Qui va devoir payer pour les monumentales gaffes de l'intelligentsia de la haute finance? Au bout du compte, qui épongera la fabuleuse facture de la crise financière mondiale?

Qui va devoir payer pour les monumentales gaffes de l'intelligentsia de la haute finance? Au bout du compte, qui épongera la fabuleuse facture de la crise financière mondiale?

Le service économique de Groupe financier Banque TD évalue jusqu'à présent à quelque 10 000 milliards US l'aide financière et fiscale que les gouvernements promettent d'accorder aux entreprises, aux banques, aux particuliers... pour nous sortir de la crise financière mondiale.

Sur ces 10 000 milliards d'aide financière (comprenant des prêts, des investissements dans le capital de risque des banques, des rachats d'hypothèques, des mesures fiscales, etc.), on n'a pas encore déterminé le montant précis de la facture réelle que les gouvernements vont devoir assumer au cours des prochaines années.

Mais qui dit facture assumée par les gouvernements, dit automatiquement hausse éventuelle du fardeau fiscal de la masse des contribuables. «Ma compréhension est que les sommes requises pour les plans d'aide (États-Unis, Europe, Chine, Canada, etc.) vont faire gonfler la dette des gouvernements, donc faire grimper les déficits», explique Vincent Delisle, stratège de la maison de courtage Scotia Capitaux.

«Cela veut donc dire une remontée éventuelle des taux d'intérêt lorsque l'inflation reviendra», ajoute-t-il.

La bonne nouvelle: comme les diverses et très coûteuses mesures d'aide gouvernementale sont échelonnées dans le temps, il n'y aura pas d'augmentation des impôts à court terme.

La mauvaise nouvelle: l'augmentation des déficits et du taux d'endettement aura bien évidemment des conséquences néfastes à long terme.

«En conclusion, affirme M. Delisle, les coûts à court terme (pour les contribuables) ne sont pas tangibles. Mais ils le deviendront à moyen et long termes lorsque les taux d'intérêt et les taux d'impôts vont grimper.»

«Et tous les "Joe-the-plumber" vont ensuite se faire refiler la facture.»

Selon le stratège de Scotia Capitaux, il n'y a pas de doute que nous allons finalement payer la grosse facture de la crise financière mondiale.

«La réponse peut paraître simple: nous payons tous et nous risquons de payer longtemps», souligne-t-il.

À partir de quand? Après un répit de trois ans, on devrait commencer à payer de nos poches les gaffes de nos bonzes de la haute finance. Évidemment, cette facture s'ajoute aux lourdes pertes boursières générées par l'effondrement de Wall Street et de toutes les Bourses du monde entier.

Imprime-t-on de l'argent?

Pour nous sortir de la crise, les banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque du Canada, la Banque centrale européenne, ont abaissé magistralement leurs taux directeurs. L'objectif de cette mesure? Re...stimuler le crédit en incitant les institutions bancaires à prêter davantage aux entreprises et aux particuliers dans le dessein de stopper au plus vite la récession et redémarrer l'économie. Par ces baisses de taux directeurs, les banques centrales souhaitent faire tourner l'économie plus vite.

Mais n'ayez crainte: selon Francis Généreux, économiste principal de Desjardins, cela ne signifie pas pour autant que les banques centrales impriment de l'argent pour nous sortir du trou.

Échaudées par l'ampleur de la crise financière mondiale, les institutions bancaires sont restées de glace devant la baisse dramatique des taux directeurs des banques centrales. Elles continuent de faire preuve d'une extrême prudence devant les demandes d'emprunt de leurs clients, explique M. Généreux. Non seulement s'entêtent-elles à ne pas abaisser de façon importante leurs taux, mais, en plus, elles se montrent doublement plus sévères et exigeantes envers les emprunteurs.

Prenons la Réserve fédérale américaine. Elle vient de diminuer son taux directeur à presque zéro (la fourchette joue entre 0,00% et 0,25%). Elle espère que cela aura un quelconque impact sur l'économie américaine. Au cours des derniers mois, les conditions économiques (emploi, consommation, investissement et production industrielle) des États-Unis se sont détériorées davantage. Les marchés financiers ont toute la misère du monde à se rebâtir une confiance et repartir solidement à la hausse, et ce, après un effondrement de 50% de sa valeur.

Selon Francis Généreux, ce nouveau plancher du taux directeur (de 0,0 à 0,25%) démontre la volonté de la Fed à combattre les difficultés actuelles au sein du marché du crédit et de l'économie. La Fed, dit-il, craint maintenant une possible déflation.

Sa marge de manoeuvre concernant les taux directeurs étant maintenant nulle, la Fed va devoir intervenir davantage avec ses autres mesures d'aide pour inciter les banques à ouvrir plus grandes les portes de leur service de crédit. À la Fed, selon les calculs du service économique de Desjardins, l'encours des nouvelles mesures d'aide portant sur les facilités de crédit et les prêts aux institutions financières est passé de 40 milliards de dollars (il y a un an) à 1300 milliards aujourd'hui.

Et c'est loin d'être terminé. La Fed vient d'annoncer qu'elle rachètera notamment plus de titres adossés à des actifs hypothécaires ou à des prêts à la consommation.

Mais quelle machine à piastres, cette Fed!