Le film Iron Man est un succès à plus d'un titre.

Le film Iron Man est un succès à plus d'un titre.

C'est d'ores et déjà le plus grand succès au box-office depuis le début de l'année. En date du 19 mai, Iron Man a récolté près de 434 millions de dollars américains de recettes dans le monde, calcule Box Office Mojo, une firme de Burbank, en Californie. C'est trois fois le budget de production du film, de 140 millions US.

Ce succès a aussi propulsé le titre de l'éditeur de bédés Marvel Entertainement à la Bourse de New York. Si les réacteurs de l'armure rouge et or de Tony Stark, alias Iron Man, commencent à perdre un peu de leur propulsion, il reste que l'action de Marvel, qui valait 32,08 $ US en fin de séance d'hier, a progressé de 36% depuis le creux de 23,63 $ US touché le 10 mars dernier. Pas mal comme rendement sur deux mois!

Ce n'est pas la première fois qu'un personnage de la galerie de Marvel devient une vedette du grand écran. Les films de la série Spider-Man trônent au sommet du box-office dans le riche créneau de l'adaptation des héros de bédés.

Mais c'est la première fois que c'est un produit «maison». En effet, Iron Man est le premier film produit par Marvel.

Auparavant, Marvel vendait les droits d'utilisation de ses personnages à des studios de cinéma. C'est ainsi que Sony a fait fortune avec Spider-Man, alors que Fox s'est enrichi avec X-Men. Marvel se servait de ces succès au box-office comme d'une remorque pour la vente de produits dérivés comme les figurines, jouets, vêtements, jeux vidéo et tout le tralala.

Sous l'impulsion de son chef de la direction, Isaac Perlmutter, Marvel Entertainment a changé de stratégie. Plutôt que de partager les profits avec les grands studios de cinéma, cette PME de New York avec un chiffre d'affaires de 485,8 millions US compte dorénavant produire ses propres films. Or, son catalogue compte plus de 5000 personnages, une vraie mine d'or!

Ce faisant, l'entreprise s'expose toutefois à un risque beaucoup plus grand en cas de bide. Or, il est de notoriété publique que l'industrie du film est casse-gueule. Ce ne sont pas tous les superhéros qui se transforment en superstars!

On saura bien assez vite si la réorientation de Marvel est judicieuse.

Le deuxième film maison, The Incredible Hulk, fera une entrée fracassante dans les salles de cinéma à la mi-juin. «Précédé d'un murmure de réactions négatives, ce film pourrait bien être un flop», prévient toutefois la revue américaine Fortune dans son numéro du 1er mai.

Ce film arrive sur les talons du Hulk du réalisateur Ang Lee, sorti en 2003. Les recettes en salle de ce film des studios Universal n'ont même pas couvert les coûts de cette superproduction. Qui plus est, le comédien qui tient cette fois-ci le rôle-titre, Edward Norton, s'est disputé avec les patrons de Marvel.

Aussi, il refuse de participer à la promotion du film, raconte Fortune. C'est tout le contraire de Robert Downey Jr., qui s'est démené pour faire oublier ses frasques sous l'effet de la drogue et ses séjours en prison.

Pour une franchise à succès comme Spider-Man, combien de bides s'empoussièrent à la boutique de location de films?

Parlez-en à New Line Cinema, qui n'a jamais réussi à rééditer l'exploit de la trilogie du Seigneur des Anneaux, à preuve les échecs de Serpents à bord (Snakes on a Plane) et À la croisée des mondes: la boussole d'or (Golden Compass).

La société mère de New Line, Warner Bros. Entertainment, a repris ce printemps le contrôle de New Line, le grand studio des films indépendants. C'est Warner qui assurera toute la gestion, la distribution et la promotion de New Line, qui conservera uniquement ses équipes de création et de production.

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Cette leçon de cinéma, la Société générale de financement (SGF) pourrait bien l'apprendre à la dure, malgré toutes les dénégations récentes de son PDG, Pierre Shedleur.

La SGF a investi 100 millions de dollars dans le distributeur Alliance Films en janvier. Or, c'est Alliance qui distribuait en exclusivité les films de New Line au Canada. Avec la réorganisation de New Line, c'est Warner qui reprendra en main la distribution des films New Line par ses propres canaux au Canada. Exit Alliance, donc.

New Line représentait 15% des revenus d'Alliance, ce qui n'est pas négligeable.

Or, malgré ses insuccès récents, New Line apportait beaucoup d'eau au moulin, à savoir des films. C'est par exemple New Line qui produit le film tiré de Sex and the City, qui déferlera à la fin du mois. Or, la richesse du catalogue, c'est le nerf de la guerre en distribution.

Alliance pourra toujours conclure des accords de distribution avec d'autres producteurs indépendants -ils sont légions- voire acheter des films à la pièce. Mais c'est un travail qui exige beaucoup de temps et de relations. Et la concurrence est plus féroce qu'auparavant au Canada. Forcément, cela augmentera les coûts d'Alliance Films. Aussi, sa rentabilité devrait en accuser le coup.

En annonçant d'entrée de jeu qu'elle attendait un rendement de l'ordre de 10% sur son investissement, la SGF s'est fait tout un cinéma.