Peyton Reed a officiellement fait son entrée dans l'univers de Marvel il y a trois ans en réalisant Ant-Man, mais son intérêt pour la série remonte à bien plus loin. En entrevue à La Presse, il rappelle avoir « failli » être à la barre de Fantastic Four en 2005.

« J'avais travaillé sur ce film-là pendant un an, rappelle-t-il. C'est dire que je connais Kevin Feige [producteur et grand manitou de la série] depuis longtemps. J'ai toujours voulu m'attaquer à ce genre de film parce que je suis moi-même un grand fan des bandes dessinées et que je connaissais déjà très bien cet univers. Quand j'ai su qu'ils cherchaient un réalisateur pour Ant-Man, j'ai préparé un pitch, qui a été bien accueilli apparemment, mais ils m'ont prévenu que l'échéancier serait complètement fou. J'ai aussi pris la chance de dire ce que je pensais vraiment de leur scénario, dans lequel il y avait de bonnes choses, mais aussi de moins bonnes. Ils m'ont embauché quand même ! »

Sans atteindre un succès de l'ampleur de celui de Black Panther ou des Avengers, Ant-Man a néanmoins été très honorablement accueilli, notamment grâce à l'approche plus humoristique qu'avait empruntée le réalisateur. Dans Ant-Man and the Wasp, un film qui met aussi en valeur une superhéroïne, Peyton Reed a voulu tirer davantage parti de cet aspect, tout en misant aussi sur un cadre plus réaliste. La ville de San Francisco est pratiquement ici un personnage à part entière.

« Quand on reprend du service pour une suite, on aborde forcément le tout avec plus de confiance, fort d'une expérience déjà vécue, explique-t-il. On nous a donné l'entière liberté sur le plan créatif pour être encore plus fou, plus drôle et plus complexe sur le plan technique. Quand tu tournes un film Marvel, il s'adonne que tu es entouré des plus belles pointures de la profession et des plus grands spécialistes du domaine. Cela veut dire que tu peux arriver avec les idées les plus folles, et les gens autour ont le talent de les matérialiser très rapidement, sur une très grande échelle. » 

« La mécanique est tellement bien huilée dans cet univers que tu peux prendre toute la latitude pour t'amuser. Pour un cinéaste, c'est très libérateur ! »

- Le réalisateur Peyton Reed

Va pour la liberté et le plaisir, mais qu'en est-il de la pression ? Chaque film de l'univers cinématographique Marvel fait l'objet en amont de multiples rumeurs, est scruté à la loupe une fois à l'affiche, et le moindre faux pas peut vous valoir une volée de bois vert.

« Bah ! Je vis très bien avec ça ! affirme Peyton Reed. Je dirais que, d'abord, je dois faire preuve d'autodiscipline afin de ne rien révéler qui pourrait gâcher le plaisir du spectateur. Je tiens à ce que leur sens de la découverte soit intact. J'aime aussi beaucoup la passion qu'affichent les fans de la série. Ils s'investissent beaucoup dans cet univers et le prennent très au sérieux. Je comprends très bien leur fougue, car j'ai déjà moi-même été l'un d'eux ! »

RIEN DE SURPRENANT À CE SUCCÈS

Ant-Man and the Wasp est le 20e film de l'univers cinématographique Marvel, amorcé il y a 10 ans avec Iron Man, le 8e de la phase III (qui en compte 10 en tout), et le troisième à prendre l'affiche en 2018 (après Black Panther et Avengers : Infinity War). Malgré cette incroyable fréquence, la popularité de ces films ne semble pas vouloir diminuer, bien au contraire. Aux yeux de Peyton Reed, ce succès phénoménal n'a rien de surprenant.

« Les bandes dessinées Marvel existent depuis les années 60 et font partie de notre culture populaire depuis très longtemps. Elles ont même construit une sorte de mythologie. »

- Peyton Reed

« Aujourd'hui, la technologie qu'on retrouve au cinéma permet aux films d'être à la hauteur de ces histoires. Marvel a trouvé une manière de les raconter qui fait en sorte qu'elles sont différentes d'une fois à l'autre. On tire également profit de la grande variété de personnages que ces histoires contiennent, d'une très grande richesse. Kevin Feige a aussi eu l'instinct de distinguer le cinéma de la bande dessinée, deux modes d'expression très différents. Même dans les films plus dramatiques, on trouve toujours des éléments comiques. »

Né d'un père cinéphile, propriétaire d'une caméra super 16 dès l'âge de 13 ans, Peyton Reed a pu apprendre les codes et la grammaire du cinéma très rapidement. Dans son patelin de la Caroline du Nord, il n'aurait cependant jamais cru en faire son métier un jour.

