Les Québécois aiment bien croire qu'ils forment une société relativement égalitaire, où la richesse est répartie à peu près équitablement entre les régions.

Les Québécois aiment bien croire qu'ils forment une société relativement égalitaire, où la richesse est répartie à peu près équitablement entre les régions.

Certes, tout le monde sait qu'il y a des régions plus pauvres que d'autres, mais les écarts ne sont jamais aussi abusifs que chez nos voisins américains, où de poches de pauvreté côtoient des îlots de richesse.

Pourtant, le Québec est mal placé pour donner des leçons à ce chapitre.

Des chiffres publiés récemment par l'Institut de la statistique du Québec, et qui comparent le revenu disponible par habitant pour chacune des municipalités régionales de comté (MRC) font apparaître des disparités à peine inférieures à celles des Américains.

Le revenu disponible dans la MRC la plus riche, Caniapiscau, est de 37 592$; dans le Pontiac, la MRC la plus pauvre, il tombe à 16,558$. C'est 2,3 fois moins. Aux États-Unis, l'État le plus riche, le Delaware, le revenu par habitant est 2,5 fois plus élevé qu'au Mississippi, l'État le plus pauvre.

Le Québec aussi a ses poches de pauvreté et ses îlots de richesse.

Évidemment, Caniapiscau présente un cas spécial; cette MRC est pour l'essentiel constituée de la municipalité de Fermont, près de la frontière du Labrador.

C'est une petite ville minière isolée où les salaires sont très élevés. De ce fait, on peut difficilement la comparer aux autres.

N'empêche: il existe une bonne douzaine de MRC où le revenu oscille entre 26 000 et 30 000$, et une autre douzaine où il descend sous la barre des 19 000$.

Les MRC les plus riches se retrouvent surtout en banlieue de Montréal et Québec, tandis que les plus pauvres se retrouvent un peu partout, de l'Outaouais à la Gaspésie et passant par la Montérégie et les Laurentides. Le revenu disponible représente l'ensemble des revenus de toutes provenances (salaires, caisse de retraite, prestations sociales, intérêts, dividendes et autres revenus de placement, revenus de location, etc), moins les impôts et cotisations sociales.

En 2007, selon l'Institut, le revenu annuel disponible par habitant atteint 24 386$. Dans l'ensemble, les Québécois se sont enrichis de 4,8% l'an dernier.

C'est la plus importante progression en sept ans.

À l'exception de Lévis, aucune grande ville ne se situe parmi les plus riches ou les plus pauvres. Le revenu par habitant est de 26 537$ à Longueuil, 25 750$ à Québec, 25 490$ à Montréal, 25 149$ à Laval, 23 630$ à Gatineau, 23 167$ à Trois-Rivières, 23 146$ à Sherbrooke et 23 113$ à Saguenay.

S'il existe d'importantes disparités entre les MRC, on ne peut pas en dire autant des régions.

Chaque région compte évidemment des coins riches et des coins pauvres, de sorte que les comparaisons interrégionales atténuent considérablement les écarts.

Ainsi, dans la région la plus riche, celle de la Capitale-Nationale (Québec, ville et banlieue, ainsi que Portneuf et Charlevoix), le revenu par habitant est de 25 541$.

Dans la région la plus pauvre, la Gaspésie, il descend à 20 238$. L'écart demeure important (le Gaspésien accuse un retard de 26%, ce qui n'est pas rien), mais on ne peut plus parler d'injustice criante.

Notons enfin que, depuis quatre ans, toutes les régions ne se sont pas enrichies au même rythme.

Entre 2003 et 2007, le revenu disponible par habitant a augmenté de 23% en Abitibi-Témiscamingue, contre 7% dans le Nord-du-Québec.

Montréal arrive à l'avant-dernier rang avec 12%. La moyenne québécoise est de 15%.