Kangourou Média, c'est l'inventeur de la mini-télé portable qui donne aux spectateurs sur place un accès inégalé à la transmission en direct de grands événements sportifs, tels la F1, les courses NASCAR, le football de la NFL, les 24 heures du Mans, le golf professionnel, etc.

Kangourou Média, c'est l'inventeur de la mini-télé portable qui donne aux spectateurs sur place un accès inégalé à la transmission en direct de grands événements sportifs, tels la F1, les courses NASCAR, le football de la NFL, les 24 heures du Mans, le golf professionnel, etc.

En 2006, le prestigieux Time Magazine a classé la «Kangourou TV» dans sa section spéciale sur les meilleures inventions de l'année.

Mais plus Kangourou Média met des événements sportifs dans sa poche, moins son titre (KTV) saute haut en Bourse! Comme si le poids des événements empêchait l'action de Kangourou de rebondir et de prendre enfin son essor.

Après avoir conclu des contrats de commercialisation avec les plus grands promoteurs d'événements sportifs de par le monde, le titre de Kangourou se négocie à l'heure actuelle à un prix dérisoire (de 40 à 50 cents), soit sous le prix (60 cents) de la première levée de fonds qui lui a servi de démarrage, en 2003.

Kangourou a fait son entrée à la Bourse de croissance de Toronto le 14 avril 2004, au prix de 80 cents (en tenant compte de la consolidation des actions à raison de quatre pour un). Deux ans plus tard, elle accédait à la cote de la Bourse de Toronto. En mai 2006, le titre touchait un haut historique de 8,74$, pour ensuite se dégonfler et boucler l'année à 3,46$.

L'action s'est maintenue au-dessus de la barre des 3$ jusqu'à la clôture (été 2007) de la nouvelle émission d'actions de 22 millions de dollars, à 3,05$ pièce. Une émission populaire auprès des petits investisseurs puisque les actions étaient admissibles aux avantages fiscaux du «Régime Actions-Croissance PME». Malheureusement, ils se retrouvent aujourd'hui grandement perdants!

Cette fameuse émission d'actions avait notamment permis au chef de la direction de Kangourou, Marc Arseneau (fondateur et principal actionnaire), de se départir d'un bloc de 600 000 actions, pour un gain après commissions dépassant 1,7 million de dollars.

Après cette émission d'actions admissibles au «Régime Actions-Croissance PME», le titre de Kangourou s'est littéralement effondré, pour terminer l'année 2007 à seulement 58 cents. Et depuis, Kangourou reste dans la déprime totale. Il y a à peine un mois, l'action a touché un creux historique à 32 cents.

Comment expliquer la déprime de l'action de Kangourou? «Je n'ai pas le contrôle du marché. C'est certain que je ne peux pas expliquer grand-chose là-dessus», se contente de répondre Robert Mimeault, le nouveau président et chef d'exploitation de Kangourou, que La Presse Affaires a réussi à joindre au Grand Prix du Canada, un événement sur lequel Kangourou mise beaucoup pour augmenter ses recettes.

Il faut dire que Kangourou en a bien besoin. Certes, la croissance des revenus est forte. Ils sont passés de 1,1 million en 2005, à 7,1 millions en 2006, puis à 14,3 millions en 2007.

Le problème? Les pertes sont encore plus grandes que les revenus, ayant passé de 5,1 millions en 2005, à 13,2 millions en 2006 et à 15,4 millions en 2007.

Comment Robert Mimeault explique-t-il cette forte augmentation des pertes d'une année à l'autre? «Je suis ici depuis seulement cinq mois. Mais n'importe quelle compagnie qui est start-up, j'en ai d'ailleurs fait cinq, quand on part une nouvelle compagnie, surtout dans un nouveau marché, un nouveau créneau, avec un produit qui n'existe pas tu vas gaffer. Tu vas avoir des défauts lors des premiers essais.»

Et ça coûte cher de développer un nouveau marché et c'est long, ajoute M. Mimeault.

Comment rentabiliser Kangourou?

«Cette année, on est en hausse de 250% (pour les ventes) sur l'an passé. On sait que ça marche (la Kangourou TV). On sait que les clients l'aiment bien. On a eu de la couverture dans les Trade Magazine.

Là, on veut trouver des initiatives de marketing qui vont nous permettre de nous associer avec des partenaires qui vendent des billets pour nous permettre d'accrocher les spectateurs avant qu'ils arrivent à l'événement.»

Et prudence oblige: «Il y a une chose qu'on doit faire, c'est d'empêcher un autre (concurrent) de venir nous casser les reins. Il y a des start-ups qui embarquent dans notre créneau On s'attendait à cela. Je ne m'en fais pas mais ce n'est pas reposant.»

«C'est curieux, on est tout petit, puis on est le géant. Il nous faut vraiment opérer de façon efficace pour aller chercher notre part de marché et développer de nouveaux services avec la technologie Kangourou», renchérit Mimeault, en faisant notamment référence aux ententes exclusives conclues avec les équipes F1 de Vodafone McLaren Mercedes et AT&T Williams. «Notre objectif, c'est les revenus. Return on investment.»

Le hic: Kangourou doit débourser des grosses sommes pour pouvoir acheter les droits exclusifs de commercialisation et de distribution de sa Kangourou TV.

Exemple: l'entreprise a dû verser au moins 5,5 millions US pour acquérir pour une période de six ans les droits de commercialisation de son gadget télé auprès des spectateurs qui assistent aux courses de F1.

Une lettre de crédit de 5,5 millions US a été déposée à cette fin à l'organisation dirigée par Bernie Ecclestone.

Mardi prochain, Kangourou Média tiendra son assemblée annuelle des actionnaires.

Question peut-être de faire oublier la déconfiture du titre en Bourse, la haute direction de Kangourou, avec Pierre Boivin (du Canadien) à la présidence du conseil depuis 2004, offrira à ses actionnaires l'occasion de «faire l'essai des applications de Kangourou pour la F1 et pour le golf», et ce avant et après l'assemblée.

Si cela peut consoler les petits actionnaires qui ont payé leurs actions 3,05$ lors de l'émission de l'an passé, sachez que la Caisse de dépôt et placement a investi en août 2005 la somme de 3,5 millions de dollars pour acquérir un bloc de 1,86 million d'unités (actions et bons de souscription).

Le 31 décembre 2006, elle évaluait son bloc d'unités à 10,9 millions. Aujourd'hui, cet investissement vaut sur le marché moins d'un million de dollars.