Le volet cinéma du festival Pop Montréal s'enrichit chaque année. Samedi soir, il y aura un visionnement à l'Université Concordia du film culte Empire Records, sorti en 1995, suivi d'une discussion avec le réalisateur Allan Moyle, à qui nous avons parlé. Voici trois choses méconnues de son classique du cinéma adolescent.

Un réalisateur de... Shawinigan

On doit à Allan Moyle deux classiques hollywoodiens des années 90 qualifiés en anglais de films coming of age - que l'on pourrait traduire par «passage à l'âge adulte» - où la musique joue un rôle central. Moyle a réalisé Pump Up the Volume, sorti en 1990, qui mettait en vedette le ténébreux Christian Slater. Cinq ans plus tard, il a tourné Empire Records, qui a fait connaître Liv Tyler et Renée Zellweger. Le film racontait les tribulations d'une bande de jeunes qui travaillent chez un disquaire indépendant menacé d'être racheté par un géant.

Or, saviez-vous qu'Allan Moyle est né à Shawinigan? «C'est un secret! lance-t-il. J'ai grandi dans le cadre normal d'une petite ville. Mes parents étaient à moitié américains. Tous les étés, j'allais faire des camps de théâtre dans l'État du New Hampshire.»

Plus tard, il a vite abandonné des études en théâtre à l'Université McGill pour passer du temps à New York avant de revenir à Montréal. Moyle a notamment coscénarisé les docufictions Montreal Main et The Rubber Gun. «Une période fantastique! relate-t-il. C'étaient des films à très petit budget faits avec nos amis grâce auxquels nous avons voyagé dans des festivals de films partout dans le monde.»

Un flop avant de devenir culte

À sa sortie en salle en octobre 1995, Empire Records a fait piètre figure au box-office. Comme Pump Up the Volume, par ailleurs, souligne Allan Moyle. «Les studios ont abandonné les films. J'étais choqué.»

Empire Records n'est resté à l'affiche que deux semaines avec un maigre box-office américain de 250 000 $. Mais comment est-il devenu culte? «Grâce au bouche-à-oreille», affirme son réalisateur.

C'est aussi grâce à l'âge d'or des cassettes VHS et de la génération d'adolescents qui ont passé des journées pédagogiques à relouer les mêmes films dans le sous-sol. «J'aime quand des gens me disent que mon film les a aidés durant leur adolescence.»

Il faut aussi rappeler le succès de la bande originale d'Empire Records avec des chansons de Gin Blossoms, The Cranberries et Better Than Ezra.

PHOTO TIRÉE D'IMDB

Le réalisateur Allan Moyle

Sans Angelina Jolie?

La rumeur court sur le web qu'Angelina Jolie devait avoir le rôle de l'adolescente déprimée Deb, finalement incarnée par l'actrice Robin Tunney. Vrai ou faux? «Elle a auditionné, mais elle n'était pas dans nos choix finaux», tranche Allan Moyle.

Est-ce vrai que le réalisateur a dû couper au montage un long dialogue sur le groupe The Shaggs? Et une analyse de l'oeuvre d'Eric Clapton en format vinyle? «C'était la meilleure scène du fil », lance-t-il.

«On a coupé le film de façon atroce! Je vais vous dire la vérité... Les disquaires étaient des fumeurs de marijuana. Or, à l'époque, les propriétaires de studios de cinéma étaient sur la cocaïne. Deux cultures complètement différentes!»

Aujourd'hui, Allan Moyle vit dans le quartier de Venice, à Los Angeles. Avec Donald Trump à la présidence américaine, il dit se sentir plus canadien que jamais.

«On m'a demandé de faire des remakes de Pump Up the Volume et Empire Records, souligne le réalisateur. Mais les magasins de disques n'existent plus et c'est une époque révolue.»

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La projection d'Empire Records a lieu ce soir, à 19 h, dans la salle J.A. de Sève de l'Université Concordia.

PHOTO TIRÉE D'IMDB

Liv Tyler et Renée Zellweger, dans Empire Records