La Chine va de mieux en mieux au plan économique. Tout comme ses partenaires commerciaux, de l'Indonésie jusqu'au Brésil. Le Dragon chinois va-t-il sauver seul l'économie mondiale?

En dévoilant ses résultats du premier trimestre, il y a quelques jours, l'équipementier industriel Caterpillar a confirmé ce que plusieurs redoutaient: les affaires du géant américain sont au ralenti à l'échelle mondiale. Mais il y a une exception notable en Orient.

Le PDG de Caterpillar, James Owen, a révélé que les ventes d'excavatrices en Chine étaient revenues à des records, après avoir plongé cet hiver. La raison: le plan de relance économique de 700 milliards CAN, que Pékin a mis de l'avant en décembre, commence à porter ses fruits. Les chantiers se multiplient dans le paysage chinois, ce qui a un impact jusque dans les usines américaines du groupe.

L'aciériste indo-luxembourgeois Arcelor Mittal a tenu des propos similaires, récemment, en soulignant que la demande d'acier est «à la hausse» en Chine.

De la Mongolie à l'Indonésie ou aux États-Unis en passant par le Brésil, on fait partout le même constat: non seulement le regain de vie de l'économie chinoise est réel, mais il a des effets bénéfiques sur plusieurs pays.

Le monde en profite

Les proches partenaires commerciaux de la Chine sont évidemment les mieux placés.

Les exportations de Singapour sur le marché chinois, par exemple, ont bondi de 29% en mars. Celles du Japon, de la Corée-du-Sud et de Taiwan vers l'empire du Milieu sont également en hausse.

Si bien que les géants de l'automobile Nissan (Japon) et Hyundai (Corée-du-Sud) prévoient maintenant accroître leurs ventes en Chine.

«Il se passe quelque chose de significatif (en Chine), affirme Robert Prior-Wandesforde, économiste à HSBC Holdings Plc, cité par l'agence Bloomberg. «Les effets du plan de relance, des réductions de taux d'intérêt, de la politique monétaire donnent des résultats.»

La Chine multiplie en effet les signes encourageants. Secteur clé de l'économie, la production manufacturière est repartie à la hausse en avril, a-t-on appris la semaine dernière.

Un important indice des directeurs d'achat du secteur manufacturier a atteint 50,1 le mois dernier, contre 44,8 en mars. Un premier gain en neuf mois. Ce résultat a d'ailleurs donné un nouvel élan aux Bourses mondiales ces derniers jours.

Aussi, la firme Goldman Sachs n'a pu s'empêcher de relever - de 6 à 8% - sa prévision de croissance de l'économie chinoise en 2009.

Le Brésil jubile

Or, ce qui étonne le plus avec la relance chinoise, c'est qu'elle a des échos dans les coins les plus reculés du globe.

Mardi dernier, le Brésil a annoncé que son surplus commercial avait atteint un sommet de 11 mois en avril. Et le gouvernement brésilien a pris soin de noter que la reprise en Chine accroît la demande pour les ressources naturelles du plus grand pays sud-américain.

Et surprise! La Chine vient de remplacer les États-Unis au titre de premier marché d'exportation du Brésil, pour les quatre premiers mois de 2009. Les expéditions brésiliennes vers le géant asiatique ont enregistré un bond spectaculaire de 65% en un an. Par comparaison, les exportations vers les États-Unis ont chuté de 35%.

Un sauveur?

Évidemment, cela soulève une question: le Dragon chinois peut-il seul insuffler une nouvelle vie à la planète économique? Malheureusement non.

Certes, la remise en marche de l'industrie chinoise est une «bonne nouvelle», car celle-ci augmente la demande de matières premières. La Chine peut donc être un «catalyseur», explique dans une étude Laurence Boon, chef économiste à Barclays Capital... mais à condition d'être accompagné d'une reprise aux États-Unis.

Seule, l'économie chinoise a un impact limité sur le reste du monde.

L'un des problèmes est que l'économie chinoise est encore relativement fermée. Sa part dans les importations mondiales ne s'élevait qu'à 6,5% en 2007, faute d'un nombre important de consommateurs assoiffés ou assez riches.

De plus, le poids de la Chine dans l'échiquier international est encore peu significatif. La Chine ne pèse que 7% du PIB mondial en 2008, contre 23% pour les États-Unis et 32% pour l'Union européenne.

«Le consommateur moyen chinois ne peut remplacer le consommateur moyen américain pour ce qui est de son pouvoir d'achat», souligne M. Boone.

En attendant, la Chine joue un rôle limité mais grandissant. Sans être un puissant moteur de croissance, elle est devenue, à tout le moins, un symbole de la sortie de crise. C'est déjà beaucoup en cette période de grisaille.