La semaine dernière, les médias ne savaient plus quels superlatifs utiliser pour décrire la descente aux enfers des marchés boursiers. La débarque est de taille, c'est vrai.

La semaine dernière, les médias ne savaient plus quels superlatifs utiliser pour décrire la descente aux enfers des marchés boursiers. La débarque est de taille, c'est vrai.

Mais, même si, comme beaucoup d'entre vous chers lecteurs, je compte sur mon portefeuille boursier pour adoucir mes vieux jours, je n'ai pas peur. Je ne suis même pas inquiet.

J'ai fait mes premiers pas sur le marché boursier il y a près de 30 ans. C'est dire que mon portefeuille a traversé la récession de 1981-1982, le lundi noir d'octobre 1987, la récession de 1990-1991, l'éclatement de la bulle techno, les attentats du 11 septembre 2001 et l'été meurtrier de 2002.

Il a vécu tout cela, mon portefeuille, et il a survécu, et il a continué de prospérer. Et cela n'a rien d'exceptionnel. À chaque crise boursière, ceux qui perdent sont ceux qui paniquent. Un des plus vieux (et plus sages) principes de placement est de ne jamais quitter le marché en catastrophe, surtout en période de turbulences. C'est la meilleure façon de perdre de l'argent.

À l'inverse, ceux qui ont la patience d'attendre ont de bonnes chances d'être récompensés. Évidemment, ce n'est pas agréable de voir son actif fondre comme neige au soleil, mais tant que vous ne vendez pas, vous ne perdez rien. Patience et longueur de temps font mieux que force ni que rage, disait Jean de La Fontaine; la maxime s'adapte parfaitement à l'univers du placement. Cela ne veut surtout pas dire de s'attacher à ses titres: il faut aussi savoir vendre, surtout quand les profits sont au rendez-vous.

Cela dit, l'histoire des 30 dernières années montre clairement que la patience est souvent récompensée plus rapidement que l'on pense.

Voyons plutôt:

> Tous ceux qui ont vécu la terrible récession de 1981-1982 s'en souviennent: les journaux ne parlaient que de fermetures d'usines, pertes d'emplois, avalanche de faillites personnelles. À la Bourse, ce fut la pire année depuis la Grande Dépression. En 1982, l'indice de la Bourse de Toronto a dégringolé de 24%. Ainsi, un portefeuille valant 10 000$ à la fin de 1981 ne valait plus que 7400$ un an plus tard. En 1983, les aubaines étaient tellement nombreuses et alléchantes que le marché a repris tout le terrain perdu. Le même portefeuille, en 1983, valait 10 968$. Et seulement deux ans plus tard, en 1985, 12 572$. Tous ces chiffres sont calculés à partir de l'évolution de l'indice de Toronto. Apprécions l'ampleur des pertes de l'investisseur qui aurait tout vendu au pire de la crise.

> Le krach du lundi 19 octobre 1987 a été d'une brutalité inouïe. En une seule journée, le Dow Jones a perdu 23% de sa valeur. Le choc a été moins violent au Canada (pertes de 12% à Toronto). L'investisseur qui a sagement laissé passer la crise n'a eu qu'à s'en féliciter: il n'a fallu que deux mois pour récupérer le terrain perdu. En fait, on l'a peut-être oublié, mais l'indice de Toronto, malgré le krach d'octobre, a terminé l'année 1987 en hausse de 19%! Je me souviens très bien de ce 19 octobre: j'ai appelé mon courtier. Pas pour vendre. Pour acheter.

> Le début des années 90 sera marqué par une longue période de morosité: récession qui n'en finit plus, profits des entreprises à la baisse, crise des finances publiques. La Bourse n'a pas échappé à cette lourde ambiance. Un portefeuille de 10 000$ en 1990 ne valait que 10 140$ l'année suivante, et 9947$ en 1992. Pas fort. Et puis, la reprise: 11 406$ en 1993, 12 123$ l'année suivante et, tenez-vous bien, 28 085$ six ans plus tard, en 2000. Patience et longueur de temps...

> À partir de 2000, les nerfs des investisseurs vont être mis à rude épreuve. En mars 2000, c'est l'éclatement de la bulle techno. Heureusement, le dégonflage de la bulle va durer jusqu'en octobre, de sorte que les investisseurs prévoyants ont eu tout le temps voulu pour retirer leurs billes à temps, avec profits. En septembre 2001, les attentats du 11 septembre ont alimenté un fort courant de panique sur les marchés boursiers. L'été suivant, l'affaire Enron et les autres scandale financiers ont littéralement torpillé le niveau de confiance des investisseurs. Les marchés boursiers ont subi les contrecoups de tout cela. Un portefeuille de 10 000$ en 2000 avait chuté à 7454$ en 2003. Ceux qui ont eu la patience d'attendre l'ont vu remonter à 10 577$ deux ans plus tard et 12 574$ en 2006.

Certes, la crise actuelle est plus grave que tout ce que nous venons de voir. N'empêche: je ne suis pas inquiet parce qu'inévitablement, les chercheurs d'aubaines reviendront sur le marché. Personne ne peut prédire combien de temps il faudra pour combler les pertes des dernières semaines: six mois, un an, trois ans? Aucune idée. Mais cela arrivera aussi sûrement que le soleil se lève tous les matins.