Quel est le métal de l'heure auprès des spéculateurs? C'est un métal gris, dur, accompagné de radium et source indispensable d'alimentation des centrales nucléaires: l'uranium.

Quel est le métal de l'heure auprès des spéculateurs? C'est un métal gris, dur, accompagné de radium et source indispensable d'alimentation des centrales nucléaires: l'uranium.

D'où vient cette explosion de popularité? En l'espace de cinq ans, le prix de la livre d'uranium a décuplé, passant de 8,84 $US à 85 $US.

Comme le sous-sol du Grand Nord québécois renfermerait un certain potentiel uranifère, on assiste actuellement à une ruée des mines juniors vers l'uranium. Nombre de petites sociétés d'exploration se sont momentanément tournées vers l'exploration uranifère.

C'est payant: chaque junior qui a réussi à mettre le grappin sur une quelconque propriété susceptible d'avoir un certain potentiel uranifère a vu son titre bondir.

Dans le numéro de février du Bulletin d'information minière du ministère des Ressources naturelles, Serge Perreault, de la direction générale de Géologie Québec, fait le point sur «la croissance fulgurante de l'exploration pour l'uranium au Québec».

«L'intérêt de la communauté minière pour l'uranium connaît une montée fulgurante au Québec, après 22 ans de relative inactivité. Cet engouement est lié directement à son prix sur le marché au comptant...

Il en résulte une augmentation des dépenses en exploration pour l'uranium qui n'étaient que de quelques dizaines de milliers de dollars en 2000, de 1,36 M $ et de 4,3 M $ en 2004 et 2005 respectivement, et finalement de 16 M $ en 2006.»

Des travaux d'exploration uranifère au Québec, précise-t-il, ont été effectués sur une quarantaine de projets, lesquels sont localisés dans le Témiscamingue (Kipawa), dans l'Outaouais (Fort-Coulonge), dans les Laurentides (Mont-Laurier) et sur la Côte-Nord (Baie-Johan-Beetz - Aguanish), dans le bassin sédimentaire des monts Otish (au nord-est de Chibougamau) et dans la partie est du Nunavik (dans la Zone Noyau) et les roches métasédimentaires de l'Orogène des Torngat (Groupe de Lake Harbour).

Mais en raison des résultats obtenus, deux secteurs ont attiré l'attention du monde de l'exploration minière en 2006, soit le bassin des monts Otish et le secteur de la Zone Noyau, au Nunavik.

Serge Perrault explique: «Le potentiel uranifère du bassin sédimentaire paléoprotérozoïque des monts Otish est souvent comparé avec celui du bassin sédimentaire mésoprotérozoïque de l'Athabasca en Saskatchewan (la production d'uranium dans le bassin de l'Athabasca représente le tiers de l'approvisionnement mondial).

Le bassin des monts Otish recèle plusieurs indices uranifères typiques des gîtes d'uranium associés à des discordances (ex. : rivière Camie et lac Beaver).»

L'an dernier, plusieurs compagnies ont réalisé des travaux d'exploration uranifère dans le secteur des monts Otish, soit les compagnies Cameco (CCO : 43,55 $), le plus important producteur mondial d'uranium et Ressources Strateco (RSC : 3,04 $).

«Les résultats prometteurs obtenus par Ressources Strateco sur la propriété Matoush (indice A.A. Matoush) mettent en relief, écrit M. Perrault,le potentiel des minéralisations du type filonien associé à une zone de cisaillement dans des roches sédimentaires.»

La Zone Noyau représente pour sa part un nouveau territoire. «Elle a été mise en évidence à la suite de la découverte de zones anomales en uranium dans les sédiments de fonds de lacs prélevés par le Ministère en 1997. De plus, les nouveaux indices uranifères qui y ont été mis au jour au cours de 2006 laissent présager que cette région pourrait devenir une province métallogénique uranifère.»

L'automne dernier, la compagnie Exploration Azimut (AZM : 4,60 $) et son partenaire Northwestern Mineral Ventures (NWT : 63 cents) avaient annoncé la mise au jour d'indices minéralisés d'uranium sur la propriété Rae, localisée au sud et sud-est du village de Kangiqsualujjuaq, à l'est de la rivière George, sur la côte orientale de la baie d'Ungava.

Après plus de 20 ans de stagnation de prix, à quoi attribue-t-on la flambée du prix de l'uranium? Réponse de Carlos Leito, économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne : le marché de l'uranium et son prix sont actuellement alimentés par la recrudescence prochaine de centrales nucléaires.

Selon M. Leito, il y a présentement 442 réacteurs nucléaires en exploitation dans le monde.

Ces réacteurs produisent autour de 16 % de l'énergie électrique mondiale. «La croissance de la demande, qui s'établissait à 5,7 % dans les années 1970, est tombée à 2,1 % dans les années 1990. Après deux décennies sans inauguration de nouvelles centrales nucléaires, 28 nouveaux réacteurs sont actuellement en construction, et 62 autres devraient entrer en exploitation d'ici 2020. La demande devrait donc retrouver des niveaux de croissance fort élevés...»

Comme le marché est déjà déséquilibré, dit-il, cela exercera une pression à la hausse sur le prix de l'uranium.

«La valeur des titres devrait s'inscrire dans la même tendance et connaître une augmentation appréciable», conclut M. Leito.

Selon Jean-Pierre Thomassin, directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec, les autres mines juniors québécoises qui recherchent activement de l'uranium sur le territoire québécois sont : Ditem (DIT : 2,25 $); Dios Exploration (DOS : 88 cents) , Matamec Explorations (MAT : 25 cents), Ressources Appalaches (APP : 17,5 cents), Golden Valley Mines (GZZ : 58 cents), Ressources Majescor (MAJ : 32 cents), Typhoon Explorations (TOO : 27,5 cents). Si la spéculation vous intéresse, l'uranium en irradiera votre portefeuille.