D'une façon ou de l'autre, comme travailleurs, consommateurs, contribuables, investisseurs, entrepreneurs, retraités, propriétaires, nous avons tous été touchés par la pire crise économique et financière à survenir depuis la Grande Dépression des années 30.

Dans ces conditions, il n'est pas surprenant de se demander quand on verra enfin la lumière au bout du tunnel. La réponse n'est pas facile: cette crise est sans précédent.

Pourtant, certaines lueurs d'espoir commencent à poindre à l'horizon.

Uniquement dans la journée d'hier, nous avons eu droit à trois signaux encourageants.

D'abord, l'indice de confiance des consommateurs. Chaque mois, le Conference Board effectue un sondage auprès de 2000 consommateurs canadiens. On leur demande notamment de dire comment ils entrevoient leur situation financière dans les prochains mois, quelle est leur perception à court terme du marché du travail, et s'ils considèrent que le moment est bien choisi pour faire un achat important, comme une maison ou une voiture.

Les réponses sont reportées sur un indice (dont la valeur a été établie à 100 en 2002). Quand l'indice monte, c'est bon signe: la confiance des consommateurs augmente, et cela a des chances de se traduire par une hausse des dépenses dans un proche avenir.

Ce n'est pas rien quand on sait que les dépenses des consommateurs, à elles seules, font rouler les deux tiers de l'économie.

Comme on s'en doute, l'indice de confiance du Conference Board a connu une chute spectaculaire l'an dernier: de 96 points en janvier 2008, il est tombé à 68 points l'automne dernier, au plus violent de la crise. La bonne nouvelle, c'est qu'il remonte lentement mais sûrement depuis le début de 2009. Hier, on a annoncé une hausse de 0,7 point. Ce n'est pas très fort, mais il faut savoir que c'est la quatrième hausse mensuelle consécutive. L'indice se situe maintenant à 82 points, encore loin de son niveau de janvier 2008, mais en très claire amélioration par rapport à son creux de l'an dernier: en fait, il a déjà repris la moitié du terrain perdu.

L'enquête nous apprend aussi que 52% des répondants n'entrevoient aucun changement dans leur situation financière. Chez les autres, 27% s'attendent à une amélioration, comparativement à 13% qui entrevoient une détérioration. C'est le plus bas niveau de pessimisme depuis avril 2008, donc avant la crise. Que les optimistes soient maintenant deux fois plus nombreux que les pessimistes ne peut que constituer une excellente nouvelle. Le Conference Board n'hésite pas à conclure: «Les consommateurs voient enfin la lumière au bout du tunnel.»

Deuxième signal encourageant: l'indice de l'habitation Desjardins. Les économistes du Mouvement Desjardins ont mis au point un indice qui tient compte de quatre composantes: mises en chantier (plus il en a, mieux c'est), permis de bâtir (un indicateur avancé fiable), taux hypothécaires (plus ils grimpent, plus cela risque de ralentir les transactions) et marché de la revente (excellent baromètre de l'activité immobilière et de la rénovation). Lorsque l'indice est en hausse, c'est une bonne nouvelle: on considère que l'indice permet de prévoir, avec trois à six mois d'avance, le comportement du marché résidentiel.

Or, hier, Desjardins annonçait que son indice a connu une hausse appréciable de 5,5% en mai. Mieux: il s'agit du cinquième mois consécutif de croissance. Certes, la crise n'a pas ravagé le marché immobilier québécois avec autant de brutalité qu'ailleurs, mais il y a eu des dégâts quand même. Ouf, c'est peut-être fini. L'augmentation soutenue de l'indice «laisse présager que le ralentissement du secteur résidentiel au Québec tire à sa fin», observent les spécialistes de Desjardins.

Enfin, également hier, le quotidien torontois Globe and Mail publiait les résultats d'une intéressante enquête montrant que l'optimisme a maintenant gagné les milieux d'affaires. Il s'agit d'un revirement spectaculaire par rapport à février dernier.

L'enquête a été menée auprès de 157 hauts dirigeants de grandes entreprises canadiennes. Lorsqu'on leur demande leurs prévisions sur le comportement de l'économie canadienne au cours des 12 prochains mois, plus de la moitié des répondants, 55%, s'attendent à une amélioration, comparativement à 45% qui entrevoient une détérioration. En février, il y a à peine quatre mois, les optimistes ne comptaient que pour 11%, et les pessimistes pour 89%.

Bonnes nouvelles aussi sur le front de l'emploi: 37% des employeurs prévoient embaucher du personnel au cours de la prochaine année, 50% ne prévoient aucune mise à pied, seulement 13% envisagent des réductions de personnel.

Enfin, 26% des dirigeants d'entreprise pensent que l'économie renouera avec la croissance d'ici six mois. En février, seulement 5% des répondants pensaient la même chose.

Il serait hautement imprudent de conclure de tout cela que l'économie canadienne est sortie du bois. Mais après un automne déprimant, un hiver morose et un printemps en dents de scie, ces signaux encourageants ne peuvent être que les bienvenus.