Que la Caisse de dépôt et placement du Québec favorise les titres québécois en y investissant davantage nos épargnes ne me dérange absolument pas.

Que la Caisse de dépôt et placement du Québec favorise les titres québécois en y investissant davantage nos épargnes ne me dérange absolument pas.

C'est pourquoi je suis en faveur de la proposition de Pauline Marois, chef du Parti québécois, de demander à la Caisse de créer un fonds d'investissement de 10 milliards pour soutenir les grandes entreprises québécoises dans le cadre de la présente tourmente boursière qui frappe la planète.

Mais ce fonds «Pro-Québec» ne saurait être mis en vigueur sans être assorti d'au moins une condition essentielle à mes yeux: interdiction complète aux initiés des sociétés québécoises participantes de vendre leurs actions durant toute la durée de vie du fonds. Ainsi, les dirigeants, les administrateurs et les principaux actionnaires des sociétés visées par le fonds Pro-Québec ne pourraient profiter personnellement de ce coup de pouce de la Caisse pour s'enrichir aux dépens de l'ensemble des Québécois.

Quelles sont les grandes sociétés québécoises susceptibles de recevoir l'appui d'un éventuel fonds Pro-Québec, advenant une hypothétique victoire du PQ? Ce sont notamment les sociétés qui composent présentement l'indice Québec «IQ-30», à savoir Bombardier, Banque Nationale, Domtar, Power Corporation, CAE, Corporation Financière Power, Groupe SNC-Lavalin, Groupe CGI, Groupe Jean Coutu, Transat A.T, Rona, Alimentation Couche-Tard, Metro, Transcontinental, Saputo, Banque Laurentienne, Cascades, Industrielle Alliance, Vêtements de sport Gildan, Cogeco Câble, Quebecor, Theratechnologies, Industries Dorel, Quincaillerie Richelieu.

L'indice IQ-30 comprend également les titres de Banque Royale, Banque de Montréal, Molson Coors et BCE.

En passant, la même restriction concernant les initiés devrait être imposée à toutes les entreprises québécoises inscrites en Bourse qui bénéficieraient des programmes d'aide financière pouvant être mis sur pied à la suite des élections par Investissement Québec, la SGF, les fonds de travailleurs comme le Fonds de solidarité de la FTQ et Fondaction de la CSN ou Capital régional et coopératif Desjardins.

Si cette condition n'est pas imposée, pas question à ce moment-là de favoriser quelque compagnie québécoise que ce soit avec la mise sur pied de programmes de sauvetage financier. On se trouverait à utiliser une partie des impôts et du bas de laine collectif des travailleurs québécois pour permettre aux dirigeants des entreprises participantes de s'enrichir sur leur dos. Il y a quand même une limite à se faire manger la laine sur le dos!

Bien entendu, les programmes de sauvetage financier proposés par la chef péquiste (Caisse de dépôt et fonds de travailleurs) et le premier ministre Jean Charest (2 milliards par l'entremise d'Investissement Québec et de la SGF) devront s'adresser à des entreprises qui ont des perspectives évidentes de survie et de rentabilité.

Revenons au fonds Pro-Québec de 10 milliards proposé par Mme Marois.

Les détracteurs de cette promesse électorale des péquistes soutiennent que la Caisse de dépôt et placement du Québec n'a pas, dans ses décisions d'investissement boursier, à privilégier les sociétés québécoises au détriment de son mandat principal axé sur le rendement.

Laissons à ce moment-là parler les rendements.

Si la Caisse de dépôt et placement du Québec avait détenu dans son gigantesque portefeuille d'actions uniquement les 30 titres de l'Indice Québec (IQ-30), elle serait aujourd'hui plus riche!

Alors que l'Indice Québec affiche un recul de 24% sur un an, l'indice S&P/TSX de la Bourse canadienne présente une perte de 33%. Avantage Québec!

Là où les entreprises québécoises se distinguent depuis un an, c'est surtout par rapport à la contre-performance des entreprises étrangères. Pendant que les actions des compagnies américaines de l'indice S&P 500 reculent collectivement de 39% sur un an, les actions des grandes sociétés européennes perdent au-delà de 40% et celles des sociétés asiatiques, plus de 45%.

Mais qu'en est-il sur une période de cinq ans? L'indice S&P/TSX remporte la palme de la meilleure performance (+20% l'an), suivi de l'Indice Québec (+1,4% par année). Et les indices étrangers? C'est tout simplement un rendement annuel composé négatif pour la plupart: -9,5% pour le Dow Jones; -13% pour le S&P 500; -17% pour le Nasdaq; -4,4% pour Londres; -19% pour le Nikkei. L'Allemagne se distingue avec un rendement positif de 8,5% l'an.

Conclusion: je suis grandement en faveur de la diversification géographique du portefeuille d'actions de la Caisse, tout en privilégiant nos dynamiques sociétés québécoises!