La chaîne de magasins Dollarama est sur le point de terminer son premier appel public à l'épargne. Il s'agit d'une gigantesque émission d'actions qui devrait lui rapporter de 300 à 350 millions de dollars.

D'entrée de jeu, sachez que le prix des actions offertes ne reflète absolument pas la marque de commerce de l'entreprise montréalaise et de ses articles allant à1$ et des poussières. Si vous voulez investir dans la nouvelle émission de Dollarama, il vous faudra débourser de 16,00$ à 18,00$ l'action.

Est-ce que ce premier appel public à l'épargne de Dollarama représente un bon placement pour le petit investisseur?

Après m'être tapé la lecture des 191 pages du prospectus provisoire, je n'y perçois malheureusement aucune aubaine dans le prix demandé pour les actions de Dollarama. Le titre m'apparaît évalué à sa juste valeur boursière pour ce genre d'entreprise. Ni plus ni moins.

À court terme, le potentiel à la hausse de Dollarama réside plutôt dans l'engouement que les investisseurs institutionnels (fonds communs d'actions et caisses de retraite) pourraient manifester envers ce nouveau titre de la Bourse de Toronto. Si tel est le cas, Dollarama grimpera. Dans le cas contraire, Dollarama suivra simplement la tendance de son secteur, soit la distribution de produits de consommation.

Chose certaine cependant, la nouvelle émission d'actions de Dollarama représente une sacrée bonne affaire pour les deux principaux actionnaires de l'entreprise, soit la firme américaine Bain Capital (80% des actions) et le fondateur de la chaîne, Larry Rossy.

Un, l'entrée en Bourse de Dollarama procure à l'actionnariat de l'entreprise une valeur boursière qui oscillera au départ entre 1,1 et 1,3 milliard de dollars.

Deux, moyennant le débours d'une somme de 70 millions de dollars, Dollarama fera l'acquisition des actions privilégiées de catégorie C détenues par le groupe de Larry Rossy. Il a été impossible d'obtenir des précisions au sujet du versement de cette importante somme, le porte-parole de Dollarama n'ayant pas rappelé La Presse Affaires.

Et du côté du principal preneur ferme, RBC Dominion valeurs mobilières, on se contente de nous envoyer à la direction de Dollarama...

Trois, une poignée d'actionnaires privilégiés pourront possiblement encaisser de 45 à 50 millions de dollars en liquidant jusqu'à 2,8 millions de leurs actions dans le cadre du présent appel public à l'épargne. En effet, les preneurs fermes de l'émission ont la possibilité d'acquérir ce bloc d'actions additionnel directement de Bain et des dirigeants de la chaîne, Larry Rossy, Leonard Assaly, Alan Rossy et Stéphane Gonthier.

Fait à souligner ici: c'est l'entreprise (Dollarama) qui paiera les frais de courtage pour la vente de ces actions... personnelles et non les heureux vendeurs!

Par ailleurs, cet appel public à l'épargne de Dollarama rapportera plus de 10 millions de dollars aux firmes de courtage qui agissent comme preneurs fermes de l'émission. Vous comprenez pourquoi Dollarama est un bon titre à acquérir à leurs yeux!

Si Dollarama vous intéresse, voici les preneurs fermes par ordre d'importance: RBC Dominion valeurs mobilières, Marchés mondiaux CIBC, Valeurs mobilières Crédit Suisse (Canada), Scotia Capitaux, Barclays Capital Canada, Financière Banque Nationale, Valeurs mobilières Desjardins, Valeurs mobilières HSBC, Merrill Lynch Canada et Raymond James.

Lorsqu'on achète des actions d'un appel public à l'épargne, c'est l'entreprise émettrice qui paye la commission des courtiers et non l'investisseur.

Dollarama a été fondée en 1992 par l'actuel chef de la direction, Larry Rossy.

Premier exploitant de magasins à un dollar du Canada, la chaîne Dollarama compte aujourd'hui 585 magasins au pays, dont 207 au Québec, 228 en Ontario, 61 dans les provinces de l'Atlantique et 89 dans les provinces de l'Ouest.

La marque de commerce de Dollarama: vendre des produits à des prix oscillant entre 1,00$ et 2,00$. Les actionnaires de contrôle de Dollarama croient que ce genre de magasins à très bas prix a encore un bon potentiel de croissance au Canada. Ils souhaitent voir le nombre de magasins de la chaîne passer de 585 à quelque 900 au fil des prochaines années.

Comment explique-t-on cette prévision optimiste? Au départ, il faut dire qu'ils ont une émission d'actions à vendre... et le potentiel d'une entreprise, ça compte. Second argument: au Canada, disent-ils, chaque magasin couvre un bassin moyen de 32 000 habitants comparativement à 15 500 aux États-Unis.

Pour l'année financière terminée le 2 août dernier, Dollarama a généré des ventes de 1,2 milliard de dollars et un BAIIA (bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement) de 161 millions.

Depuis sa création, l'entreprise a enregistré une solide croissance de son volume d'affaires.

Voilà le hic: Dollarama est devenue une entreprise à maturité...