Il faut croire que Prestige Télécom a un nom prédestiné pour attirer des actionnaires de prestige. Jusqu'à présent, on savait que Guy Laliberté détenait un important bloc d'actions de la petite «télécom» de Baie-d'Urfé. Eh bien, sachez que René Angélil, oui oui! le célèbre agent de notre multinationale de Céline, a lui aussi fait l'acquisition d'un gros bloc d'actions de Prestige Télécom.

C'est ce qu'a révélé à La Presse Affaires le président et chef de la direction de l'entreprise, Pierre-Yves Méthot, tout en précisant que M. Angélil lui avait donné le feu vert pour révéler cette information hautement privilégiée. Il en est également de même pour un autre important actionnaire, mieux connu celui-là du monde des affaires, soit Jacques D'Amours, cofondateur et vice-président d'Alimentation Couche-Tard.

Prestige Télécom est une firme spécialisée dans la fourniture de services d'ingénierie de réseau, d'approvisionnement en matériel, d'installation et de soutien nécessaires à la construction, à l'exploitation et à l'entretien des réseaux filaires, sans fil et de télévision par câble. Au nombre des clients de la société, on retrouve Bell, Rogers, Vidéotron, Telus, etc.

Dans ma chronique des initiés du 20 juillet dernier sur Prestige Télécom, intitulée Avec Guy Laliberté ou Warren Buffett?, je faisais notamment état de la chute de l'action de Prestige Télécom (PR) depuis que Guy Laliberté y avait investi près de 10 millions de dollars de sa poche. De la mi-décembre à la mi-juillet, l'action était passée de 28 cents à 14 cents...

Je terminais ma chronique sur une lueur d'espoir: «Que les actionnaires de Prestige Télécom prennent leur mal en patience! Peut-être finalement qu'un Warren Buffett se cache dans «notre» Guy Laliberté. Je le leur souhaite!»

Aujourd'hui, l'action de Prestige Télécom se négocie autour des 20 cents, en hausse donc de 43% par rapport à la mi-juillet. C'est certes encore sous la barre des 25 cents l'action que Guy Laliberté a payés pour acquérir son bloc de 18 millions d'actions (en plus d'une débenture de 4,8 millions convertible à 31 cents l'action).

Mais qu'à cela ne tienne, lorsque Guy Laliberté a investi près de 10 millions de dollars de sa poche dans Prestige Télécom, il le faisait en tant qu'investisseur et non en tant que joueur de poker.

«J'ai choisi d'effectuer un placement privé au sein de cette société en ces temps financiers difficiles, car je crois que nous devons assurer un solide avenir aux entrepreneurs et actifs canadiens. De plus, je crois que Prestige Télécom a un potentiel de croissance intéressant.»

C'est dans le cadre d'un placement privé visant à recueillir les fonds nécessaires pour acquérir en décembre 2008 la firme torontoise Radian Communications Services que Guy Laliberté, René Angélil et Jacques D'Amours ont investi dans Prestige Télécom.

Et pour démontrer le sérieux de son investissement dans la télécom de Baie-d'Urfé, Guy Laliberté a désigné Robert Blain (son VP finances du Cirque du Soleil) pour le représenter au conseil d'administration de Prestige Télécom. M. Blain va notamment surveiller ses propres intérêts puisqu'il possède lui-même un bloc de 500 000 actions de la petite société montréalaise.

Qu'en est-il du «potentiel de croissance intéressant» que Guy Laliberté percevait dans Prestige Télécom? Il faut croire que le grand manitou du Cirque du Soleil a vu juste puisque Prestige Télécom vient d'annoncer un chiffre d'affaires et un bénéfice avant impôts record pour le premier trimestre de l'actuel exercice financier.

Le chiffre d'affaires du premier trimestre s'est élevé à 31,1 millions, en hausse de 166% par rapport au même trimestre de l'exercice précédent.

«Ce chiffre record, explique Pierre-Yves Méthot, reflète l'apport de Radian Services en Communication (Canada) Limitée («Radian»), ainsi qu'une forte croissance organique de chacune de ses unités d'exploitation, l'ingénierie, l'installation et la construction.»

Autre facteur reflétant la pertinence de l'acquisition de Radian: pour le premier trimestre, le BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts, amortissement) atteint un sommet de 3 millions, comparativement à 0,4 million lors de la même période précédente.

«Ces résultats démontrent clairement, selon M. Méthot, qu'avec l'intégration de Radian bien amorcée, nous avons à la fois la capacité d'offrir à nos clients des services d'infrastructure couvrant l'ensemble du cycle de vie et le modèle financier permettant de générer la rentabilité.»

Pour l'ensemble de l'exercice financier en cours, Prestige Télécom anticipe des revenus de 120 millions de dollars et un BAIIA de 12 millions. L'entreprise évolue dans un marché en forte croissance. Elle aide notamment les fabricants d'équipement d'origine et les fournisseurs de services du secteur des télécommunications à concevoir leurs infrastructures et à les installer.