«Que feriez-vous avec un FERR de 165 000$ qui dort chez mon courtier à escompte à 0 % d'intérêt? J'aurai 75 ans dans 2 mois...», me demande J.G. par courriel.

C'est « la » question de l'heure du retraité-type. Le problème?

Depuis le déclenchement de la fabuleuse crise financière, les épargnants conservateurs sont condamnés à courir des risques élevés s'ils veulent se donner la chance d'obtenir un rendement de 4 % ou plus.

Pourquoi ? Parce que le rendement des placements conservateurs a littéralement fondu à la suite de la baisse généralisée des taux directeurs des banques centrales, comme la Banque du Canada, la Réserve fédérale, etc.

Les obligations d'épargne, les CPG (certificats de placement garanti), les obligations gouvernementales (fédérales, provinciales, municipales, sociétés d'État), les bons du Trésor... ne rapportent plus qu'un minuscule rendement, variant de 0,5 à 1,5 % pour le terme d'un an à quelque 1,9% à 3% pour le terme de cinq ans. Les fonds de marché monétaire ? Oubliez cela, la majorité d'entre eux ne rapporte même pas du 1%.

Y a-t-il moyen de bonifier le rendement de ses placements conservateurs sans courir le moindre risque ? Non.

Comme les taux d'intérêt sont historiquement à un niveau plancher, le prochain mouvement ne pourra se diriger que vers... le haut. Le hic? Si on se fie au gouverneur de la Banque du Canada, la hausse des taux ne surviendrait pas avant plusieurs trimestres.

Un conseil : que les épargnants ultra conservateurs prennent leur mal en patience et se contentent d'investir leurs épargnes dans des placements court terme, encaissables dans un an ou moins... Le rendement offert sur les placements sûrs échéant dans plus d'un an est tellement faible qu'il ne vaut absolument pas la peine de geler ses épargnes pour si peu.

Dans la catégorie des placements sûrs, on retrouve aussi les bons du Trésor, les obligations gouvernementales et coupons détachés des dites obligations gouvernementales. Il faut miser sur le court terme car dès le retour à la hausse des taux d'intérêt, le marché obligataire risque d'en arracher. En effet, je vous rappelle que la valeur marchande des obligations négociables (gouvernementales, corporatives, sociétés d'État, etc.) fluctuera à la baisse lorsque les taux d'intérêt grimperont.

Entrons maintenant dans le giron des placements à risques.

Les épargnants auront constaté que le rendement d'intérêt offert sur les obligations d'entreprises est nettement plus généreux que le rendement offert sur les obligations gouvernementales. Pourquoi? Tout simplement parce que les obligations émises par les sociétés présentent un risque relativement élevé par rapport aux obligations gouvernementales.

Au lieu des obligations corporatives, est-ce plus sécuritaire d'investir dans l'achat d'actions privilégiées à rendement élevé de dividende? Absolument pas. Si vous recherchez des actions à dividendes élevés (4 à 6%), je préconise plutôt les actions ordinaires (exemples : banques, services publics). La raison? En plus d'obtenir un dividende élevé, vous avez la chance de réaliser un gain en capital. Autre placement risqué qui rapporte des «dividendes» élevés: les fiducies de revenu, dont plusieurs offrent plus de 10%.

Une vérité boursière : dans un secteur donné, plus une société offre un dividende élevé par rapport à ses pairs, plus elle présente un risque élevé. Tenez-vous-le pour dit!

La récente crise boursière a démontré hors de tout doute à quel point il est risqué de « jouer » à la Bourse et ce, même avec les actions des plus grandes sociétés au monde, lesquelles ont fondu en moyenne de 35% en 2008.

Après la descente aux enfers des deux premiers mois de l'année, on aura d'autre part constaté à quel point la Bourse peut se redresser rapidement lorsqu'un soupçon d'optimisme regagne le portefeuille des spéculateurs.

À preuve, l'indice-vedette des 60 grandes entreprises inscrites à la cote de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX 60, affiche maintenant un gain de quelque 18% par rapport au début de l'année. Au cours du seul mois de mai, il a engrangé une hausse de 12%.

Pendant que la Bourse affiche de lucratifs gains, c'est maintenant le marché obligataire (des obligations négociables) qui en arrache. Alors qu'il avait grimpé de 8,6% en 2008, l'indice canadien des obligations à court terme (DEX Short Term Bond Index) présente une modeste hausse de 1,8% depuis le début de l'année. Il a même perdu du terrain en mai, affichant un recul de 0,45%.

Pour sa part, l'indice le plus représentatif du marché obligataire canadien, soit le « DEX Universe Bond Index », doit se contenter d'un minus gain de 0,91% pour les cinq premiers mois de l'année. Il a même reculé de 0,6% en mai.

Cela m'amène maintenant à vous dire quelques mots sur les portefeuilles équilibrés, composés d'actions (jusqu'à 50%), d'obligations (jusqu'à 45%) et de valeurs court terme liquides (jusqu'à 5%).

Si vous détenez des parts de fonds communs de placement dits équilibrés, vous devriez retrouver le sourire lorsque vous prendrez connaissance de votre relevé du mois de mai. Selon les fonds équilibrés, les gains varient de 3,0 à 14,0%. La moyenne tourne autour des 5 à 6%.

Par contre, détenir un portefeuille équilibré ne nous met pas à l'abri des crises financières. Cela exige un degré assez élevé de tolérance au risque. C'est malheureusement le prix à payer pour se donner la chance d'obtenir un rendement potable.

Si votre tolérance aux risques est nulle, attendez le retour à la hausse des taux d'intérêt. Point à la ligne.