Au creux de la journée hier, les bourses de par le monde accusaient une baisse moyenne d'au moins 45% par rapport à leur sommet des 52 dernières semaines.

Au creux de la journée hier, les bourses de par le monde accusaient une baisse moyenne d'au moins 45% par rapport à leur sommet des 52 dernières semaines.

En l'espace d'une année, la capitalisation mondiale de la bourse s'est ainsi dépréciée d'au moins 25 000 milliards de dollars US. Et on ne sait pas encore si le pire est passé!

Comment expliquer cette destruction massive de la Bourse? Je crois que les investisseurs ont totalement perdu confiance. Les gros comme les petits.

Comment peut-il en être autrement quand on constate que cette fabuleuse crise bancaire mondiale a été créée de toutes pièces par les plus grands financiers de la planète, à savoir des grandes banques d'affaires et maisons de courtage, des gros fonds institutionnels et des caisses de retraite?

Comment peut-on continuer de faire confiance aux prévisions des stratèges et analystes des maisons de courtage alors que leurs institutions sont en grande partie responsables du gâchis?

Comment peut-on leur donner de la crédibilité alors que leurs institutions nagent en constante situation de conflit d'intérêts et ce, avec la bénédiction des organismes de surveillance des marchés financiers, telles l'Autorité des marchés financiers du Québec, la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (et des autres provinces), la SEC (Security and Exchange Commission), etc?

Des exemples de conflits d'intérêts avec les maisons de courtage?

1- Les analystes recommandent régulièrement des titres que leurs firmes de courtage détiennent dans leurs propres portefeuilles.

2- Les maisons de courtage sont constamment actives sur le marché boursier en achetant et vendant des titres pour leur propre compte, des titres qui font l'objet de recommandations.

3- Les maisons de courtage agissent à titre de conseiller, agent fiscal ou preneur ferme de plusieurs sociétés qui font l'objet de recommandations de la part de ses analystes. Évidemment, elles sont rémunérées pour ces services aux entreprises inscrites en Bourse.

4- Les maisons de courtage prêtent aux vendeurs à découvert les titres détenus dans les portefeuilles de leurs clients, contribuant ainsi à faire tomber le cours des actions. Autrement dit, les maisons de courtage se font rémunérer pour permettre à des spéculateurs de jouer contre leurs propres clients.

5- Les dirigeants et administrateurs des institutions qui contrôlent les maisons de courtage sont reconnus comme étant des initiés fort actifs du côté des vendeurs: ils passent régulièrement à la caisse en liquidant des blocs d'actions de leurs institutions financières respectives, contribuant ainsi à la chute boursière. Ils liquident pendant que leurs analystes font des recommandations.

Regardons dans notre cour

Entre le creux d'hier et le sommet de juin dernier, la Bourse canadienne s'est dégonflée d'au moins 920 milliards de dollars. C'est autant d'argent perdu par les actionnaires des entreprises canadiennes que par les détenteurs de part des fonds d'actions canadiennes et des fonds équilibrés.

Au Canada, les plus grandes maisons de courtage et les plus gros communs de placement appartiennent aux six grandes banques canadiennes.

Alors que les représentants en fonds communs de placement recommandent pour la plupart aux détenteurs des parts de fonds d'actions de rester passifs devant les hausses et baisses marquées de la Bourse, les dirigeants et administrateurs des banques, eux, ne se gênent pas pour réduire leurs positions dans les titres bancaires.

À preuve, j'ai vérifié l'ensemble des transactions que les initiés des six grandes Banques canadiennes ont effectuées depuis le début de l'année sur leurs titres.

Résultat: quelque 154 dirigeants et administrateurs sont passés à la caisse en liquidant une partie des actions qu'ils détiennent de leur institution bancaire respective.

Ces initiés vendeurs se sont partagé une recette globale de 109 millions.

Comme je le rapportais lundi dernier, au cours du seul mois de septembre, une soixantaine d'initiés avaient liquidé des actions de leurs banques pour une valeur de 55 millions de dollars.

Voici le décompte des transactions de vente par institution bancaire, avec, entre les parenthèses, le nombre de dirigeants et administrateurs qui ont vendu depuis le début de l'année 2008.

> Banque Royale: 36,7 millions$ (47)

> Banque de Montréal: 18,3 millions$ (22)

> Banque Scotia: 22,7 millions$ (36)

> Banque Nationale: 16,2 millions$ (9)

> Banque T-D: 10,8 millions$ (16)

> Banque CIBC: 4,3 millions$ (24)

Les titres des six banques canadiennes ont perdu depuis un an 33% de leur valeur. Les actionnaires ont vu la capitalisation boursière de leurs actions fondre de 89 milliards de dollars en l'espace de 12 mois.

Que les 154 banquiers vendeurs prennent un petit verre à la santé de leurs actionnaires!