Voici, entre autres choses, ce qu'on peut trouver dans la plateforme électorale du parti X: améliorer la formation professionnelle, donner un élan aux régions, appuyer le développement de l'entrepreneurship, prendre le leadership en matière de recherche et d'innovation, dynamiser le développement de l'agriculture.

Voici, entre autres choses, ce qu'on peut trouver dans la plateforme électorale du parti X: améliorer la formation professionnelle, donner un élan aux régions, appuyer le développement de l'entrepreneurship, prendre le leadership en matière de recherche et d'innovation, dynamiser le développement de l'agriculture.

Et voici ce que nous propose le parti Y: un appui sans précédent à la formation professionnelle, soutenir l'emploi dans toutes les régions, stimuler l'entrepreneurship et l'innovation, soutenir l'agroalimentaire québécois, protéger le pouvoir d'achat des Québécois.

Et voici maintenant ce qu'on peut lire dans la plateforme du parti Z: revaloriser la formation professionnelle, faire des régions du Québec de véritables régions de développement, créer un environnement propice à l'investissement et à l'entrepreneurship, des universités à l'avant-garde en enseignement, recherche, innovation, défendre le pouvoir d'achat des Québécois.

Chers électeurs, comparez et faites votre choix!

Par tradition, les plateformes électorales constituent essentiellement des catalogues de bonnes intentions, et finissent toujours par plus ou moins se recouper. Mais cette fois-ci, les propositions des trois grands partis sont tellement semblables que de grands pans de leurs plateformes sont pratiquement interchangeables (dans les extraits que nous venons de voir, le parti X, c'est le PQ, le parti Y, le PLQ, et le parti Z, l'ADQ).

Certes, chaque parti propose ses idées propres: les libéraux proposent une accélération des investissements dans les infrastructures, les péquistes promettent la création d'un Fonds d'investissement stratégique, les adéquistes préconisent une privatisation partielle d'Hydro-Québec.

Mais au-delà de ces approches différentes, on trouve beaucoup plus de convergence que de divergence dans les trois plateformes. Dans ces conditions, il est assez difficile de se faire une idée à partir de ces documents.

L'exercice réalisé cette semaine dans La Presse Affaires par mon collègue Vincent Brousseau-Pouliot est plus éclairant.

Chaque parti était invité à se prononcer sur cinq questions économiques et financières d'actualité. Il serait peut-être intéressant de revoir les réponses des porte-parole des trois grands partis: Sam Hamad (PLQ), François Legault (PQ) et Gilles Taillon (ADQ). Cela nous en apprendra beaucoup.

Q Faut-il diminuer le fardeau fiscal des Québécois ?

Les trois partis répondent oui, mais avec des approches différentes. M. Hamad insiste sur le bilan du gouvernement sortant, ce qui ne nous apprend pas grand-chose. M. Legault, en bon social-démocrate, veut limiter les baisses d'impôts à la classe moyenne. L'ADQ dit oui aux baisses d'impôt, mais pas maintenant: «Seulement quand le Québec en aura les moyens». À mon avis, avantage ADQ.

Q Faut-il soutenir le secteur immobilier ?

L'ADQ est seule à répondre oui, mais on peut se demander pourquoi: contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, il n'y a même pas le début d'une crise immobilière au Québec. Le PQ est un peu à cheval: en principe, il est contre, mais compte tenu du ralentissement économique, il propose une aide temporaire aux détenteurs d'hypothèques. M. Hamad est limpide: c'est non. «Il ne faut pas s'inspirer du modèle américain qui a encouragé les gens à s'endetter davantage.» Avantage PLQ sur cette question, je trouve.

Q La Caisse de dépôt doit-elle stimuler davantage l'économie québécoise ?

Le PLQ est contre, les deux autres sont pour. La Caisse de dépôt a un double mandat: faire fructifier l'épargne de ses déposants (Régie des rentes, fonds de pension des fonctionnaires, etc.) et stimuler l'économie du Québec. Or, ce dernier volet ne doit pas se faire aux dépens du rendement. D'ailleurs, ses interventions passées n'ont pas toujours été des plus heureuses: Provigo, Steinberg, Montréal Mode, Quebecor Media, entre autres. M. Hamad: «C'est une très mauvaise décision pour le gouvernement de commencer à jouer avec le bas de laine des Québécois.» Bien dit.

Q Faut-il privatiser Hydro-Québec ?

M. Taillon est pour, les deux autres sont contre. Plusieurs économistes ont noté que la privatisation partielle, telle que proposée par l'ADQ, serait une erreur parce que ses actions se vendraient sûrement bien en-deça de leur valeur réelle (la société d'État prendrait cependant beaucoup de valeur si elle vendait son électricité aux prix du marché, mais il s'agit là d'une autre question). M. Hamad pense que la privatisation ferait grimper les prix parce que les actionnaires exigeraient de meilleurs rendements. Ce n'est pas évident. J'ai beaucoup aimé la réponse de M. Legault: «Il ne faut pas privatiser, mais il y a des gains de productivité à faire.»

Q Faut-il augmenter l'immigration afin de régler la pénurie de main-d'oeuvre ?

Dans ce dossier, les réponses sont pratiquement identiques. Les trois partis disent oui, mais à condition que le Québec apprenne à mieux intégrer les nouveaux arrivants. Match nul.