Alors qu'on s'attendait à une désastreuse contre-performance, voilà que le Fonds de solidarité FTQ réussit à boucler son premier semestre avec une «modeste» baisse de 15,3%.

Alors qu'on s'attendait à une désastreuse contre-performance, voilà que le Fonds de solidarité FTQ réussit à boucler son premier semestre avec une «modeste» baisse de 15,3%.

Pendant ce temps, Fondaction de la CSN s'en tire avec un honorable recul semestriel de 16,2%. À titre de comparaison, au cours de la période visée, soit du 1er juin au 30 novembre 2008, les marchés boursiers chutaient en moyenne de 40% et les portefeuilles équilibrés des caisses de retraite subissaient des pertes de 20%.

Comment expliquer cette performance «miracle» de la part des fonds de travailleurs qui investissent pourtant 60% de leur actif dans du capital de haut risque? Eh bien, croyez-le ou non, c'est notamment grâce à leurs investissements dans les PME québécoises non cotées en Bourse que les deux fonds syndiqués ont réussi à limiter les dégâts engendrés par la crise financière mondiale.

Examinons la performance du Fonds de solidarité de la FTQ, dont l'actif net (6,2 milliards de dollars) est 11 fois plus élevé que celui de son concurrent Fondaction.

Dans le portefeuille des PME québécoises du Fonds de solidarité, les entreprises cotées en Bourse ont enregistré au cours du semestre de lourdes pertes de 37,9%. Du côté des placements effectués dans les autres entreprises (canadiennes, américaines, etc.) inscrites en Bourse, les pertes du Fonds s'élèvent à 30,6%.

Pendant cette même période de six mois, les placements du Fonds dans les entreprises non cotées en Bourse s'en tiraient avec un léger recul de 7,5%, évitant du même coup l'impact très désastreux de la grande déprime boursière qui a frappé la planète entière.

Avec son portefeuille d'obligations, le Fonds a limité sa perte à seulement 1,6% pour le semestre terminé au 30 novembre.

Si les lourdes pertes enregistrées avec les entreprises cotées en Bourse ont eu un impact relativement modéré sur l'ensemble du portefeuille du Fonds de solidarité, c'est parce que le poids de ces entreprises boursières représente à peine 26% de l'actif. Dans le cas de Fondaction, les placements en Bourse ne comptent que pour 19%.

Question: comment expliquer l'écart de performance entre les PME québécoises inscrites en Bourse (-37,9%) et celles non cotées (-7,5%)? L'explication résiderait (en partie du moins) dans les méthodes d'évaluation comptable des instruments financiers (actions, parts de sociétés, prêts, avances, obligations, etc.).

Les instruments financiers cotés en Bourse sont évalués au cours acheteur à la clôture des marchés... alors que la juste valeur déterminée pour les instruments non cotés «s'appuie sur des hypothèses raisonnables dont tiendraient compte des parties dans le cadre d'une transaction sans lien de dépendance, et ce, pour tous les facteurs pouvant avoir un impact significatif sur la juste valeur», précise-t-on dans le rapport semestriel du Fonds de solidarité.

Les entreprises privées, a expliqué à La Presse Affaires Michel Pontbriand, premier vice-président aux finances du Fonds, sont évaluées sur un horizon de long terme. Une évaluation qui répond aux normes internationales. Cette évaluation des entreprises privées leur évite par contre d'être victimes de la grande volatilité des marchés boursiers, comme ce fut le cas pour les entreprises cotées en Bourse.

Précisons que les méthodes d'évaluation utilisées par les deux fonds de travailleurs sont totalement conformes aux règles comptables en vigueur au Canada.

«Nos entreprises privées s'en tirent assez bien. Nous estimons qu'elles n'ont pas subi les effets de la crise financière. Pour 2009, la vigilance est encore de mise. Mais on demeure optimiste», renchérit la porte-parole du Fonds FTQ, Josée Lagacée.

«Pour le Fonds, les PME sont résilientes, ajoute-t-elle. Depuis deux ans, elles ont eu à subir la montée du dollar canadien et du coût de l'essence. Elles ont dû trouver des solutions pour contrer les effets de ces hausses. Plusieurs se sont retournées vers les marchés intérieurs: elles ont concentré leurs exportations vers l'Ouest canadien plutôt que les États-Unis.»

La valeur actuelle de l'action du Fonds de solidarité est de 21,20$, en baisse de 3,85$ par rapport à la précédente évaluation.

Mais en décembre dernier, quelque 6500 actionnaires à la retraite ont pu encaisser 25,05$ l'action en se prévalant de leurs droits de rachat juste avant la révision à la baisse du prix de l'action. Ils ont cédé des actions pour une valeur globale de 80 millions de dollars, soit quatre fois le montant des rachats effectués en décembre 2007.

Du côté de Fondaction de la CSN, les demandes de rachat des parts en décembre ont été timides, soit à peine une valeur de 2,7 millions de dollars. L'action de Fondaction est présentement fixée à 8,83$, en baisse de 1,67$ par rapport à sa précédente valeur.