Les consommateurs ont poussé un soupir de soulagement, dernièrement, lorsque la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont tour à tour laissé leur taux directeur inchangé.

Les consommateurs ont poussé un soupir de soulagement, dernièrement, lorsque la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont tour à tour laissé leur taux directeur inchangé.

Ainsi le loyer de l'argent ne grimpe pas sur notre continent, ce qui est une bonne nouvelle pour l'économie.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, car un resserrement des conditions du crédit est en cours ailleurs dans le monde.

Sur nos principaux marchés outre-mer, que ce soit en Europe, en Chine, en Inde et au Japon, la tendance des taux d'intérêt est nettement à la hausse. Cette pression, qui peut sembler insignifiante à première vue, soulève des vents contraires inquiétants pour l'économie mondiale.

Un autre tour de vis

Jeudi dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a donné un autre tour de vis à sa politique monétaire, en ajoutant 25 centièmes à son taux directeur qui passe à 3,75 %. Dans les 13 pays qui composent les zone euro, on encaissait ainsi une septième hausse depuis la fin 2005.

Or le président de la BCE, Jean-Claude Trichet - dont l'obsession concernant l'inflation est devenue un cauchemar pour la France et l'Allemagne - en a même rajouté. En commentant la décision de la BCE, le grand argentier a qualifié les taux actuels en Europe d', signalant que d'autres hausses sont à venir.

Le même jour, la Banque d'Angleterre acceptait de faire une pause, mais seulement après avoir augmenté son taux directeur (actuellement à 5,25 %) à trois reprises depuis l'été dernier. Et son travail n'est pas fini.

Avec l'inflation qui s'accroche à plus de 2,7 % depuis des mois au pays d'Élisabeth II (donc au-dessus de la cible de 2 % des autorités monétaires), la banque BNP Paribas et plusieurs prévisionnistes tablent sur une autre augmentation des taux au printemps au Royaume-Uni.

Inde et Chine

Si les pressions sur les taux se limitaient au Vieux Continent, les Nord-Américains pourraient toujours les ignorer. Mais on restreint aussi le crédit aux deux plus grands moteurs économiques de la planète actuellement, la Chine et l'Inde.

L'économie indienne roule à tombeau ouvert, avec une croissance excédant les 9 %, à la faveur d'une consommation et d'une vague d'investissements sans précédent. Toutefois, ce boom économique attise l'inflation. La hausse des prix en Inde a frôlé 7 % (annuellement) en janvier, tout près d'un sommet en deux ans.

Les autorités indiennes ont tenté de ralentir ce dérapage en relevant six fois le taux directeur depuis octobre 2005 pour le porter à 7,5 % actuellement. Or, le remède ne fonctionne pas et les taux d'intérêt devront encore grimper, prévient le gouvernement. En Chine, l'inflation reste modérée pour l'instant malgré une croissance avoisinant les 10 %.

Pourtant, les autorités chinoises déplorent ouvertement la flambée du crédit à la consommation et aux entreprises, qui contribue à la surchauffe dans la construction, à une expansion industrielle débridée et, comme les investisseurs viennent de s'en rendre compte, à la spéculation boursière.

Aussi, Pékin a pris le taureau par les cornes. Par divers mécanismes financiers, on vient de resserrer la capacité des banques chinoises de prêter de l'argent, ce qui a le même effet qu'une hausse des taux d'intérêt.

Entre-temps, la Banque du Japon vient de mettre fin à sa politique de taux ultra faibles, qui avait pour but de relancer la deuxième plus grande économie au monde.

Le taux directeur nippon est passé de 0,25 à 0,5 % tout récemment, ce qui n'est pas élevé. Mais, de toutes évidences, ce n'est qu'un début.

Et si ce n'était pas assez, les taux sont également à la hausse en Nouvelle-Zélande et en Australie, deux pays où l'économie qui ne dérougit pas.

Bref, dans plusieurs régions du globe, on s'affaire à ralentir une machine économique qui, plusieurs cas, s'est emballée dangereusement après une trop longue période de crédit bon marché. Mais la fête tire à sa fin.

La conjoncture

Il faut du temps - 9 à 12 mois en général - pour qu'une hausse des taux d'intérêt affecte la conjoncture.

Mais son impact peut être considérable : selon la firme française Natixis, le dernier resserrement de 0,25 % des taux en Europe entraînera à terme la perte de 106 000 emplois.

Lorsque tous les resserrements du crédit, dans divers pays, donneront les effets escomptés, il faut s'attendre à des contre-coups. L'économie mondiale va s'en ressentir.

Autant s'y préparer dès maintenant.