L'immobilier américain est au plus mal, indique un dernier bilan de l'industrie. Mais une embellie se dessine, insistent des experts. Même que des constructeurs, pourtant bien mal en point, retrouvent le moral.

Mille neuf cent quatre-vingt-onze. Une sévère récession tétanise les États-Unis: la consommation diminue, le chômage grimpe et les prix des maisons sont en forte baisse.

Mais, avec la glissade des taux d'intérêt, un regain de confiance des ménages et, surtout, la réalisation que le marché de l'habitation regorge d'aubaines, l'industrie immobilière - revente et construction - finira par se remettre en marche.

Si bien que la première économie au monde émergera de la récession, lentement mais sûrement...

C'était il y a près de deux décennies. Or, le scénario d'une répétition de ces événements, au cours de la prochaine année, nourrit actuellement les espoirs de quelques acteurs de l'immobilier aux États-Unis.

Ceux-ci se basent notamment sur une nouvelle étude de la banque Wells Fargo et de l'association des constructeurs américains (NAH), laissant croire que le marché de l'habitation est finalement au creux de la vague.

Une donnée en particulier attire l'attention: selon cette étude, une maison moyenne aux États-Unis se vend actuellement, en termes relatifs, au prix le plus bas depuis 18 ans, soit depuis cette dure récession de 1991-1992.

Près des trois quarts (73%) des maisons vendues durant le premier trimestre de 2009, chez nos voisins du Sud, ont été cédées à des prix jugés «abordables». Ce qualificatif est important car il signifie qu'une famille américaine, ayant un revenu total de 64 000$US, peut acheter une maison sans consacrer plus de 28% de son budget aux frais de logement.

Autrement dit, on peut (re) devenir propriétaire sans s'étrangler financièrement comme beaucoup d'Américains l'ont fait durant le boom immobilier du début des années 2000.

Signes de reprise

L'«abordabilité» de l'habitation américaine contribue à redonner espoir à ceux qui ont été les plus touchés par la crise du crédit.

Le constructeur américain Toll Brothers, qui accuse pourtant une chute de 51% de son chiffre d'affaires au deuxième trimestre, affirme percevoir des signes de reprise dans son secteur.

Jeudi, la société spécialisée dans la construction de résidences haut de gamme a dit avoir vendu 648 maisons, pour une somme totale de 398,3 millions US, de février à la fin avril. Bien que le nombre de transactions ait plongé de 47% en un an, il est deux fois plus important que le chiffre du premier trimestre.

Le PDG Robert Toll a même déclaré qu'il voyait «quelques raisons d'être modérément optimiste», soulignant que les acomptes déposés par les clients avaient dépassé durant sept des neuf dernières semaines les sommes versées un an plus tôt.

Voilà une bouffée d'air frais après le bilan déprimant de l'industrie, dévoilé deux jours plus tôt. Les mises en chantier et les permis de construire aux États-Unis sont en effet tombés, contre toute attente, à des creux records en avril, allant à l'encontre des espoirs d'une stabilisation du marché.

Les mises en chantier ont reculé de 13% à 458 000, leur plus bas niveau depuis janvier 1959. Sur un an, elles chutent de 54%.

Le nombre de permis de construire s'est inscrit en baisse de 3,3%, à 494 000 unités, son plus bas depuis la mise en place de la statistique en janvier 1960. Ces permis ont chuté de moitié sur un an.

Malgré tout, des analystes entrevoient un rayon de lumière dans la grisaille actuelle.

Les mises en chantier de maisons individuelles, le principal du marché du logement américain, ont progressé de 2,8% en avril, après un faible gain de 0,3% en mars. Aussi, le moral des constructeurs remonte pour le deuxième mois consécutif, selon une autre étude de la banque Wells Fargo.

Le bilan de santé de la construction n'est certes pas encourageant. Mais la firme américaine Knight Equity Markets résume bien l'analyse que fait le camp des optimistes.

En gros, on estime que la chute des permis de construire pourrait préparer le terrain à un rebond ultérieur. «Le premier pas pour soigner l'immobilier est d'absorber les stocks (d'invendus). Il y a tellement de stocks que plus tôt on cessera de construire et on puisera dans les stocks existants, mieux on se portera par la suite», estime la firme dans une étude.

Bref, l'immobilier américain va reculer davantage, mais c'est pour mieux rebondir. Le plus tôt sera encore mieux.