Vaut-il mieux investir dans son REER ou opter pour une bonification de sa rente en rachetant des années d'ancienneté?

Voilà la «grande» question que se pose madame M., à la suite de l'offre de rachat d'années d'ancienneté proposée par son employeur. Aux fins de son régime de retraite, l'employeur lui offre dans les faits la possibilité de racheter les années de service passé où elle n'avait pas contribué en raison de son statut d'employée temporaire.

Madame M. travaille chez Hydro-Québec depuis 23 ans. Après quelques années comme employée temporaire, elle est devenue permanente. Dans la quarantaine avancée, elle gagne actuellement un salaire annuel d'environ 41 000$.

En 2000, Hydro lui avait permis de racheter deux années d'ancienneté aux fins de sa future rente de retraite. Elle avait utilisé les économies de son REER pour racheter ces deux années de service passé.

Hydro lui offre de nouveau de racheter une année additionnelle de son régime de retraite.

Le prix demandé pour cette année de bonification de sa future rente d'Hydro? On parle d'un investissement de 15 600$.

Est-ce un bon placement? Son conseiller financier, explique madame M., estime qu'elle ne ferait pas une bonne affaire en rachetant ainsi cette année de service additionnelle. Il considère plus avantageux de privilégier le REER au détriment de la bonification de la rente d'Hydro.

Question d'avoir un deuxième son de cloche, j'ai demandé au spécialiste en matière de planification de retraite Martin Dupras, vice-président d'AON Conseil, d'évaluer la pertinence de procéder au rachat de l'année de service de madame M.

Selon M. Dupras, il faut analyser ce genre d'offre de rachat (avantage, coût, modalités de paiement) sous deux bases:

> qualitative (l'habileté du particulier à administrer son propre capital retraite; son espérance de vie; l'impact du rachat sur sa date de retraite; etc.);

> quantitative (le coût de l'offre de rachat par rapport aux avantages monétaires en découlant).

On résume l'aspect financier. Pour un investissement de 15 600$, madame M. obtiendra une prestation (rente) supplémentaire annuelle d'environ 1040$ jusqu'à l'âge de 60 ans; de 960$ de 60 à 65 ans; et de 605$ par la suite.

«Considérant l'âge et la forme de la prestation payable par Hydro, la valeur de la rente supplémentaire en découlant sera approximativement égale au coût du rachat, explique M. Dupras. Il s'agit ici du prix d'achat, auprès d'un assureur par exemple, d'une rente qui possède les mêmes caractéristiques que celle découlant du rachat.»

«La valeur du rachat étant approximativement égale au coût (le prix demandé), le rachat pourra peut-être s'avérer pertinent. De plus, si le salaire de madame devait augmenter plus rapidement que prévu d'ici la retraite, la valeur finale découlant de ce rachat pourrait s'avérer plus profitable.»

Pour les gens peu familiers et habiles avec les placements, le rachat d'années de service passé s'avère une solution intéressante. «Madame n'aurait plus à supporter les risques d'investissement et de survie liés à cette portion (15 600$) de son épargne-retraite, précise M. Dupras. La prestation qui en découlerait serait non seulement viagère (payable la vie durant), mais ne pourrait pas être affectée par d'éventuels mauvais rendements futurs.»

De plus, le rachat de l'année de service permettra à madame M. de devancer (si elle le désire) de six mois la date de sa retraite, et ce, sans réduction de rente.

Et du point de vue fiscal, le rachat d'années de service d'avant 1990 (comme c'est le cas pour madame M.) n'affectera pas sa marge REER disponible.

Si une portion du coût du rachat ne peut être déduite immédiatement, M. Dupras recommande à madame d'utiliser ses REER pour payer cette portion du rachat non déductible.

Le rachat de l'année de service passé semble pertinent. «On y gagnera en sécurité, en y perdant toutefois en flexibilité», dit Martin Dupras.

Attention cependant aux gens au bord du divorce! Si vous rachetez une année de service passé d'un régime de retraite, vous allez offrir une somme supplémentaire à l'ex-conjoint en cas de divorce.