Je reçois ces temps-ci beaucoup de courriels de gens qui ont acheté des billets boursiers garantis à 100% par des institutions financières qui sont aux prises avec la crise du papier commercial adossé aux subprimes américains, c'est-à-dire les hypothèques à haut risque.

Je reçois ces temps-ci beaucoup de courriels de gens qui ont acheté des billets boursiers garantis à 100% par des institutions financières qui sont aux prises avec la crise du papier commercial adossé aux subprimes américains, c'est-à-dire les hypothèques à haut risque.

Les lecteurs se demandent ce qu'une telle garantie peut bien valoir si l'institution venait à déclarer faillite.

Au Québec seulement, il y a eu pour plus de 5 milliards de dollars de billets boursiers vendus au cours des cinq dernières années.

Prenons le cas de madame M.P., retraitée. "En juillet 2005, j'ai investi 10 000$ dans un billet à capital protégé optimisation indicielle d'OpenSky Capital, dont le capital est protégé à 100% par Citibank Canada. Je me pose maintenant de sérieuses questions quant à l'implication de Citibank dans ces billets vu les problèmes actuels de Citibank. Après avoir relu le prospectus, je n'arrive toujours pas à comprendre où cet argent est investi. Jusqu'à présent, le rendement est légèrement plus élevé qu'un CPG (certificat de placement garanti). Qu'arriverait-il de mon capital si j'encaissais maintenant?"

Un autre cas. Monsieur D.V. se questionne quant à lui sur la solidité de son placement dans le Billet optimisation Blue Chip. "Dans quelle mesure le capital investi dans ces Blue Chip est-il garanti à 100% dans le cas où la Citigroup ferait faillite?"

La même question se pose aussi pour toutes les autres institutions bancaires qui ont garanti des émissions de billets boursiers, telles la Société Générale, HSBC, BNP Paribas, Banque Nationale, BMO Banque de Montréal, JP Morgan, etc.

Pour faire le point sur la fameuse "protection du capital à 100%", j'en ai discuté avec Serge Fecteau, vice-président Produits structurés, chez OpenSky Capital, l'une des firmes les plus actives dans la structuration et la distribution d'émissions de billets boursiers à capital protégé.

"Certains clients, dit-il, se demandent même si la garantie pourrait disparaître!"

"Les billets structurés que nous avons vendus, explique M. Fecteau, sont des engagements de payer (selon la formule prévue à l'échéance) de premier rang de l'émetteur, au même niveau que le passif lié aux dépôts, ou si vous préférez les certificats de dépôt. Dans le cas de la Société Générale du Canada et de Citibank Canada, l'engagement de payer de la filiale canadienne est cautionné par la société mère de Paris, pour la Société Générale, et de New York, pour Citibank."

Malheureusement, si les institutions faisaient faillite, il est évident que les investisseurs pourraient subir des pertes. "Mais, s'empresse d'ajouter M. Fecteau, dans les deux cas concernés, la Société Générale et Citibank, on est loin de cela puisque les billets sont tous les deux encore cotés AA par les grandes agences de crédit. Dans le pire des cas, une recapitalisation ou une restructuration quelconque aurait lieu. Et contrairement aux détenteurs d'actions, les porteurs de billets auraient sûrement droit à une bonne partie de leur capital, quoique le tout serait immensément complexe étant donné la taille de ces institutions."

Dans le cas des institutions canadiennes qui ont émis des cautions de billets boursiers, comme la Banque Nationale et la Banque de Montréal, la protection du capital dépend strictement de la solidité financière respective de chaque institution. Leurs billets boursiers sont protégés par l'institution elle-même, et non l'assurance-dépôt.

Oubliez également la protection offerte par le Fonds canadien de protection des épargnants, lequel fonds protège notamment les clients contre la faillite des maisons de courtage

Attention. La protection du capital des billets boursiers n'entre en vigueur qu'à l'échéance dudit billet. Les billets revendus sur le marché secondaire sont tributaires du prix de rachat à escompte qu'offrent les institutions.

Maintenant, voici quelques données financières sur plusieurs grandes institutions qui cautionnent des billets boursiers. Comme vous allez le constater, elles ont de vastes actifs pour se protéger.

La Banque HSBC Canada est une filiale indirecte en propriété exclusive de HSBC Holdings plc, dont les actifs s'élèvent à quelque 2349 milliards US.

Banque J.P. Morgan Canada est pour sa part une filiale en propriété exclusive de la JPMorgan Chase Bank, elle-même filiale en propriété exclusive de J.P. Morgan Chase&Co. Actifs: 1560 milliard US.

Citibank Canada fait partie du conglomérat américain Citigroup, dont les actifs atteignent 2188 milliards US.

Pour sa part, la Société Générale (Canada) appartient au groupe financier français Société Générale, dont les actifs dépassent la barre des 1500 milliards US.

BNP Paribas (Canada) est propriété exclusive du groupe français BNP Paribas, société mère du groupe de sociétés BNP Paribas. Actifs: 2490 milliards US.

La BMO Banque de Montréal dispose d'un actif de quelque 380 milliards US tandis que la Banque Nationale du Canada détient un actif de 117 milliards$US.

Concernant maintenant les CPG boursiers (indiciels, gestion active, etc.) d'un terme de cinq ans ou moins qui sont émis par les banques canadiennes et les caisses Desjardins, ils bénéficient, eux, de la protection de l'assurance-dépôt. Comme on sait, l'assurance-dépôt protège les dépôts des clients des banques et caisses jusqu'à hauteur de 10 0000$, en cas de faillite de l'institution financière.