peine deux années plus tard.

Pourtant, en décembre dernier, les actionnaires croyaient apercevoir un brin de lumière au bout du tunnel.

Le 11 décembre, la direction d'AAER a annoncé l'approbation d'un prêt de 5 millions de dollars d'Investissement Québec.

Un vent d'optimisme régnait.

Dave Gagnon, président et chef de la direction: «Malgré les défis du resserrement du crédit et de l'environnement économique qui ont conduit au report de certains projets éoliens en Amérique du Nord, nous avons été en mesure de confirmer des commandes additionnelles d'éoliennes. Nous pensons que cela confirme le créneau de marché auquel répond AAER. Nous apprécions le support du gouvernement du Québec et sommes impatients de travailler avec nos partenaires afin de capitaliser convenablement la Société et d'exécuter nos opportunités commerciales.»

Le 30 décembre 2009, AAER a annoncé cette fois le dépôt d'un prospectus provisoire pour un placement d'unités de 5 à 6,5 millions de dollars, par l'entremise de la firme Canaccord Adams.

Puis, le 23 février dernier, AAER a dévoilé l'obtention d'un financement de 2,5 millions de la part de la société Finexcorp, société québécoise privée et indépendante de financement sur actif (comptes à recevoir, bons de commande, etc.).

«Cette entente, a-t-on dit, permet d'assurer le service auprès des clients existants et de planifier la fabrication et l'installation de nouvelles éoliennes actuellement sous contrat. Au cours des cinq prochains mois, la Société doit fournir trois éoliennes à l'État du Massachusetts et continuera à oeuvrer pour accroître son pipeline de projets en Amérique du Nord.»

Que s'est-il passé depuis un mois pour qu'AAER se retrouve de nouveau en situation trouble? avons-nous demandé à Eric Phaneuf, chef de la direction financière.

Concernant le financement sur actif par l'entremise de Finexcorp: «Lorsque la société a peu ou pas d'actifs «liquides», elle n'a donc pas accès à du financement même avec ce type de facilité de crédit en place. Actuellement, nous sommes en crise de liquidités avec peu d'actifs à court terme à financer.»

Qu'arrive-t-il du financement de Canaccord? «Le financement prévu de plus de 5 millions avec Canaccord, ajoute M. Phaneuf, est plus difficile qu'anticipé et demeure une condition pour le dernier versement d'Investissement Québec de la dernière tranche de 2,5 millions.»

Y a-t-il de l'espoir du côté d'Hydro-Québec? «Malheureusement, il n'y a aucun contrat à court terme (2010) en vue avec Hydro-Québec.»

L'avenir d'AAER? Sa survie passe par le «pipeline» d'une quarantaine de projets potentiels aux États-Unis et dans le reste du Canada.

Mais pour qu'il se matérialise, AAER doit démontrer qu'elle a une structure de capital viable et qu'elle a le financement requis. De plus, AAER doit réassurer ses clients potentiels.

Le mot de la fin à M. Phaneuf.

«Malgré le fait que nos éoliennes fonctionnent très bien, AAER a besoin de financement pour continuer à vivre. La question se pose si nous voulons avoir un savoir-faire québécois dans un enjeu aussi stratégique que l'énergie renouvelable. Le Québec dispose d'eau et de vent comme peu d'endroits dans le monde, il faudrait en tirer parti et créer de la richesse pour la société.»

C'était le cri d'alarme du chef de la direction financière.