Une somme de 447$. Voilà la prestation hebdomadaire maximale qu'un chômeur peut encaisser de l'assurance emploi en 2009. S'il répond correctement aux critères, il pourra recevoir ses prestations d'assurance emploi durant une durée maximale de 50 semaines.

Ce qui lui rapportera une somme maximale de 22 350$, imposable. Ce montant représente 53% du salaire annuel maximal (42 300$) qui est assurable aux fins de l'assurance emploi. Toute rémunération additionnelle n'est pas assurable. Par contre, moins le salaire d'un travailleur est élevé, plus faibles seront les prestations d'assurance emploi auxquelles il aura droit.

 

Fait important: avant de commencer à toucher ses prestations, notre chômeur devra toutefois se quêter de quoi manger durant les deux premières semaines. C'est le délai de carence que tout chômeur doit obligatoirement subir, avant d'accéder aux prestations d'assurance emploi.

Pis encore, ce n'est pas tous les travailleurs mis à pied qui peuvent bénéficier de l'assurance-emploi. Pour bénéficier du régime, il faut avoir travaillé durant un nombre minimum d'heures au cours des 52 dernières semaines, lequel minimum joue de 420 à 700 heures, selon la région habitée et son taux de chômage.

À elle seule, cette condition a pour conséquence de restreindre l'accès à l'assurance emploi à moins de trois chômeurs sur cinq. Dans certaines régions, c'est un chômeur sur deux qui n'a pas accès à l'assurance emploi, faute de pouvoir répondre aux critères restrictifs.

Les chômeurs exclus du régime d'assurance-emploi doivent à ce moment-là se tourner vers l'aide de dernier recours (communément appelée aide sociale) que les provinces, comme le Québec, offrent aux plus démunis de la société. Dans un tel cas, un chômeur québécois devra vivre avec des prestations mensuelles d'environ 589$, soit quelque 7000$ par année.

Bloquistes, néo-démocrates, dirigeants syndicaux et groupes sociaux trouvent que les nouvelles mesures annoncées dans le budget du gouvernement Harper pour venir en aide aux chômeurs sont nettement insuffisantes.

Ils estiment que le prolongement de cinq semaines de la durée maximale des prestations (de 45 à 50 semaines) et l'élargissement de l'accès à la formation des chômeurs ne représentent qu'une mince amélioration du régime d'assurance emploi. Chacune de ces deux mesures temporaires (pour deux ans seulement) entraîne un débours additionnel de 1,9 milliard de dollars.

C'est bien, mais aux yeux des défenseurs de la cause des chômeurs, il aurait fallu que le gouvernement Harper introduise les changements suivants: abolition immédiate du délai de carence de deux semaines; assouplissement majeur des conditions d'admissibilité de sorte à permettre à tous les travailleurs ou presque d'accéder à l'assurance emploi comme c'était le cas avant les coupes considérables de 1993; prolongement majeur de la durée maximale des prestations; création d'un programme de soutien pour les travailleurs âgés; augmentation de 55 à 60% du taux de prestation calculé sur les meilleures semaines de la période de référence.

Compte tenu de l'ampleur de la crise financière, la plus sévère depuis la Dépression des années 1930, des dizaines de milliers de travailleurs additionnels vont perdre leur job d'ici la fin de la récession au Canada. Juste en novembre et décembre, quelque 105 000 emplois ont été perdus au pays.

La situation risque davantage de se détériorer au fil des prochains mois, et ce malgré le plan fédéral de relance économique de 40 milliards sur deux ans. On n'a qu'à jeter un coup d'oeil de l'autre côté de la frontière, pour se rendre compte à quel point la crise frappe fort les travailleurs.

Le nombre d'Américains au chômage approche des cinq millions, un triste record de tous les temps!

Au nombre des plus grandes victimes de la présente crise qui sévit à l'échelle de la planète, on retrouve justement en haut de liste les travailleurs qui perdent leur emploi en raison des mises à pied massives dans divers secteurs de l'économie.

Pour démontrer sa générosité envers les travailleurs et les entreprises, le gouvernement Harper a en outre décidé de geler le montant des cotisations à l'assurance emploi durant les deux prochaines années.

Ce gel privera le régime d'assurance emploi d'un revenu additionnel de 4,5 milliards.

Précisons ici que cela faisait plus de 10 années de suite que le gouvernement fédéral encaisse de lucratifs surplus avec les cotisations d'assurance emploi chargées aux travailleurs et aux entreprises!

Que reprochent au gouvernement fédéral les porte-parole des groupes de défense des chômeurs? Ils lui reprochent d'avoir remboursé pendant plusieurs années la dette fédérale à même les dizaines de milliards de surplus de cotisations d'assurance emploi versées annuellement par les travailleurs.

On parle d'une ponction de 53 milliards juste pour les années 2002, 2003 et 2005. Après avoir siphonné si abusivement les coffres de l'assurance emploi, il leur apparaissait normal que le gouvernement fédéral assouplisse grandement le régime d'assurance emploi dans le dessein de permettre à tous les travailleurs victimes de la crise de mieux survivre.