La Caisse de dépôt et placement du Québec n'investira pas dans le Canadien de Montréal, pas plus qu'elle ne prêtera des fonds à un acquéreur de l'équipe de hockey, comme elle l'avait fait pour l'Américain George Gillett.

C'est ce qu'a indiqué le ministre des Finances, Raymond Bachand, en marge de la comparution des dirigeants de la Caisse devant la commission des finances publiques, lundi soir à Québec. «Ce ne sera pas la Caisse», a insisté le ministre.

 

Il s'agit d'un revirement pour Raymond Bachand, qui avait évoqué la possibilité que la Caisse ou la Société générale de financement (SGF) offre une aide financière à d'éventuels acheteurs québécois du Tricolore.

«Je parlais d'Investissement Québec et de la SGF. Pas de la Caisse. J'ai glissé ce mot-là à ma première journée (comme ministre des Finances), mais ce n'est pas dans mon intention.»

Contrairement à son prédécesseur, Monique Jérôme-Forget, qui ne voulait rien entendre d'une participation de la Caisse au rachat de l'équipe de hockey, le ministre Bachand a rapidement voulu prêter secours aux gens d'affaires du Québec qui lorgnent le Tricolore. Et ce, pour s'assurer que l'équipe centenaire reste à Montréal.

Il faut se rappeler que, du temps où Raymond Bachand portait seulement la casquette du Développement économique, il avait déclaré, devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain, qu'il misait sur la notoriété du Canadien pour promouvoir l'image de Montréal à l'étranger.

Raymond Bachand faisait aussi partie du groupe d'hommes d'affaires de Québec inc. qui avait tenté, sans succès, de relancer l'équipe de baseball les Expos à Montréal.

Lorsque la mise en vente du Canadien de Montréal s'est confirmée, ce printemps, la participation de la Caisse a immédiatement été évoquée à Québec. Pauline Marois, chef de l'opposition officielle, y voyait un «investissement intéressant». Même le nouveau président du conseil de la Caisse, Robert Tessier, n'avait pas fermé la porte à cette éventualité lorsque joint par La Presse Canadienne.

Étant donné le précédent créé en 2001, lorsque la Caisse a prêté 140 millions de dollars à George Gillett pour que celui-ci mette la main sur le Tricolore et le Centre Bell, certains jugent que Québec ne peut faire autrement que de participer, d'une façon ou d'une autre, au rachat du Canadien.

Toutefois, la situation a bien changé depuis 2001. Le gouvernement libéral, qui a réformé la gouvernance à la Caisse de dépôt, affirme sur tous les toits que l'institution financière est indépendante du gouvernement. Demander à la Caisse d'investir dans le Tricolore minerait la crédibilité du plus grand gestionnaire de fonds du Québec, qui a déjà été entachée par le processus de nomination de Michael Sabia à la présidence.

Et puis, la société Quebecor est maintenant sur les rangs pour acquérir le Canadien de Montréal, étant donné les synergies évidentes entre ses activités médias, l'équipe de hockey et le Centre Bell. Or, comme la Caisse est actionnaire à hauteur de 45,3% dans la filiale Quebecor Media, son impartialité pourrait être mise en doute.

Par l'entreprise des sociétés d'investissement qui sont sous la férule du gouvernement, le ministre Bachand est maintenant disposé à consentir un prêt pouvait atteindre 100 millions de dollars aux acquéreurs du Canadien.

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