L'investissement systématique, c'est «la» recette vedette que les promoteurs de fonds communs d'actions recommandent à tous les petits investisseurs pour pouvoir tirer profit de la Bourse.

Cette recette consiste à investir la même somme d'argent à fréquence régulière. Exemple: investir 1000$ à la fin de chaque mois dans l'achat de l'indice S&P/TSX 60 de la Bourse de Toronto. C'est donc dire que l'investisseur va acquérir lors de la dernière séance boursière mensuelle un nombre X d'actions qui tiendra compte de la fluctuation de l'indice au fil de chaque fin de mois.

Exemple: pour chaque tranche d'investissement mensuel de 1000$, il acquerra plus d'actions lorsque l'indice boucle le mois à la baisse et, vice-versa, moins d'actions quand l'indice termine à la hausse par rapport au précédent mois. Vous aurez deviné qu'on utilise la même stratégie avec des parts des divers fonds négociés en Bourse et des multiples fonds communs d'actions, avec des actions des compagnies nous intéressant... Bref, avec n'importe quel produit financier ou presque.

Ainsi, cette stratégie d'investissement systématique permettra à l'investisseur de se bâtir un portefeuille à un coût moyen qui tiendra compte des hausses et des baisses du marché boursier. Le gros avantage de cette stratégie, selon les promoteurs des fonds communs? À long terme, le petit investisseur s'en tirera gagnant puisque la Bourse a une nette tendance à la hausse.

Pour nous convaincre, les promoteurs ont l'habitude de nous montrer un magnifique graphique qui échelonne le rendement de la Bourse depuis les années 1920. Et d'un coup d'oeil, on constatera que les krachs de 1929 et de 1987 ne ressemblent plus aujourd'hui qu'à de banales petites corrections boursières, tellement la Bourse a monté depuis les années 90. Graphiquement, s'entend, mêmes les deux magistrales déconfitures de quelque 50% survenues au cours de la présente décennie (la crise internet de septembre 2000 à octobre 2002 et la crise financière de septembre 2008 à mars 2009) commencent à s'estomper dans le paysage boursier.

Maintenant, soyons plus concret. Est-ce que la populaire recette de l'investissement systématique s'est avérée un bon placement au fil des 10 dernières années, soit au cours de la période allant de 1999 à aujourd'hui?

Pour ce faire, j'ai repéré la fermeture de l'indice S&P/TSX 60 à la fin de chaque mois allant de janvier 1999 à aujourd'hui. Et pour les fins de l'exercice, j'ai «investi» systématiquement la somme de 1000$ chaque fin de mois. Ce qui a donné un investissement brut de 130 000$, pour la période des 130 mois.

Au cours de cette période de 130 mois, nous avons eu droit à deux bulles boursières, suivies de deux spectaculaires déconfitures. Comme période de référence pour tester la «rentabilité» de l'investissement systématique, force est d'admettre qu'on est en grand manège!

Combien vaudrait aujourd'hui votre portefeuille si vous aviez investi 1000$ chaque fin de mois lors des deux périodes suivantes.

De janvier 1999 à octobre 2009: votre investissement de 130 000$ vaudrait aujourd'hui 169 444$, soit un gain brut de 39 444$. Ce qui donne un rendement cumulatif de 30,3% sur plus de 10 ans.

De janvier 2004 à octobre 2009: l'investissement de 70 000$ atteindrait 76 282$, pour une appréciation totale de quelque 9% sur cinq ans.

Comme vous le constatez, le rendement boursier est modeste, soit moins de 5% annuel composé. Même si on y ajoutait le rendement des dividendes, soit quelque 2,5% l'an, notre investissement boursier reste relativement modeste... sur ces deux périodes d'investissement systématique. À titre de comparaison, les CPG de 5 ans ont rapporté un rendement annuel composé de 3,5% au cours de la même période et les obligations négociables de qualité autour de 6,5%.

La majorité des petits investisseurs investissent annuellement le «gros» de leur portefeuille lors de la campagne REER des mois de janvier et février.

J'ai testé la «rentabilité» boursière d'un placement de 5000$ par année effectué lors du blitz REER dans l'indice S & P/TSX 60 de la Bourse de Toronto.

>Pour un placement REER de 5000$ effectué chaque fin de janvier depuis 1999, soit une somme totale de 55 000$, le capital accumulé atteindrait aujourd'hui 72 495$, soit une appréciation globale 31,9% sur plus de 10 ans.

>Si le placement REER de 5000$ avait été effectué chaque fin de février depuis 1999, le capital accumulé grimperait à 73 955$, pour un gain cumulatif de 34,5% sur plus de 10 années.

Encore une fois, on constatera qu'il s'agit d'un rendement relativement modeste.

Morale de l'investissement systématique: comme stratégie boursière, c'est relativement sécuritaire, mais il ne faut pas s'attendre à s'enrichir royalement.