Le 29 décembre 1989, l'indice Nikkei 225 clôturait à son sommet historique de 38 915 points. Dix-neuf années se sont écoulées et l'indice phare du Japon continue à se négocier à des lunes de son record de tous les temps. Le Nikkei du pays du Soleil levant s'est couché hier à 8462 points, accusant ainsi un recul de quelque 78% sur son vieux sommet de 1989.

Le 29 décembre 1989, l'indice Nikkei 225 clôturait à son sommet historique de 38 915 points. Dix-neuf années se sont écoulées et l'indice phare du Japon continue à se négocier à des lunes de son record de tous les temps. Le Nikkei du pays du Soleil levant s'est couché hier à 8462 points, accusant ainsi un recul de quelque 78% sur son vieux sommet de 1989.

En cette période de grande tourmente boursière, risquons-nous de vivre le syndrome du Nikkei? Et par conséquent, de ne jamais recouvrer les dizaines de milliers de milliards de dollars que nous avons perdus cette année?

Après tout, n'oublions pas que la grande déconfiture de la Bourse japonaise est survenue à la suite de l'éclatement d'une bulle immobilière, comme c'est actuellement le cas avec la fabuleuse crise immobilière (subprimes) des États-Unis. La crise actuelle est d'autant plus inquiétante qu'elle s'étend maintenant à la grandeur de la planète.

Pis encore, elle est d'une telle ampleur qu'elle s'est transformée en crise financière majeure mondiale. Elle est nettement plus grave que la crise survenue au Japon au début des années 90.

Faut-il dire adieu à notre argent?

Au fil des deux dernières décennies, la Bourse de Tokyo a essayé à maintes reprises de se sortir de la dèche boursière. Ce fut malheureusement peine perdue. De toutes les grandes places au monde, la Bourse de Tokyo est d'ailleurs la seule qui n'a pas réussi au cours de la présente décennie à enregistrer de nouveaux sommets.

Qui plus est, quand la dernière bulle boursière a éclaté cette année, c'est la Bourse de Tokyo qui a subi l'une des plus fortes chutes.

Lors du récent creux atteint le 28 octobre dernier, le Nikkei 225 a touché un plancher de 6995 points, en baisse de 58,4% par rapport à son sommet des 52 dernières semaines.

À titre comparatif, les principaux indices des autres grandes places boursières mondiales ont moins perdu de terrain entre leur record de la dernière bulle boursière et le creux du 28 octobre dernier.

Pendant que l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto accusait une chute de 43,7%, le Dow Jones affichait une perte momentanée de 44,5%, l'indice S&P 500 de la Bourse de New York reculait de 46,7%, le NASDAQ perdait 47,8%, la Bourse de Londres se repliait de 44,8% et la Bourse allemande de 54,5%.

Les investisseurs japonais pourront toujours se consoler en regardant du côté de la Bourse de Hong Kong, dont l'indice Hang Seng affichait lors de son creux d'octobre une gigantesque perte de 64,4% par rapport à son récent sommet record.

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Si cela peut amener un peu d'optimisme, il faut quand même souligner que la Bourse de Tokyo a elle aussi bénéficié de nombreuses périodes haussières au cours des deux dernières décennies. Le problème? Elle n'a jamais réussi, et de loin, à effacer les lourdes pertes subies depuis le sommet historique de décembre 1989.

Pourquoi? Tout d'abord parce que les grands investisseurs institutionnels étrangers ont tellement été échaudés par la déconfiture des années 90 qu'ils sont devenus frileux devant la Bourse japonaise. Ensuite, parce que les investisseurs japonais sont eux-mêmes devenus extrêmement prudents devant les bonnes nouvelles et, d'autre part, extrêmement sensibles à la moindre mauvaise nouvelle.

Cela donne finalement un marché boursier japonais qui, depuis deux décennies, réagit davantage aux mauvaises nouvelles qu'aux bonnes!

Devant la panoplie de signaux négatifs (récession, faillites, hausse du chômage, crise bancaire, etc.) qui alimentent l'actuel marché baissier, doit-on penser en termes de mois, d'années ou de décennies avant que les grandes places boursières récupèrent leurs pertes de l'année?

Pour limiter le désastre, les gouvernements ont injecté jusqu'à présent quelques milliers de milliards de dollars pour aider notamment les grandes banques à se sortir de la crise financière qui les assaille.

Malgré ces interventions gouvernementales astronomiques, les marchés boursiers ont toute la misère du monde à se sortir de l'actuelle grande déprime.

Mais... ils vont réussir. Une simple question d'années de patience! Notre chance? Les sommets historiques atteints lors de la dernière bulle boursière n'étaient pas aussi surévaluées que les titres japonais en 1989.