Pas facile de se protéger contre les filous de la finance. Ils sont omniprésents. Malheureusement, lorsqu'on les découvre, il est toujours trop tard. L'argent des victimes s'est bien souvent envolé vers un de ces paradis... où l'on compte plus de sociétés à numéros que d'habitants! Autre possibilité: une grande partie de l'argent a été carrément flambé dans des placements hautement spéculatifs.

Pendant qu'à Montréal on essaye encore de comprendre comment Vincent Lacroix a réussi à détourner 130 millions presque... au vu et au su de l'Autorité des marchés financiers, le tout New York se demande encore comment la SEC (Securities and Exchange Commission), avec son armée d'enquêteurs, a-t-elle pu se faire déjouer par un Bernard Madoff. Non, mais quel manipulateur financier ce Madoff: il a réussi à arnaquer ses riches clients millionnaires de quelque 50 milliards!

On va convenir que notre nouvelle «vedette» locale de la finance, Earl Jones, ne fait pas le poids devant Madoff. Soupçonné d'avoir détourné de 30 à 50 millions des comptes de ses clients, Earl Jones n'en brise pas moins la vie de ces derniers, lesquels voient ainsi partir en fumée les épargnes d'une vie de travail. M. Jones travaillait «illégalement» puisqu'il ne détenait aucun permis de l'Autorité des marchés financiers pour exercer ses fonctions de conseiller financier.

La question de l'heure sur toutes les tribunes médiatiques: comment peut-on se protéger contre la fraude financière? C'est tout un défi.

«Chaque année, au Canada, des milliers d'investisseurs sont victimes de manoeuvres illégales qui rapportent à leurs auteurs des milliards de dollars.»

Vous avez bien lu: on parle de milliards de dollars de fraude financière, et ce, chaque année, seulement au Canada. Qui avance ces gros chiffres? L'Autorité des marchés financiers (AMF) dans l'une de ses brochures destinées à aider les épargnants québécois dans leurs placements.

L'arnaque de Vincent Lacroix (Norbourg) a fait couler beaucoup d'encre ces dernières années. Elle a démontré à quel point les investisseurs étaient vulnérables et mal protégés contre la fraude financière. Comme le Groupe Norbourg de Vincent Lacroix n'était dans les faits qu'une petite société de placements, bien des investisseurs et des épargnants se croient aujourd'hui à l'abri des mauvais placements en faisant strictement affaires avec des grandes institutions financières (comme les banques, les grandes familles de fonds communs, les maisons de courtage, etc.).

Les investisseurs ont malheureusement la mémoire sélective.

J'aimerais leur rappeler une réalité de la finance. Ce n'est pas parce qu'un conseil provient du personnel d'une grande institution financière que c'est automatiquement un bon conseil. Et ce n'est pas parce qu'une institution et ses conseillers détiennent leurs permis de l'AMF que c'est un gage de protection de vos valeurs. Des exemples?

De réputés analystes de grandes maisons de courtage avaient recommandé l'achat de l'action de la société aurifère Bre-X, sous le prétexte que la société avait, en 1995, découvert dans la jungle indonésienne le plus important gisement d'or du XXe siècle.

L'action de Bre-X a connu une ascension fulgurante, passant du penny stock de 10 ou 20 cents à 260$ l'action. En mai 1997, le titre de Bre-X fut suspendu, après avoir révélé que le fabuleux gisement indonésien ne renfermait finalement aucune réserve significative du précieux métal jaune.

Les actionnaires ont vu la valeur boursière de Bre-X fondre de six milliards de dollars. Les «brillants» analystes s'étaient fait duper...

Que dire également des nombreuses recommandations des analystes des maisons de courtage sur le titre de Nortel alors qu'il se négociait en 2000 tout près de son zénith à 1240$ l'action (elles ont été regroupées à raison de 10 pour 1). Après avoir fait l'objet de manipulation comptable, le titre ne vaut plus rien aujourd'hui.

Toujours dans la plus grande «légalité», combien avez-vous perdu d'argent en 2008 avec vos placements en Bourse et dans les fonds communs de placement? Est-ce que votre conseiller en placement vous avait recommandé d'encaisser une partie des profits que vous aviez accumulés sur papier avec vos valeurs boursières avant l'effondrement de la Bourse? Combien avez-vous perdu d'argent avec les «précieuses» recommandations de votre conseiller financier?

J'aimerais rappeler que le merveilleux monde de la finance légale nous a fait perdre en 2008 quelque 20 000 milliards de dollars juste en Bourse. À cause de quoi? En partie à cause d'une crise produite par le laisser-aller des grandes institutions financières et de leurs hauts dirigeants.

Oui, nous sommes vulnérables. Non seulement se fait-on parfois plumer le portefeuille en toute légalité, mais en plus il faut surveiller ses arrières financiers pour ne pas se faire arnaquer le portefeuille par des filous à la Vincent Lacroix, Bernard Madoff et autres escrocs.

Des conseils anti-fraude?

-Répartissez vos épargnes dans des institutions financières reconnues par l'Autorité des marchés financiers (AMF) ou d'autres organismes de régulation financière. Lorsque le capital dépasse les 100 000$, il est recommandé de répartir ses placements dans au moins deux ou même trois établissements différents.

-Ne faites jamais affaire avec des conseillers financiers non enregistrés auprès de l'AMF.

-Ne vous fiez pas aux recommandations formulées sur l'internet par les participants aux groupes de discussion. Des investisseurs peu scrupuleux peuvent se servir de ces forums de discussion pour promouvoir des titres à leur profit personnel.

-Évitez d'acquérir des placements où on vous «garantit» un rendement de 5% ou plus.

-N'investissez pas dans des placements à rendement potentiellement miraculeux. Le rendement sera peut-être miraculeux, mais pas pour vous!

-Des placements faits à la cachette du fisc... c'est non seulement illégal mais extrêmement dangereux pour vos épargnes.

Un dernier conseil d'usage:

Vérifiez sérieusement et sans exception tous vos relevés de comptes: courtage, fonds communs de placement, cartes de crédit, comptes bancaires...

Je vous le dis, juste là, il y a de l'argent à faire!