La crise des hypothèques à haut risque, l'interminable glissade du billet vert, l'enflure démesurée du déficit commercial, l'enlisement de l'armée américaine dans de ruineux conflits en Irak et en Afghanistan: la liste des calamités qui s'abattent sur l'économie américaine n'en finit plus.

La crise des hypothèques à haut risque, l'interminable glissade du billet vert, l'enflure démesurée du déficit commercial, l'enlisement de l'armée américaine dans de ruineux conflits en Irak et en Afghanistan: la liste des calamités qui s'abattent sur l'économie américaine n'en finit plus.

Et comme pour empirer les choses, le Fonds monétaire international s'apprête à revoir ses prévisions de croissance à la baisse, non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour leurs principaux partenaires commerciaux.

L'heure du déclin est-elle arrivée pour l'empire américain?

Compte tenu de la légendaire capacité de l'économie américaine à retomber sur ses pieds, il serait hautement malavisé de conclure que la crise des hypothèques sonne le début de la fin.

La perturbation est très grave, certes, mais comme toutes les crises, elle est par définition passagère.

Beaucoup plus préoccupantes, ces dernières années, ont été la situation des finances publiques et, surtout, du déficit commercial.

Tous ceux qui suivent l'actualité de près savent déjà que le premier problème, extrêmement sérieux il y a à peine trois ans, est en train de se résorber rapidement.

Lorsque le président Bush a été élu, en 2001, il a hérité d'un surplus budgétaire de 128 milliards; en trois ans, il a transformé ce surplus en déficit de 413 milliards.

À ce stade, le déficit s'élevait au seuil intolérable de 3,6% du PIB. Ce trou est attribuable à plusieurs facteurs: importantes baisses d'impôts, hausse des dépenses militaires et explosion des dépenses publiques de santé.

Les baisses d'impôts entraînent au début un manque à gagner important pour le gouvernement. Mais dans les années suivantes, l'accélération de la croissance contribue à gonfler les coffres de l'État.

Ainsi, le déficit a fondu à 318 milliards en 2005 et à 248 milliards l'an dernier. Pour l'exercice en cours, le Congressionnal Budget Office, organisme d'une grande crédibilité, s'attend à un déficit de 161 milliards, ou 1,2% du PIB. À ce rythme, le déficit sera effacé dans deux ans.

Il est important de noter que ce sont les hausses de recettes qui ont permis ce revirement.

En 2007, malgré les baisses d'impôts, les recettes fiscales de l'administration américaine sont en hausse de 6,7%; en revanche, les dépenses n'augmentent que de 2,9%, dont 14,7% pour la santé.

Beaucoup plus grave est le déficit commercial.

Au cours des 12 derniers mois, le déficit commercial américain a atteint le montant record de 819 milliards.

Prenez le surplus commercial combiné de la Chine, du Japon et des 13 pays de la zone euro. Doublez ce montant, et vous aurez une idée de l'ampleur du déficit commercial américain.

Pendant longtemps, les Américains ont été capables de compenser une partie de leur déficit commercial par ce que les experts appellent la «balance des invisibles».

On comptabilise ici les services (dont, en particulier, le solde du compte voyages), ainsi que les intérêts, dividendes, profits et autres revenus rapatriées de l'étranger.

Cela peut faire une énorme différence. Prenons le cas de la Suisse, une puissance commerciale d'importance secondaire avec un surplus de 11 milliards.

En revanche, les entreprises et institutions financières helvètes récoltent en intérêts et profits 91 milliards de plus qu'ils n'en paient à l'étranger.

La balance du compte courant suisse, qui chiffre l'ensemble de ses échanges avec l'étranger, ressort donc à 102 milliards. Pour mieux faciliter les comparaisons internationales, on exprime le solde du compte courant en pourcentage du PIB.

Dans le cas de la Suisse, ce surplus correspond à 16,1% du PIB. Robuste performance. Le champion mondial de cette catégorie est Singapour, avec 24%. Les pays exportateurs de pétrole figurent aussi en tête du palmarès.

Dans le cas des États-Unis, c'est le contraire. Du déficit commercial de 819 milliards, il faut soustraire le surplus des invisibles, un maigre 27 milliards. Cela laisse un trou de 793 milliards, ou 5,7% du PIB, au compte courant.

Les Américains peuvent se consoler en pensant que plusieurs autres pays ne font guère mieux, ou même pire: Grèce, Espagne, Australie, plusieurs pays d'Europe de l'Est, entre autres,

Mais au fond, que des pays comme la Grèce ou l'Espagne fassent pire que les États-Unis, ce n'est pas tellement grave. Cela n'entraînera pas ou peu de turbulences ailleurs.

Les États-Unis, par contre, sont un pays immense; leur énorme déficit commercial signifie que les consommateurs américains font vivre une bonne partie de la planète.

D'un point de vue américain, la meilleure façon de réduire ce déficit est de diminuer les achats à l'étranger, et il ne manque pas de sénateurs et de représentants au Congrès pour réclamer encore et toujours plus de mesures protectionnistes.

Dans ces conditions, le déficit commercial américain n'est pas qu'un problème américain, il concerne aussi tous les pays fournisseurs, dont au premier chef le Canada.