Les «amateurs» d'obligations d'épargne du Canada (OEC) seront déçus d'apprendre que, demain, la Banque du Canada n'augmentera pas son taux directeur. En laissant ainsi végéter le taux des fonds à un jour à 0,25%, soit son plus bas niveau à vie, la Banque du Canada rend directement un grand service au ministre des Finances et à sa nouvelle cuvée d'OEC.

Pourquoi? Parce que le faible niveau du taux directeur donne au ministre Jim Flaherty un argument de taille pour lui permettre de justifier le radin rendement de 0,40% qu'il offre actuellement aux acheteurs de ses nouvelles obligations d'épargne.

Fait à noter: il s'agit ici du plus faible rendement jamais offert aux Canadiens depuis le lancement en 1939 des premières obligations d'épargne, soit les obligations de la Victoire. L'objectif à l'époque: aider à financer l'effort de guerre.

Chose certaine, à 0,40% de rendement, c'est de guerre lasse que les épargnants vont devoir y investir une partie de leurs épargnes.

Mathématiques 101: je vous rappelle qu'un rendement de 0,40% sur un placement de 1000$ vous rapportera au bout d'un an une somme de... 4,00$. Vous avez bien lu: QUATRE dollars par tranche de 1000$ d'OEC.

Pour les plus riches: on parle de 40$ de revenu d'intérêt par tranche d'épargne de 10 000$. Et pleinement imposable, par surcroît!

J'en conviens avec vous: le gouvernement Harper nous offre cette année un minable rendement avec sa nouvelle cuvée d'obligations d'épargne du Canada.

Mais il a beau jeu. Tant que la Banque du Canada n'augmentera pas son taux directeur, les institutions bancaires ne relèveront pas d'un iota le tout aussi minable rendement (sinon davantage) que la plupart d'entre elles offrent à leurs clients. Du genre 0% à 0,20% sur les milliards de dollars que les gens laissent traîner dans leurs comptes d'épargne...

Une parenthèse: la forte hausse du dollar canadien par rapport à la devise américaine force actuellement la Banque du Canada à ne pas dégeler son taux directeur à court terme. Cela n'empêche pas les banques d'augmenter, elles, leurs taux hypothécaires...

Pour se venger des «Canada» à si faible rendement, des épargnants mécontents iront sans doute voir si le terrain est plus fertile du côté des «Québec». Ils seront déçus d'apprendre que le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, n'est guère plus généreux que son homologue fédéral. Eh oui! Épargne Placements Québec, le bras financier du ministère des Finances, se montre tout aussi radin que le fédéral.

À preuve, il offre lui aussi un rendement de 0,40% pour ses «obligations Sécuri" du Québec».

Épargne Placements Québec pourrait rétorquer en disant que le rendement est toutefois plus généreux avec ses «obligations à taux progressif», soit 1,00% pour la première année; 1,40% la deuxième; 1,80% la troisième... pour atteindre les 7,00% la dixième année. Ces obligations sont encaissables à chaque anniversaire annuel.

Sachez que le fédéral offre le même rendement annuel progressif sur sa nouvelle cuvée «obligations à prime du Canada», voire 1,0% la 1re année; 1,40% la 2e année et 1,80% la 3e année.

À comparer aux obligations d'épargne, le rendement offert sur les «obligations à prime Canada» est certes deux fois et demie meilleur. Mais il n'y a pas de quoi jubiler. Car concrètement, je vous rappelle qu'un rendement de 1,00% vous rapportera la somme de 10$ par tranche de 1000$ d'épargne ou 100$ par tranche de 10 000$.

Rassurez-vous: avec un tel rendement, il n'y a aucun danger de perdre la tête et de se lancer dans de folles dépenses!

Question: existe-t-il des placements ultra-prudents qui rapportent un meilleur rendement que les obligations d'épargne de Québec et d'Ottawa?

Les fonds de marché monétaire? Non, vraiment pas. Les banques virtuelles comme ING Direct ou ICICI Bank? Le rendement tourne autour de 1,00% dans le compte encaissable en tout temps.

Les bons du Trésor? Non, pas mieux que les obligations d'épargne.

Les coupons détachés et les obligations gouvernementales de court terme? Il n'y a pas de quoi s'enrichir davantage.

Mon conseil: prenez votre mal en patience et croisez-vous les doigts pour que les prévisions du service économique de Desjardins se matérialisent.

Le taux directeur de la Banque du Canada commencera à grimper l'an prochain pour atteindre les 4,25% en 2013.

Méchante remontée... en vue.