« C'est au moment où j'ai été embauché à titre d'assistant pour un film dont le tournage avait lieu pas loin de chez moi que j'ai commencé à penser que, peut-être, je pourrais gagner ma vie comme ça. À cette époque, réaliser un film comme Ant-Man, et maintenant Ant-Man and the Wasp, relevait d'un fantasme inaccessible. »

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Ant-Man and the Wasp (Ant-Man et la Guêpe en version française) prendra l'affiche le 6 juillet.

Les frais de voyage ont été payés par Disney Pictures.

image fournie par Disney Pictures

Evangeline Lilly (La Guêpe) et Paul Rudd (Ant-Man) dans le film Ant-Man and the Wasp

Photo Valérie Macon, Agence France-Presse

Né d'un père cinéphile, propriétaire d'une caméra super 16 dès l'âge de 13 ans, Peyton Reed a pu apprendre les codes et la grammaire du cinéma très rapidement.

Ils et elles ont dit

Quelques propos tenus lors d'une conférence de presse organisée la semaine dernière à Pasadena

Paul Rudd

En plus d'incarner Scott Lang et de se glisser dans le costume d'Ant-Man, Paul Rudd a participé à l'écriture du scénario et des dialogues.

« J'essaie toujours d'envisager le film dans son ensemble, et je pense à tous les personnages. Cela est l'oeuvre d'un effort collectif comme je n'en avais jamais vu auparavant, et croire que j'ai écrit le scénario serait une grossière erreur ! Le mérite revient surtout à Erik Sommers et à Chris McKenna ! »

Evangeline Lilly

La Guêpe, c'est elle. En fait, Hope Van Dyne enfile le costume que lui a confectionné son père et se rend avec Ant-Man dans le Quantum Realm, une dimension microscopique dans laquelle serait coincée sa mère Janet (Michelle Pfeiffer) depuis 30 ans.

« Au début, Hope devait faire une apparition dans Captain America : Civil War. Je ne l'ai pas exprimé à l'époque, mais je trouvais dommage que le personnage ne soit pas mis davantage en valeur. Puis, on m'a appelée pour m'annoncer qu'ils voulaient mettre une superhéroïne au centre de l'histoire d'Ant-Man, plutôt que de la voir dans Captain America. Ce personnage était mûr. C'est ce qu'elle a attendu toute sa vie ! »

Laurence Fishburne

L'acteur incarne le docteur Bill Foster, un scientifique qui maîtrise la même technique que Henry Pym, le père de la Guêpe.

« Je lis les bandes dessinées depuis l'âge de 8 ans et je suis resté fan toute ma vie. Sur le plateau de Blackish [une émission du réseau ABC], j'ai réalisé que nous étions sur le terrain de Marvel. Je me suis dit que je devais aller voir et demander : "Hé ! Que faut-il faire pour être dans l'un de vos films ?" Ils ont été assez gentils de me répondre : "On va y penser, Fish !" »

Michael Douglas

Le vétéran reprend son rôle du scientifique Henry Pym. Dans certaines scènes, il apparaît rajeuni de 30 ans, en compagnie de sa femme Janet, interprétée par Michelle Pfeiffer.

« Je paraissais bien, quand même ! J'étais déjà conquis à l'idée de reprendre le rôle, mais quand j'ai su que Michelle Pfeiffer allait être ma partenaire, ce fut pour moi l'extase. Je n'avais encore jamais eu l'occasion de travailler avec elle. Et puis, j'ai appris qu'on allait aussi me rajeunir de 30 ans ! »

Kevin Feige

Producteur et grand manitou de l'univers cinématographique Marvel, il est celui qui tire toutes les ficelles. Ant-Man and the Wasp est à la fois une suite d'Ant-Man et de Captain America : Civil War.

« Nous ne pouvions pas faire comme s'il n'était rien arrivé à Scott Lang dans Captain America : Civil War. Il y a des ramifications avec les Accords de Sokovia, et Scott est maintenant assigné à résidence. Cela nous a donné un bon point de départ. Peyton a aussi mis plusieurs choses dans ce film, mais il reste à voir comment on les utilisera à court ou à moyen terme ! »