Mardi dernier, j'avais à faire à Longueuil. Comme j'avais beaucoup de temps libre devant moi, j'en ai profité pour faire une longue marche dans les rues du Vieux-Longueuil.

Mardi dernier, j'avais à faire à Longueuil. Comme j'avais beaucoup de temps libre devant moi, j'en ai profité pour faire une longue marche dans les rues du Vieux-Longueuil.

Ce jour-là, à Montréal, y compris dans le centre-ville, les opérations de déneigement étaient à peine entamées, et des milliers de pauvres piétons et d'automobilistes devaient se dépatouiller comme ils pouvaient dans cette merde. Mais dans le Vieux-Longueuil, et même bien au-delà, les rues et les trottoirs étaient parfaitement dégagés. Le contraste entre les deux villes était frappant.

Mais ce n'est tout.

En marchant, j'ai remarqué que tous les parcomètres du quartier étaient recouverts de capuchons verts portant l'inscription «Longueuil vous souhaite de Joyeuses Fêtes».

Ben non, ce n'était pas un rêve. Pendant la période des Fêtes, en fait pendant un mois, du 1er décembre au 2 janvier, la municipalité donne un répit aux automobilistes qui encouragent les commerçants et les nombreux restaurants de la rue Saint-Charles.

Pendant ce mois d'intense magasinage et de parties de bureau, le stationnement au coeur de la quatrième ville du Québec est gratuit, non seulement dans la rue, mais aussi dans les parkings municipaux. Vous n'avez rien à payer, pas un sou!

«Nous avons commencé cela il y a près de 10 ans», explique le porte-parole de la Ville, François Laramée. «C'est vraiment, dans l'esprit des Fêtes, un clin d'oeil que la municipalité veut adresser à ses commerçants et à ses citoyens.»

Le plus beau, c'est que cette initiative ne coûte à peu près rien. Le manque à gagner, pour le mois, est évalué entre 8500$ et 9500$.

Sur un budget de 226 M$, autant dire que ça ne paraît même pas. En fait, c'est ce que l'administration longueuilloise dépense en 21 minutes.

En revanche, quel résultat fantastique sur le plan, si on peut dire, du «service à la clientèle». Voilà une façon intelligente, civilisée et peu coûteuse de faire plaisir au monde.

Encore ici, le contraste avec Montréal saute aux yeux.

Non seulement n'a-t-il jamais été question d'implanter une mesure semblable à Montréal, mais les autorités montréalaises ne savent plus quoi faire pour écoeurer les automobilistes, à longueur d'année.

Même dans les quartiers éloignés du centre-ville, les parcomètres sont en fonction les fins de semaine et les soirs. Il est interdit de payer pour plus de deux heures à la fois.

C'est donc dire que vous devez interrompre votre petit souper romantique ou votre soirée entre amis pour aller engraisser les parcomètres du maire Tremblay.

Toutes ces tracasseries, paraît-il, ont pour but d'encourager les gens à utiliser les transports en commun. Niaiseries! Ça vous tente beaucoup, vous, de prendre l'autobus pour un souper romantique?

Faut-il s'étonner, dans ces conditions, que les Montréalais délaissent la ville centre pour s'établir en banlieue?

Je suis bien placé pour les comprendre. Pour ma conjointe et moi, Montréal, c'est fini.

Pourtant, je suis un vrai Montréalais. Je suis né à Montréal, j'ai passé toute mon enfance et toute mon adolescence dans le quartier Hochelaga. Certes, je n'ai pas toujours résidé à Montréal.

Mon travail m'a amené à déménager dans plusieurs autres villes, dont Ottawa et Québec, et j'ai aussi habité quelques années en banlieue avec ma petite famille. Mais il y a plus de 20 ans que nous sommes revenus à Montréal, dans l'arrondissement de Mercier Hochelaga-Maisonneuve.

Et même si Montréal présente des avantages certains, les inconvénients sont devenus trop gros. Là, nous ne sommes plus capables. Dans quelques semaines, nous quittons le 514 pour le 450.

Pas seulement à cause des parcomètres. Nous quittons Montréal et ses trottoirs mal dégagés en hiver, repoussants de saleté en été. Ses poubelles qui débordent.

Ses gros syndicats qui ne se sont jamais gênés pour prendre la population en otage.

Ses maires tous plus bizarres les uns que les autres. Ses chauffeurs d'autobus totalement dépourvus de sens civique, et qui roulent en fous dans de paisibles rues résidentielles.

Ses taxes. Ses gangs de rue. Ses fonctionnaires qu'il est impossible de joindre au téléphone. J'arrête ici, sinon, je vais me fâcher...