En raison de la déconfiture boursière, nombre de contribuables échaudés ont décidé de ne pas contribuer cette année à leur REER... Pas sûr du tout qu'il s'agisse d'une décision judicieuse!

Si vous avez accumulé des droits de cotisation au REER et que vous payez de l'impôt, je vous le répète, vous faites une erreur en refusant d'investir dans votre REER.

 

Pourquoi? Parce que, au lieu de verser l'argent de vos impôts dans les coffres des gouvernements fédéral et provincial, vous le verseriez, en grande partie du moins, dans votre propre «caisse» de retraite, c'est-à-dire votre REER. Alors pourquoi ne pas profiter de l'une des rares largesses gouvernementales pour vous enrichir?

En tout cas, réfléchissez-y. Il vous reste encore quelques heures pour changer d'avis... en cette dernière journée de blitz REER.

Je vous accorde que l'année 2008 fut particulièrement... «appauvrissante» pour tous ceux qui détiennent des actions de compagnies ou des parts de fonds communs, diversifiés ou équilibrés.

Il suffit de jeter de nouveau un coup d'oeil aux statistiques compilées par la firme Morneau Sobeco sur la performance réalisée en 2008 par les gestionnaires de fonds communs et de caisses de retraite pour comprendre la frayeur des petits investisseurs devant l'évolution des marchés financiers.

Les gestionnaires de fonds diversifiés (en bons du Trésor, en obligations, en actions canadiennes et étrangères) ont fait état en 2008 de pertes médianes de 16,5%. Du côté des fonds d'actions canadiennes, les pertes médianes s'élèvent à 32,4%, comparativement à 22% pour les fonds d'actions américaines.

Par ailleurs, loin de s'atténuer, la crise financière s'est même amplifiée depuis le début de 2009. Dans le cadre du présent cycle baissier, l'amplification de la crise a eu pour effet d'entraîner les marchés boursiers vers de nouveaux creux. Conséquence: au début de la semaine dernière, les Bourses canadiennes et américaines accusaient des pertes de 15% à 19% par rapport à la fin de l'année 2008, laquelle s'était terminée avec des pertes monstres de plus de 33% pour le S&P/TSX composite de la Bourse de Toronto et de 37% pour le S&P 500 de la Bourse de New York.

Vous allez me dire que le rappel de ces statistiques boursières est pour le moins déprimant...

Faux! Je trouve cela, au contraire, plutôt encourageant, en cette fin de campagne REER. Mais oui: plus les marchés sont déprimés, plus ceux qui osent investir en ce moment ont des chances de succès.

Et pas besoin de se casser la tête avec la sélection de titres particuliers. La recette pour profiter de l'actuelle déprime boursière? Il suffit simplement d'acheter sur le marché canadien les iShares (fonds négociés en Bourse) des grands indices boursiers du Canada, des États-Unis ou des autres Bourses étrangères. Le iShares qui représente la Bourse canadienne se négocie sous le symbole boursier XIU (le clone du S&P/TSX 60). Le iShares qui copie la Bourse américaine se transige sous le symbole XSP (clone du S&P 500), et celui qui regroupe les autres grandes places étrangères (Europe, Australasie, Extrême-Orient) se négocie sous le symbole XIN (clone du MSCI EAFE).

Ces iShares s'achètent et se vendent par l'entremise des maisons de courtage (de plein exercice ou à escompte), comme pour les actions. Mêmes commissions, mêmes conditions. Vous pouvez acheter et vendre aussi souvent que vous le désirez. Et autre atout pour les investisseurs actifs: ces iShares sont très liquides, c'est-à-dire facilement achetables et vendables.

Vous préférez investir dans des fonds diversifiés (également appelés équilibrés)? Voici une sélection de fonds qui se sont relativement bien débrouillés au fil des 10 dernières années. Si la performance semble actuellement modeste, c'est à cause de l'impact extrêmement négatif de la déconfiture de 2008 sur les résultats accumulés dans les années antérieures.

La liste des fonds, avec leur rendement annualisé sur 10 ans, au 31 décembre dernier: RBC revenu mensuel (6,8%); AIM équilibré (6,4%); Fidelity équilibré (6,3%); Dynamique FocusPlus équilibré (6,2%); Fonds de revenu et de croissance Harbour (5,8%); GWL Croissance et revenu AFS (5,3%); BMO allocation actif (4,8%); Desjardins équilibré Québec (4,2% depuis sa création, en 2002); Altamira équilibré - Banque Nationale (3,1%); Fonds de revenu équilibré TD (3,9%); CIBC équilibré (2,2%); Scotia canadien équilibré (2,1%).

Concernant les populaires CPG (certificat de placement garanti) et billets boursiers à capital garanti, dont le rendement est lié à la performance des indices boursiers, je ne les conseille pas cette année. Pourquoi? Parce que ces placements ne sont pas liquides et que, en conséquence, vous ne pourrez pas encaisser vos futurs profits quand bon vous semblera. Il faut attendre l'échéance. Les marchés boursiers sont devenus trop volatils (à la hausse comme à la baisse). La grande majorité des CPG et billets boursiers liés aux indices avaient accumulé des gains importants jusqu'à l'été dernier. Malheureusement, leurs détenteurs n'ont pu s'en départir lorsque les marchés se sont mis à reculer fortement. Aujourd'hui, ils se retrouvent certes avec leur capital garanti, mais sans aucun espoir de rendement.

Si vous préférez miser sur la sécurité et la tranquillité d'esprit, certaines institutions bancaires offrent des certificats intéressants.

Je fais référence aux CPG à taux progressif de la CIBC et de la Banque TD Canada Trust, qui rapportent tous les deux un rendement moyen de 4% sur cinq ans. Banque Nationale en a un à rendement moyen de 3,9%. ING Direct offre un CPG de cinq ans à 4%. Épargne Placement Québec: un petit 3,5% pour le terme de cinq ans. Banque Scotia: un terme de 30 mois à 3,5%. Quant aux autres institutions financières, invoquez la «générosité» de la concurrence pour les forcer à vous offrir un rendement équivalent!

Le Fonds de solidarité de la FTQ et Fondaction de la CSN? Le prix des actions actuellement vendues remonte au 30 novembre dernier. Depuis, la crise financière s'est amplifiée. Tous les portefeuilles des caisses de retraite se sont détériorés. Les deux fonds de travailleurs font-ils exception? Chose certaine, il faut vraiment être proche de sa retraite (deux ou trois ans) pour pleinement profiter du coussin de sécurité des crédits d'impôt de 30% qu'ils offrent.