Quel pays affiche la meilleure performance économique parmi le G20, après la Chine et l'Inde? L'Indonésie. Et le «Dragon de Komodo» impressionne de plus en plus les économistes et les milieux financiers.

Pour ceux qui en doutent encore, l'année 2009 va probablement confirmer que le centre économique mondial se déplace lentement mais sûrement vers l'Asie.

Alors que les États-Unis et l'Europe cherchent désespérément les signes d'une reprise, les économies de la Chine et de l'Inde progressent à vive allure. Mais un autre pays asiatique pourrait s'ajouter à la liste des vedettes montantes de la planète économique : l'Indonésie.

Au quatuor Brésil-Russie-Inde-Chine des pays en pleine explosion, mieux connu comme le BRIC, l'Indonésie pourrait un jour venir se greffer. Les milieux financiers ont d'ailleurs les yeux rivés sur la première économie d'Asie du Sud-Est.

« La puissance émergente de l'Asie ». « La Chindonésie ». « Place au Dragon de Komodo »... autant d'épithètes que Morgan Stanley, Standered Chartered Bank et autres grands noms de la finance ont récemment attribuées à l'économie indonésienne.

Forte croissance

Le pays musulman le plus peuplé au monde, qui abrite le fameux dragon de Komodo, mérite certainement qu'on lui accorde de l'attention.

L'Indonésie a enregistré une croissance économique de 4,2 % au premier semestre, un repli modeste par rapport au taux de 6,1 % d'avant la crise financière. Et les boursicoteurs doivent savoir que la Bourse indonésienne a bondi de plus de 80 % depuis le 1er janvier...

La raison majeure de ces performances ? Le marché intérieur indonésien - un atout précieux en cette époque où les consommateurs dans les pays riches sont paralysés par les dettes, le chômage et la peur.

Alors que nombre de pays émergents ont basé leur croissance sur les exportations, et souffrent dès lors d'une faible demande mondiale, 60 % du PIB indonésien provient d'un marché intérieur riche de ses 240 millions d'habitants.

Un plan de relance de 8 milliards CAN, annoncé en février, des réductions d'impôts, une aide financière aux démunis et une hausse du salaire des fonctionnaires sont autant de mesures qui contribuent à maintenir le pouvoir d'achat. Cela a même valu au gouvernement des fleurs de la part du FMI (Fonds monétaire international) dans son dernier rapport.

Une certaine stabilité politique joue également un rôle. Susilo Bambang Yudhoyono, le président élu pour la première fois en 2004, a été réélu par une large majorité en juillet. « SBY », comme on le surnomme à Wall Street, jouit d'une cote favorable dans les milieux financiers.

Quel changement en 10 ans ! En 1998, au pire de la crise financière asiatique et après la chute de la dictature de Suharto, l'Indonésie était alors considérée comme « l'homme malade de l'Asie ».

Et quand les grandes économies ont vu trembler leur système bancaire il y a quelques mois, l'Indonésie a pu compter sur ses banques peu exposées aux produits financiers à risque.

L'Indonésie ne souffre vraiment que de la chute de ses ventes à l'étranger. Les exportations se sont ainsi contractées de près de 20 % au premier trimestre.

Les matières premières - son autre richesse - regorgent dans les 17 000 îles du pays : gaz naturel, charbon, cuivre, mais aussi huile de palme, dont elle est le premier producteur mondial. Sans oublier le tourisme, encore peu exploité hors de Bali.

Pas surprenant que Morgan Stanley prévoit que l'Indonésie devra un jour être admise au BRIC, ou plutôt au « BRI-I-C ». Car elle va devenir, d'ici 2050, la huitième économie du monde, selon la banque américaine.

Corruption

Cependant, ce pays souffre toujours de son passé sous le régime Suharto.

L'Indonésie a pourtant engagé des efforts ces dernières années pour lutter contre une bureaucratie inefficace, les inégalités sociales et la corruption endémique. Mais elle se trouve toujours parmi les 163 pays les plus corrompus, selon Transparency International.

Une autre priorité est de rattraper le retard dans les infrastructures : peu d'autoroutes, pas de métro dans la capitale, Jakarta, des liaisons maritimes dangereuses, une production électrique insuffisante... Ces handicaps ont empêché l'Indonésie d'attirer des investissements d'envergure, notamment dans les mines et l'énergie, affirment les économistes.

« L'Indonésie est une histoire de demande intérieure », résume Standard Chartered Bank dans une étude. « Le défi maintenant est de stimuler l'investissement et les exportations. »

Reste que l'Indonésie évolue dans la bonne direction. Et vite. Le puissant « Dragon chinois » devra surveiller son petit cousin de Komodo.