Mon ami Pierre vient de recevoir son relevé semestriel de portefeuille de fonds communs de placement. Il était tout fier de me dire que son portefeuille de fonds diversifiés lui avait rapporté 12,5% depuis un an. «C'est bon en maudit !»

Mon ami Pierre vient de recevoir son relevé semestriel de portefeuille de fonds communs de placement. Il était tout fier de me dire que son portefeuille de fonds diversifiés lui avait rapporté 12,5% depuis un an. «C'est bon en maudit !»

C'est effectivement un rendement nettement plus élevé que les 3% versés par les placements conservateurs comme les obligations d'épargne et les certificats de placement garantis.

Mais à la place de Pierre, je limiterais mes élans de joie. Pourquoi ? Parce que son relevé au 30 juin dernier omet de donner le rendement que ses fameux fonds diversifiés ont rapporté depuis le début de l'année.

Sauf de rares exceptions, la plupart des fonds diversifiés ont vraiment connu une période moche lors des six premiers mois de l'année. Même chose d'ailleurs pour les fonds d'obligations, les fonds d'actions américaines et les fonds d'actions internationales.

À vrai dire, seuls les fonds d'actions canadiennes et les fonds de marchés émergents (comme la Chine) ont enregistré une belle performance lors du premier semestre de l'année.

Le problème ? Les fonds d'actions canadiennes représentent seulement 28% de l'actif global de 706 milliards de dollars que les Canadiens détiennent collectivement dans les fonds communs de placement au Canada. Et les fonds d'actions de marchés émergents ont un poids marginal.

C'est donc dire qu'au cours des six premiers mois de l'année, environ 70% de nos placements dans les fonds communs n'ont pas rapporté grand-chose. Mais cela nombre de détenteurs de parts ne le voient pas parce que les relevés de portefeuille attirent plutôt leur attention sur le rendement par période de 12 mois.

Et ça tombe bien pour l'image des... gestionnaires de portefeuille. Dans le cas notamment du rendement annuel des 12 derniers mois, voire de juillet 2006 à la fin de juin 2007, tous les fonds d'actions et les fonds diversifiés renfermant une portion importante en actions affichent une belle performance.

Cette performance n'est toutefois attribuable qu'au rendement élevé obtenu par lesdits fonds lors de la période allant de juillet à décembre 2006. En effet, si l'année boursière 2006 s'est avérée ultra performante c'est strictement attribuable à ses six derniers mois. Lors du premier semestre 2006, les gestionnaires de portefeuille avaient plutôt le moral déprimé, tellement la Bourse avait connu des périodes difficiles de mars à juin.

Conséquemment, à la fin de juin 2006, les indices boursiers se maintenaient tous ou presque à des niveaux relativement bas. Mais grâce à la performance exceptionnelle obtenue de juillet à décembre 2006 sur tous les marchés boursiers, les gestionnaires de fonds diversifiés et de fonds d'actions étrangères réussissent ainsi à présenter une belle fiche de performance sur le terme d'un an, et ce en dépit de la contre-performance obtenue lors des six derniers mois (janvier à juin 2007).

Vous voulez voir les preuves ? Voici un bref compte rendu des résultats compilés par la firme Morneau Sobeco sur la performance obtenu au 30 juin dernier par les gestionnaires des grands fonds communs des caisses de retraite. Les mêmes gestionnaires gèrent les fonds communs de placement. Point important : les rendements que je vais donner ne tiennent pas compte des frais de gestion. Il s'agit des rendements basés sur la médiane des diverses catégories de fonds, la médiane étant le niveau qui sépare les fonds en deux groupes égaux, soit les 50% plus performants et les 50% moins performants.

Alors que le rendement médian pour la période des 12 mois terminés à la fin de juin dernier s'élevait à 15,05% pour les fonds diversifiés, le rendement atteignait seulement 2,75% pour les six derniers mois allant de janvier à juin.

Pour les fonds d'actions américaines, les gestionnaires présentent un rendement médian de 14,6% sur un an, mais un recul de 2,4% pour les six derniers mois. Comment expliquer ce recul de 2,4% alors que la Bourse américaine grimpait ? La réponse réside dans la forte dévaluation du dollar américain par rapport à la devise canadienne.

Du côté des fonds d'actions internationales, le portrait n'est guère mieux. Pendant que les gestionnaires présentent un rendement médian de 21,9% sur 12 mois, c'est une faible performance de 1,7% qu'ils obtiennent pour les six derniers mois. Là aussi l'effet de la hausse du dollar canadien s'est fait sentir négativement sur la performance des portefeuilles.

Mais la pire performance revient aux gestionnaires des portefeuilles d'obligations internationales. Le rendement médian sur un an accuse une perte de 1,8% et celui des six derniers mois un recul de 8,4%.

Chez les fonds d'obligations canadiennes, il n'y a pas de quoi pavoiser non plus. Le rendement médian montre une perte de près d'un pour cent pour les six derniers mois. Sur un an, la fiche des gestionnaires montre un gain de 4,9%.

La contre-performance des fonds d'obligations est généralisée à travers le monde. Elle est attribuable à la hausse mondiale des taux d'intérêt.

Comme on vient de le constater, la performance de la majorité des fonds communs est plutôt moche depuis le début de l'année, à l'exception de la catégorie des actions canadiennes et de celle des marchés émergents. Souhaitons que la correction boursière amorcée cette semaine ne perdure pas trop longtemps et surtout, qu'elle n'efface pas la grande partie des gains accumulés jusqu'à présent.