Ainsi, fidèle à son image de « parrain « de la F1, Don Ecclestone menace de nouveau de nous retirer le Grand Prix qu'il s'apprêtait à organiser « lui-même « l'an prochain, moyennant une subvention annuelle de 15 millions de dollars de la part de nos gouvernements, plus évidemment toutes les recettes du Grand Prix.

À la lumière des informations rapportées par mon collègue Denis Lessard, l'imbroglio porterait notamment sur deux points majeurs. Un, Bernie Ecclestone exige d'être totalement exempté d'impôt de la part des gouvernements de Québec et d'Ottawa. Deux, il veut prendre le contrôle total de la billetterie du Grand Prix et décider, quand bon lui semble, de re...verser aux gouvernements les deux taxes de vente perçues sur les billets du Grand Prix. Manifestement peu confiants dans la bonne foi d'Ecclestone, Revenu Canada et Revenu Québec préféreraient plutôt se faire rembourser la TPS et la TVQ avant que Bernie reparte avec ses recettes le lendemain du Grand Prix.

En résumé : après avoir enlevé le Grand Prix au promoteur Normand Legault et après avoir réussi le tour de force de soutirer aux gouvernements une alléchante subvention annuelle, l'insatiable Ecclestone exige maintenant de la part de nos gouvernements de ne pas lui faire payer un cent d'impôt.

Pour Bernie Ecclestone, il s'agit tout simplement d'une offre que les gouvernements ne peuvent refuser, à moins de renoncer une fois pour toutes au retour du Grand Prix à Montréal.

Personnellement, j'adore la Formule 1. À tel point que je ne rate jamais un Grand Prix, et ce, depuis la première course de Gilles Villeneuve à l'île Notre-Dame. Et que dire de ces belles années à suivre les péripéties de fiston Jacques...

Année après année, j'ai vanté les mérites touristiques de la tenue du Grand Prix à Montréal et ses vraies retombées économiques grâce aux dizaines de milliers d'étrangers qui viennent expressément au week-end du Grand Prix.

Mais là, en ce 7 octobre, soit exactement 31 années moins un jour après la célèbre victoire de Gilles Villeneuve sur le circuit de l'île Notre-Dame, le contribuable en moi vient de prendre le dessus sur l'amateur de F1.

On a beau souhaiter le retour du Grand Prix et demander collectivement à nos gouvernements de multiplier les efforts financiers pour convaincre le grand manitou de la F1 de nous le redonner, il ne faut quand même pas passer pour une bande de caves.

Quand les gouvernements versent des subventions aux entreprises privées, ces subventions font partie de leurs revenus éventuellement imposables. Point à la ligne.

En vertu de quoi, le gouvernement Charest et le gouvernement Harper accorderaient-ils un passe-droit fiscal à l'empire de Bernie Ecclestone en lui permettant d'encaisser une subvention annuelle de 15 millions totalement exempte d'impôts?

J'aimerais rappeler à tous ceux (politiciens, gens d'affaires, journalistes, etc.) qui s'apprêtent à céder devant le chantage de Bernie Ecclestone... que l'argent des gouvernements provient des taxes et des impôts perçus à même les poches des contribuables, particuliers et entreprises.

J'estime que nos gouvernements d'Ottawa, de Québec et de Montréal en ont assez fait dans le dossier du retour du Grand Prix à Montréal. Céder au chantage fiscal d'Ecclestone serait honteux. La course au ridicule a assez duré.

Les écuries et les commanditaires de la F1 veulent revenir à Montréal pour se faire valoir en Amérique du Nord, un immense marché qu'ils ne peuvent négliger. Qu'ils prennent la relève et fassent pression sur Ecclestone.

Sinon, coupez les moteurs!