Pas facile, la Bourse, quand vous êtes au nombre des gros actionnaires d'une société qui vous surprend le portefeuille avec l'annonce d'une mauvaise nouvelle!

Un exemple tout chaud: le Fonds de solidarité de la FTQ et la SGF (Société générale de financement) ont pris un méchant bouillon la semaine dernière lorsque l'action de la biopharmaceutique AEterna Zentaris, dont ils sont les deux principaux actionnaires, s'est subitement effondrée de 63%.

En une petite semaine, l'action d'AEterna Zentaris [[|ticker sym='aez'|]] est passée d'un cours de 3,11$ à seulement 1,10$. Pour le Fonds de solidarité de la FTQ, cette chute de 2$ l'action représente une perte sur papier de 19,5 millions de dollars et pour la SGF, une perte de 17,6 millions.

Le Fonds de solidarité détient actuellement près de 9,8 millions d'actions de cette petite biotech de Québec, soit 18,33% des actions en circulation. Pour sa part, la SGF (par l'entremise de sa filiale SGF Santé) possède un bloc de 8,8 millions d'actions, soit 16,57% des actions.

Chez les initiés d'AEterna Zentaris, c'est l'avocat et administrateur Marcel Aubut, l'ex-président des Nordiques, qui subit le plus gros contrecoup en voyant son bloc de 112 500 actions fondre de 225 000$ en l'espace... d'une nouvelle. Pour sa part, le président et chef de la direction de la biotech, Jürgen Engel, a vu la valeur de son bloc personnel d'actions se dégonfler de 160 000$.

On ne pourra certes pas reprocher à MM. Aubut et Engel d'avoir manqué de confiance dans le potentiel de leur entreprise en Bourse. En effet, le 2 avril dernier, Marcel Aubut a acquis sur le marché un bloc additionnel de 55 000 actions (à 1,16$ l'action). Quant à Jürgen Engel, il a acheté vers la mi-mars un bloc supplémentaire de 17 000 actions (autour de 1$).

Jusqu'à la semaine dernière, MM. Aubut et Engel devaient se trouver particulièrement bons d'avoir réussi en Bourse un sacré bon coup puisque l'action d'AEterna Zentaris avait fermé le vendredi 14 août à 3,11$ pièce.

Lendemain de week-end, et paf! la même action chute de 63%. Pourquoi?

L'effondrement d'AEterna Zentaris en Bourse est survenu à la suite de la publication, lundi dernier, de décevants résultats de recherche sur l'efficacité du médicament Cetrorelix contre l'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). L'HBP est un grossissement bénin de la prostate qui affecte plus de 20 millions d'hommes, aux États-Unis seulement.

Le dévoilement des résultats de deux études de phase 3 en hyperplasie bénigne de la prostate avec Cetrorelix a même déçu le président et chef de la direction, Jürgen Engel.

S'ajoute à cette déception la réaction du Dr Herbert Lepor, professeur et président du conseil du département d'urologie de la NY University School of Medicine à New York et instigateur principal de l'étude Z-033: «Compte tenu de notre expérience antérieure de phase 2, ces résultats étaient inattendus. Les résultats antérieurs et les données disponibles sur l'innocuité à ce jour nous avaient permis d'avoir confiance en ce traitement novateur potentiel pour l'HBP. L'important maintenant est de se tourner vers les résultats de l'autre étude d'efficacité Z-036 contre placebo.»

Les deux études de phase 3 sur le Cetrorelix ont été menées auprès de plusieurs centaines de patients répartis dans une cinquantaine de lieux aux États-Unis et au Canada, en plus de huit centres en Europe.

Quoi qu'il en soit, la forte et dramatique chute de l'action d'AEterna Zentaris laisse présager que le pire serait passé... En Bourse, s'entend. Il faut préciser ici que la compagnie avait énormément misé sur la commercialisation prochaine du Cetrorelix. Le seul marché américain pour ce genre de traitement est évalué à près de 3 milliards de dollars. On comprend mieux ici l'ampleur de la déception financière des derniers résultats de recherche sur Cetrorelix.

En mars, d'ailleurs, AEterna Zentaris avait conclu avec le géant français Sanofi-Aventis une entente pour le développement, l'enregistrement et la mise en marché du Cetrorelix à titre de traitement de l'HBP aux États-Unis.

L'entente avec Sanofi-Aventis prévoyait l'encaissement d'une somme initiale de 30 millions de dollars. Et par la suite, AEterna Zentaris devait percevoir des paiements supplémentaires de 135 millions, au fil de diverses étapes.

La direction d'AEterna Zentaris n'a pas pour autant jeté l'éponge au sujet de son médicament Cetrorelix.

Bien que les dirigeants de la biotech demeurent bouche bée devant les décevants résultats obtenus, ils rappellent cependant que les sept études précédentes laissaient entrevoir des résultats plutôt prometteurs.

D'autres résultats d'études sur l'efficacité du Cetrorelix seront dévoilés en novembre prochain.