Y a-t-il de l'argent à faire avec le Groupe TMX, propriétaire de la Bourse de Toronto?

Si l'on se fie à l'investisseur aguerri qu'est Jean Turmel, ancien président du conseil d'administration de la Bourse de Montréal et aujourd'hui administrateur de Groupe TMX, il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur le potentiel de plus-value de ce titre.

Des 300 000 actions du Groupe TMX qu'il détenait en janvier 2009, M. Turmel en a liquidées 270 000, pour une recette globale d'environ 8,8 millions de dollars.

Selon les transactions d'initiés rapportées à l'Autorité des marchés financiers, M. Turmel a effectué 35 transactions de vente (au prix moyen de 32,50$) au cours des mois de janvier, février, mai, août et novembre 2009. Puis, une toute dernière vente, le 12 février 2010, à seulement 29,40$ l'action.

Pourquoi a-t-il liquidé 90% du bloc d'actions qu'il détenait de la Bourse de Toronto? Impossible de le savoir, puisque M. Turmel n'a pas répondu aux deux messages que nous lui avons laissés mercredi dernier sur son répondeur au bureau de Perseus Capital inc., dont il est le président.

Ironiquement, le titre du Groupe TMX, propriétaire de la Bourse de Toronto, en arrache sur le parquet depuis l'annonce de sa fusion avec la Bourse de Montréal! La veille de ladite annonce, soit le 7 décembre 2007, le titre du Groupe TMX avait clôturé la séance à 57,22$. Aujourd'hui, l'action de TMX a toutes les difficultés du monde à se maintenir au-dessus de la barre des 30,00$.

La capitalisation boursière de TMX s'est par le fait même dégonflée de presque la moitié, soit un peu plus de 2 milliards de dollars. Et ce, en l'espace d'à peine deux ans et trois mois.

Quoi qu'il en soit, le Groupe TMX ne bénéficie pas de l'aval de la majorité des analystes des grandes maisons de courtage qui le suivent à la trace.

Les analystes de RBC Marchés des capitaux, de Goldman Sachs et de la Financière Banque Nationale voient le Groupe TMX d'un oeil négatif, avec un prix cible pour les 12 prochains mois variant de 28,00$ à 32,00$.

Pour leur part, les analystes de Genuity Capital, GMO et TD Newcrest s'en tiennent à la recommandation «conserver», et à un prix cible de 30,00$ à 31,00$

De leur côté, ceux de BMO Marchés des capitaux et de Scotia Capital croient que le Groupe TMX suivra la performance de son secteur, avec un prix cible de 35,00$.

La fusion entre les Bourses de Montréal et de Toronto a été complétée le 1er mai 2008. À cette date-là, le titre se négociait à 45,67$.

Depuis, le Groupe TMX a effectué d'autres acquisitions, mais de modestes tailles. En août 2008, il a notamment acquis pour la somme de 58 millions une participation additionnelle dans Boston Options Exchange Group, devenant ainsi l'actionnaire majoritaire. En mai 2009, le Groupe TMX concluait l'acquisition de NetThruPut, reconnu comme étant le chef de file canadien des plates-formes de négociation électronique et des services de compensation du pétrole brut. Prix d'achat: 67 millions.

Alors que le Groupe TMX bouclait l'année 2009 avec un volume d'affaires record de 556 millions, il réalisait d'autre part son plus faible bénéfice net des quatre derniers exercices financiers. On parle d'un bénéfice net de 104 millions, comparativement à 182 millions pour l'année 2008, soit celle de la fusion des Bourses de Montréal et Toronto.

Comment expliquer cette chute de 43% du bénéfice en 2009? Un des facteurs importants: le secteur boursier subit une forte concurrence.

«Récemment au Canada, de nouvelles plates-formes de négociation de titres de participation ont vu le jour et, malgré l'augmentation du volume des opérations sur nos Bourses, notre part de marché a diminué au profit de ces nouvelles plates-formes», explique la direction.

S'ajoute à cela une importante pression à la baisse sur les prix que le Groupe TMX demande pour effectuer les transactions. Et plus la Bourse canadienne va voir sa capitalisation boursière augmenter, plus les Bourses étrangères vont vouloir gruger une partie du marché canadien, tant au niveau des marchés au comptant (actions, etc.) que des marchés des dérivés (options, contrats à terme, etc.).

Lueur d'espoir pour la croissance du Groupe TMX: le rétablissement de l'économie mondiale et de l'économie canadienne laisse présager «un effet positif» sur les principales sources de revenus de la Bourse de Toronto. On s'attend ainsi à une recrudescence de nouveaux appels publics à l'épargne et à une intensification des activités de financement.