Les régions du Québec, et même la banlieue rapprochée de Montréal, aiment cultiver à l'égard de la métropole québécoise, je ne dirais pas de l'animosité, mais sans aucun doute, disons-le poliment, une certaine froideur.

Les régions du Québec, et même la banlieue rapprochée de Montréal, aiment cultiver à l'égard de la métropole québécoise, je ne dirais pas de l'animosité, mais sans aucun doute, disons-le poliment, une certaine froideur.

C'est dommage. Pour parler crûment, le reste du Québec, sans Montréal, n'irait pas loin. Des chiffres publiés hier par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), et portant sur le marché du travail dans les 17 régions administratives de la province, confirment encore une fois que Montréal est la véritable locomotive économique du Québec. On ne parle pas ici de la grande région de Montréal, mais de la ville-centre, sans qui la banlieue, qui ne déteste pas se donner des airs de supériorité, ferait elle aussi bien pitié.

Le taux d'activité sur le marché du travail est un des meilleurs indicateurs de la santé économique d'une société. Il mesure la proportion de la population adulte qui occupe un emploi (à temps plein ou partiel) ou qui est à la recherche active d'un emploi. Les économistes considèrent généralement que dans une économie en bonne santé, deux adultes sur trois sont actifs sur le marché du travail. Cela donne donc un taux d'activité de 66,7%. En haut de 70%, c'est le bonheur; en bas de 60%, la déprime.

Au Québec, au troisième trimestre de 2008, le taux d'activité se situait à 65,5%. Ce n'est pas l'idéal, mais c'est loin d'être un mauvais score.

Or, ce chiffre masque des disparités régionales vertigineuses. Ainsi, dans la région de l'Outaouais, championne à ce chapitre, le taux d'activité est pétant de santé à 72%. Cela soutient bien la comparaison avec les 72,2% observés à Edmonton, capitale de la richissime Alberta! Par contre, à l'autre bout de l'échelle, se trouve la Gaspésie, avec un taux d'activité de 57,2%. C'est très bas, mais il faut savoir que la situation dans cette région traditionnellement déprimée s'est considérablement améliorée depuis quelques mois, notamment grâce à l'exploitation de l'énergie éolienne.

Il y a un an à peine, le taux d'activité en Gaspésie affichait un pitoyable 51,7%. N'empêche: les écarts demeurent épouvantables.

La bonne situation de l'Outaouais s'explique essentiellement par la proximité des emplois fédéraux. Le taux d'activité est calculé selon le lieu de résidence, non sur le lieu de travail. Ainsi, un Gatinois qui travaille à Ottawa fait grimper le taux d'activité en Outaouais.

À part l'Outaouais, seulement cinq régions affichent un taux d'activité supérieur à la moyenne québécoise.

Laval et la Montérégie se tirent bien d'affaire avec des taux d'activité de 69,2 et 67,8% respectivement.

Or, des dizaines de milliers de Lavallois et de Montérégiens traversent quotidiennement les ponts pour venir travailler à Montréal. L'économie propre de ces régions banlieusardes crée des emplois, c'est certain, mais pas assez pour expliquer la bonne santé de leurs marchés du travail. Autrement dit, si le taux d'activité est si élevé en banlieue, c'est à cause des emplois qui se trouvent à Montréal. Quant à la région de Montréal proprement dite, elle affiche un taux de 65,6%, quelques poussières de plus que la moyenne provinciale.

Dans ces conditions, il est clair que c'est Montréal qui tire la banlieue, et le reste de la province avec.

Un mot en terminant sur les deux autres bons élèves de la classe.

La région de Chaudière-Appalaches fait assez bonne figure avec 65,8%. La région comprend notamment la banlieue sud de Québec, et on peut certainement penser que là aussi, les milliers de Lévisiens qui travaillent à Québec contribuent à cette performance.

Enfin, un cas qui peut certainement être cité en exemple est celui de la région Centre-du-Québec (Drummondville-Victoriaville-Bécancour). Ici, le taux d'activité est de 68,8%, le troisième au Québec. Contrairement à d'autres régions, le marché du travail local n'a aucun lien de dépendance envers une grande ville comme Montréal, Ottawa ou Québec, C'est donc essentiellement l'économie locale, stimulée par un dynamisme entrepreneurial reconnu, qui crée et maintient ce taux élevé.